Hidden 2 – Seth Pinsker
Hidden 2. 1994Origine : Etats-Unis
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Pour la New Line, 1994 n’est pas que l’année de la résurrection de Freddy Krueger. C’est aussi l’année où la firme se décida à produire une séquelle au Hidden de Jack Sholder, dont la réputation restait préservée. Aucun des concepteurs du premier film n’étant impliqué, l’appel d’offre fut lancé, et c’est Seth Pinsker qui fut choisi sur la base de son scénario. Nominé aux Oscars 1978 pour son court-métrage Strange Fruit traitant de l’épineux sujet du racisme, le réalisateur scénariste n’avait plus fait grand chose d’autre depuis. On peut même dire qu’il n’avait rien fait, puisque Hidden 2 est son premier long-métrage… Conçue pour sortir directement sur le marché de la vidéo, cette séquelle tardive dirigée par un éternel débutant aux prétentions sociologiques laminées ne fut de toute évidence mise en chantier que pour engranger un maximum d’argent, loin des faveurs accordées au come-back du père Krueger qui pendant ce temps-là attirait à lui les dollars d’une firme qui n’avait pas encore produit Le Seigneur des Anneaux. Tout seul dans son coin, comme un pauvre malheureux, Seth Pinsker allait devoir se débrouiller pour tirer le meilleur d’un budget minime. Mais après tout, il signa en connaissance de cause, et si son scénario fut retenu par la New Line, c’est aussi en fonction du critère budgétaire qu’il le doit. Et au vu du résultat, on peut deviner que ça économisait sec…
Après un inutile message extra-terrestre publié sur un système MS-DOS, le film commence avec le quart d’heure qui servait de dénouement à Hidden premier du nom. L’agent extra-terrestre Lloyd Gallagher réussit à faire sortir son ennemi stellaire du corps d’un futur candidat aux présidentielles, ce qui lui permet de faire exploser la bête. Plus tard, entre la vie et la mort, son collègue humain le sergent Tom Beck est sauvé par le même Gallagher, qui se sacrifie. En réalité, Beck est le nouveau réceptacle du gentil extra-terrestre, qui n’a aucun moyen de rentrer chez lui et qui se destine donc à servir de guetteur au cas où l’alien belliqueux referait son apparition. Brillante idée, puisque quelques plans rajoutés au film de Sholder nous informent qu’un chien a mangé les résidus de la créature explosée. L’inconscient canidé s’en est alors allé dans une usine désaffectée, où son parasite refit surface (avec un effet spécial piqué à The Thing), se démultipliant et entrant en hibernation pendant 15 ans, jusqu’au moment où Beck retrouve sa trace. Il parvint à détruire quelques spécimens mais il finit tout de même par y laisser sa peau avant d’avoir accompli sa mission. Fâcheux, puisque l’usine va bientôt accueillir une rave-party… Heureusement qu’un nouveau gentil extra-terrestre répondant au nom de MacLachlan (quel hommage discret !) est venu sur Terre pour voir ce qu’il se passait ! Allié à Juliet, la fille de Beck qui a bien grandi, il va recommencer sa chasse au parasite. Premier objectif : découvrir l’homme possédé par la bête…
Hidden II est avant tout un démontage en règle de Hidden. Plus rien de ce qui faisait le charme du grand prix d’Avoriaz 1988 n’a été préservé. En cherchant à se démarquer autant de son prédécesseur, Seth Pinsker prenait un chemin dangereux… Il a finalement fait plus que cela : il a tendu le bâton pour se faire battre. La parodie de buddy movie n’existe plus et se transforme en une pitoyable romance plus ou moins inspirée par celle de Starman voire de Terminator. Si ce n’est pour une scène de repas, seul écho -dispensable- à Hidden, le MacLachlan qui sert de gentil extra-terrestre est un gars courageux, qui a toujours réponse à tout. N’eut-elle été orpheline, Juliet Beck aurait pu être fière de présenter à ses parents celui qui a tout du gendre idéal, allure de minet incluse. Le comportement d’ahuri de l’agent Gallagher ne peut pas être plus éloigné du personnage campé par Rafael Sbarge, un Kyle Reese bas de gamme. Juliet elle-même n’est donc pas comme son père, qui ne comprenait rien à ce qu’il était en train de vivre. Elle est la femme à protéger, celle qui commence par avoir bien du mal à croire en cette histoire d’extra-terrestre avant d’être convaincue, puis séduite, avant bien sûr de finir au lit avec son protecteur. N’ayant aucun rôle à jouer dans cette affaire (à la différence des femmes de Terminator ou de Starman), elle est tout simplement une potiche, que Seth Pinsker ne cherche même pas à rendre sexy.
Il ne faut pas non plus compter sur l’action, dont Hidden II est totalement dépourvu. Non seulement il n’y a plus de course poursuites ou de fusillades à grande ampleur, mais en plus la traque de l’extra-terrestre se fait avec un minimalisme consternant. Là où Jack Sholder développait son film en pleine lumière, se déplaçant dans les grandes artères de Los Angeles, Seth Pinsker prend pour cadre une usine excentrée qu’il ne quitte pratiquement jamais. En sédentarisant son histoire, le réalisateur passe à côté de la démesure rythmée de Hidden et construit un film ennuyeux au possible, dominé en plus par une photographie très sombre et franchement très pénible. Cet attachement aux ténèbres est la traduction logique d’un parti pris qui se cantonne aux milieux marginaux : quelques punks et un clochard forment l’essentiel des hôtes investis par le parasite. Il n’y a plus cette allégorie de l’attitude yuppie qui caractérisait les victimes du premier film, toutes libérées de leurs inhibitions par un extra-terrestre dont le but n’était finalement que de prendre du bon temps dans cette société de flambeurs. Pinsker n’est pas intéressé par la satire, ses victimes évoluent en dehors du système et son alien a cette fois un but précis : conquérir le monde ! Heureusement que le très propret couple Juliet – MacLachlan (quelle honte d’humilier un sympathique comédien de la sorte) veille au grain… De là à croire que le danger vient des exclus, il n’y a qu’un pas. Laid, con, chiant, vaguement réac, Hidden II est bien le contrepied parfait de Hidden.