CinémaComédie

Flirting Scholar – Lee Lik-Chee

flirtingscholar

Tang Bohu dian Qiuxiang. 1993

Origine : Hong Kong 
Genre : Comédie 
Réalisation : Lee Lik-Chee 
Avec : Stephen Chow, Gong Li, Nat Chan, Gordon Liu…

Tong Pak Fu est un artiste accompli, aussi doué en peinture qu’en poésie, beau, riche, intelligent et drôle. Qui plus est, il a huit superbes épouses et c’est donc le plus heureux des hommes. Enfin… ça, c’est ce que tout le monde pense, et notamment ses amis proches avec lesquels il forme le groupe des quatre érudits. Mais la réalité est toute autre. Ses huit femmes sont insupportables, joueuses, querelleuses, braillardes et elles ne témoignent d’aucun respect envers son travail. Tong Pak Fu est donc très entouré mais Tong Pak Fu est seul… La polygamie, c’est pas une vie…
Alors qu’il rêve de rencontrer LA femme de sa vie, l’unique, celle qui saura enfin lui donner cet amour qui lui manque tant, il croise celle dont il tombe éperdument amoureux : Chou Heung, l’une des servantes les plus proches de Madame Wah. Mais cette dernière, une femme noble, fière et qui fut l’ancienne fiancée éconduite de son père voue la famille Fu aux gémonies… Pour arriver à séduire Chou Heung, Tong Pak Fu doit donc ruser et il se fait embaucher comme homme à tout faire sous un pseudonyme dans la maison de la famille Wah. Il tente de séduire Chou Heung sous sa fausse identité mais elle, secrètement, ne rêve que de rencontrer celui dont les écrits la font vibrer : Tong Pak Fu…

Comme à leur habitude (ou à ce qui le deviendra), Lee Lik-Chee et Stephen Chow se sont associés pour nous donner à voir un spectacle comique, mélange d’absurde, de burlesque, et de dialogues savoureux (enfin, je suppose, n’étant pas bilingue en cantonais ni en mandarin et les sous-titres étant en anglais, il a pu arriver que certaines subtilités m’échappent, notamment lors des joutes oratoires qui tournaient aux duels verbaux débités à la mitraillette…), le tout mâtiné de combats spectaculaires dignes des meilleures productions kung fu.

Et si la pauvreté qui frappe le peuple, parfois immense, est montrée dans plusieurs séquences, tout comme la richesse de la noblesse chinoise, c’est essentiellement comme décor (les belles dames de compagnie venant nourrir les mendiants qui les implorent) ou comme élément de comédie (comme ce concours de misère délirant permettant de se faire embaucher, par exemple). Le film repose en fait sur les épaules de Stephen Chow quasiment toujours à l’écran, imposant son abattage, ses poses ridicules et son jeu excessif visant à déclencher l’hilarité. Et si ça n’est pas vraiment subtil, cela fonctionne le plus souvent, et ce d’un bout à l’autre du métrage, avec une réussite certaine.

Le début propose même une certaine grâce magique et aérienne avec la production d’une œuvre peinte à l’aide du corps d’un de ses amis nu en guise de pinceau vivant (on pourrait presque penser à du Yves Klein), magie du kung fu bien sûr que l’on retrouvera ensuite dans les nombreux combats qui émailleront le film. Bien chorégraphiées (on pense parfois aux kung fu-comedies de Liu Chia Liang), ces querelles virant à la lutte à mort mettent aux prises des adversaires qui font le poids, à commencer par Cheng Pei-Pei, qui fut L’Hirondelle d’or de King Hu (mais tourna aussi notamment pour Lo Wei – L’Ombre du fouet– avant d’incarner, plus récemment, Jade la Hyène pour le Tigre et Dragon d’Ang Lee). Madame Wah retrouve en face d’elle un Gordon Liu particulièrement en forme (et à la filmographie conséquente: La 36ème chambre de Shaolin, Les 8 diagrammes de Wu Lang, Tiger on the beat, Kill Bill …), quand elle n’affronte pas Stephen Chow lui-même.

Le cartoon aussi est présent, avec ses gags visuels à base d’explosion (un effet repris dans Forbidden City Cop, quelques années plus tard, par la même équipe), ses envolées au plafond et ses musiques littéralement décoiffantes… Le comique de répétition également, dont l’originalité ici n’est pas de répéter un même gag au cours du film mais dans plusieurs films successifs ! (l’explosion, donc, mais aussi le travesti au doigt dans le nez !)

L’humour et le kung fu sont donc les deux moteurs de Flirting scholar, greffés sur une trame vaudevillesque alimentée par les quiproquos de rigueur et bien aidés par une distribution à la hauteur. Si l’on regrette l’absence de Ng Man Tat, complice fréquent de Chow, on est agréablement surpris de retrouver là Gong Li, alors plus habituée à des rôles sérieux comme ceux d’Épouses et concubines de Zhang Yimou ou Adieu ma concubine de Chen Kaige. Elle y est en tout cas fort à l’aise et son calme souriant constitue un contrepoint intéressant à la débauche cabotine de son partenaire. On retrouve aussi Vincent Kok qui préfigure un peu le duel de cuistots de God of Cookery en affrontant ici Stephen Chow sur un autre terrain, pseudo-poétique. Enfin, Nat Chan incarne un érudit joueur et raté qui trouvera le plaisir (et nous procurera le nôtre) dans les geôles improvisées de la maison Wah, aux prises avec une nymphomane au physique ingrat.

Lee Lik-Chee et Stephen Chow, dont c’était la deuxième collaboration après The Magnificent Scoundrels en 1991, se retrouveront pour le sympathique Bons baisers de Pékin puis pour l’excellent Forbidden City Cop, entre autres collaborations. La polyvalence étant de mise à Hong Kong, Stephen Chow prendra ensuite de plus en plus de place dans la réalisation de ses films tandis que Lee Lik-Chee poursuivra sa carrière devant et derrière la caméra. Dernier film en date à ce jour, pour ce dernier ? Rien moins que Flirting scholar 2, en 2010…

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