Evil Dead 2 – Sam Raimi
Evil Dead 2 : Dead by Dawn. 1987.Origine : États-Unis
|
Ash emmène sa petite amie pour un séjour romantique dans une cabane perdue au fond des bois. Sur place, ils découvrent un magnétophone qu’ils s’empressent de mettre en marche. Mal leur en prend. Ce qu’ils entendent n’est autre qu’une incantation diabolique destinée à réveiller les forces du mal tapies au fin fond de cette peu avenante forêt. Une très longue nuit, fortement éprouvante, commence pour le pauvre Ash.
Sam Raimi, Robert Tapert et Bruce Campbell ne pouvaient rêver mieux. Produit pour 350 000$ au cours d’un tournage aussi éprouvant qu’interminable (il fut étalé sur 4 ans), Evil Dead a au fil des festivals et grâce à l’explosion du marché de la vidéo glané son statut de film culte. Après l’intermède Mort sur le grill, une sorte de film noir aux élans cartoonesques dont l’élaboration et le tournage n’ont pas laissé un souvenir impérissable à Sam Raimi, il décide de donner une suite à son film séminal. Avec Evil Dead 2, Sam Raimi joue la carte de l’excès à outrance. Il n’est plus tant question d’effrayer le spectateur que de l’éreinter en l’immergeant dans une espèce de tourbillon de l’horreur dont il doit sortir exsangue.
Dès l’entame, une sorte de résumé du premier film resserré sur le seul couple formé par Ash et Linda, Evil Dead 2 s’impose comme un mélange inédit de suite et de remake. Il réécrit l’histoire pour mieux imposer Ash, non plus en héros tragique mais en héros comique. Pour cet épisode, il revêt ses plus beaux habits de clown et se lance dans un one-man show tonitruant. Il n’a même plus besoin d’ennemi puisqu’il est l’ennemi. La contamination du mal se fait tout d’abord parcellaire via sa fidèle main droite. Celle-ci n’hésite pas à jeter par terre des années d’étroite collaboration pour s’acharner sur son propriétaire. Cela donne lieu à des scènes qui ne dépareilleraient pas dans un Laurel et Hardy, Ash se faisant copieusement molester à coups de poing et de jets de vaisselle. Mais trop c’est trop, et Ash prend la douloureuse décision de se séparer de sa main droite, sans pour autant que celle-ci en perde de sa vigueur. A mesure que la nuit se précise, le mal prend entièrement possession du malheureux Ash, donnant naissance à son double maléfique, le bien nommé Evil Ash. De seul espoir pour les rares humains qui ont eu la mauvaise idée de passer dans le coin, Ash acquiert le statut de pire ennemi. Un ennemi des plus sournois car venant de l’intérieur.
A l’image de sa caméra, Sam Raimi se permet toutes les folies et devient un acteur à part entière du récit puisque l’esprit de la forêt n’est nul autre que lui-même. Il ne ménage pas son personnage principal et en fait l’égal d’un Sylvestre, un Tom ou bien un vil Coyote, trois des plus célèbres souffre-douleurs des cartoons de la Warner. Il maltraite son personnage principal autant que son décor, la bicoque se délabrant au fur et à mesure du combat de Ash contre les forces du Mal. A côté de ce personnage haut en couleur, véritable punching-ball humain, les autres protagonistes n’ont que des miettes à se mettre sous la dent. Ils ne servent en réalité qu’à ajouter au calvaire de Ash, ou à permettre à Sam Raimi quelques effets gores de mauvais goût (l’œil d’un démon qui vient se loger dans la bouche de Bobby Joe).
Si le premier Evil Dead pouvait postuler au rang de bon petit film d’horreur à la mise en scène décomplexée et inventive, sa suite ne joue plus du tout dans la même catégorie. Evil Dead 2 n’est jamais terrifiant puisqu’on se rend vite compte qu’il ne pourra rien arriver de fâcheux à Ash. Il a beau être roué de coups, malmené et ridiculisé (tout le mobilier de la maison se fout de sa gueule dans une scène réellement hallucinante !), il se relève toujours voire mieux, il s’élève jusqu’au statut de héros, un héros tragi-comique iconisé dans le dernier plan du film. Une fin ouverte qui annonce des journées toujours plus mouvementées pour l’infortuné Ash dont la malchance n’a d’égale que la stupidité.