Earth vs. the Spider – Bert I. Gordon
Earth vs. the Spider. 1958Origine : États-Unis
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Si l’American International Pictures a fait son beurre sur la prolixité de l’ami Roger Corman, elle ne se résumait pourtant pas à lui seul et à ses œuvres. Parallèlement, d’autres réalisateurs mirent la main à la pâte pour faire de la firme une solide pourvoyeuse de séries B à destination des drive-ins. Parmi eux, l’obsessionnel Bert I. Gordon, expert ès-gigantisme qui dans les années 50 était au pic de sa carrière. L’époque était résolument avide de monstres géants. Gordon aussi, mais si les temps changèrent et que les modes passèrent, lui n’en sortit jamais vraiment et en était encore 20 ans plus tard à orchestrer un Soudain… Les monstres ! à son image : d’un ringard plutôt sympathique. Mais pour l’heure, en 1958, notre homme était encore d’actualité et livrait à l’AIP son quota de gigantisme destiné à finir en double programme (ici le binôme sera tantôt The Brain Eaters et tantôt Le Crâne hurlant). D’ailleurs Gordon trouve le moyen de caser son CV dans Earth vs. the Spider puisqu’à travers un personnage fort opportunément propriétaire d’une salle de cinéma il évoque textuellement The Amazing Colossal Man et Attack of the Puppet People, deux autres productions qu’il bricola pour l’AIP (alors oui, le second nommé traite de miniaturisme au lieu de gigantisme, mais du coup pour de petits personnages l’environnement n’en apparaît que plus démesuré encore).
Vu que c’est bientôt l’anniversaire de sa fille Carol, Mr. Flynn est parti en ville lui dénicher un cadeau. Hélas, sur le chemin du retour, il est victime d’un malheureux accident. Lorsque le matin est venu, toujours pas de Mr. Flynn à la maison. Inquiète, Carol s’en va donc avec son copain Mike refaire le trajet. S’ils retrouvent bien la voiture familiale renversée dans un fossé, il n’y a pas trace de son conducteur. Ils s’engagent alors dans une caverne a proximité et y découvrent le cadavre horriblement desséché du paternel et tombent nez à chélicères avec la responsable du drame : une araignée géante ! Les tourtereaux parviennent à s’échapper et reviennent avec des renforts : le shérif, quelques adjoints et un scientifique, qui réussissent à tuer la bête. Enfin c’est ce qu’ils croient !
Suite au succès de The Fly (La Mouche noire dans nos contrées), Earth vs. the Spider, essayera de se rebaptiser plus simplement The Spider, sans parvenir à véritablement faire adopter sa nouvelle identité. C’eut pourtant été plus approprié, puisque sa dénomination d’origine se montre un peu présomptueuse pour un film qui se déroule la majeure partie du temps dans une caverne en plein champ et qui au mieux voit l’araignée géante se promener quelques minutes dans un anonyme patelin campagnard. L’araignée est certes d’ampleur, mais son cadre d’action ne l’est pas et s’inscrit dans le tout-venant des films de monstres à petits budgets de cette époque -ce qui en soit n’est pas un défaut-, sis dans de petites communautés isolées de tout. C’est qu’il est plus facile de faire croire à la réalité d’une bête hors-norme lorsque celle-ci n’a pas à déambuler dans une mégalopole difficilement reproductible avec des effets spéciaux rudimentaires. Dans le même ordre d’idée, il est plus facile d’interpeler le public des drives-in lorsque celui-ci, composé de vieux ados ou de jeunes adultes, se sent représenté à l’écran par de jeunes gens dégourdis au centre de l’intrigue. Formant un bien beau couple dans lequel monsieur sert de chevalier servant à mademoiselle (laquelle, June Kenney, est par ailleurs une fieffée cormanienne), ils sont les découvreurs, les lanceurs d’alerte et les plus menacés par l’odieuse arachnide. En conséquence de quoi ils ont systématiquement un train d’avance sur leurs aînés sceptiques, sarcastiques et quelque peu paternalistes. Earth vs. the Spider suit à la lettre les conventions sociales de son époque et s’avère sur ce plan quelque peu défraichi. D’autant que Bert I. Gordon commet quelques maladresses qui témoignent d’un criant manque d’intérêt pour ses personnages. C’est le cas notamment pour la réaction face au trépas incongru de Mr. Flynn : passé le choc initial, tout le monde semble avoir oublié le pauvre homme dans les scènes suivantes. Sauf peut-être Carol, puisqu’elle part rechercher le cadeau que son père lui avait acheté. Elle l’avait récupéré dans la voiture retrouvée, mais l’avait malencontreusement laissé tomber dans la caverne de l’araignée en fuyant cette dernière. Et la voilà donc qui retourne là bas avec Mike. Brillante idée s’il en est ! A sa décharge, le bestiau est censé être mort et est exposé dans le gymnase du lycée, où une poignée de reporters peine à rendre hommage à l’incroyable découverte (laquelle recommence à bouger doucement : “contractures musculaires” dit la science) et où quelques trublions rock’n’roll n’hésitent pas à venir répéter en vue d’un prochain concert. Bref, tout cela n’est guère sérieux et constitue un emballage peu solide pour la véritable motivation du réalisateur : l’araignée, sa représentation à l’écran et le danger qu’elle incarne.
Comme bien des séries B des années 50, Earth vs. the Spider a eu droit bien plus tard à la moulinette du Mystery Science Theater 3000, série dans laquelle des personnages facétieux se moquent des films auxquels ils assistent. Plus que son remake de 2001 (lequel s’inscrivait dans le cadre d’un hommage rendu à l’American International Pictures par une filiale de HBO), c’est à cette évocation que le film doit sa (très) relative remise en lumière sous l’angle du “nanar”. Alors qu’il n’en est pas un : si le scénario n’est guère crédible, il n’en est pas pour autant risible. Quant aux effets spéciaux, point sur lequel les films de monstres des années 50 sont la plupart du temps tournés en dérision, ils sont ici plutôt convaincants. Même si quelques “bâtons poilus” représentant les pattes de la bête laissent à désirer, Gordon -également responsable des effets visuels- a recourt le plus souvent à sa sempiternelle méthode de “projection arrière” (en gros, deux images différentes fondues en une seule), complétée à l’occasion par l’usage d’une véritable araignée au milieu de maquettes plus ou moins bien conçues. Evidemment, chaque apparition du monstre a été pensé en fonction du rendu à l’écran, et c’est bien pourquoi le film ne peut se permettre de se dérouler dans un cadre trop urbanisé, mais il n’y a pas lieu de lui reprocher ses effets spéciaux. Aidé par le noir et blanc et par l’impressionnant décor naturel de sa caverne (le parc national des grottes de Carlsbad au Nouveau-Mexique), très expressionniste, il s’en tire avec honneur et intelligence. D’autant qu’il n’hésite pas à dévoiler son araignée, là où d’autres films se montrent plus hésitants, et qu’il ose même à l’occasion se frotter à un proto-gore : des corps desséchés, un bébé ensanglanté en plein milieu d’une rue dévastée, ou encore cette giclée de sang qui conclut l’accident de Mr. Flynn servant de préambule. Des petites touches rares mais qui permettent de souligner la menace alors qu’il n’y a pas l’ombre d’une destruction godzillesque à se mettre sous les yeux. Le seul point où le réalisateur pêche un peu est plutôt à rechercher du côté des effets sonores, avec ce cri d’arachnide ressemblant vaguement à un jappement de chiot qui aurait été mis en écho. Rien de bien rédhibitoire.
Moins fantasque qu’un film de Roger Corman (pensons à son Attaque des crabes géants… et télépathes), moins luxueux qu’une production de gros studio, Earth vs. the Spider n’en est pas moins plutôt plaisant. Les errements de son scénario ne sont en fait que des stratagèmes maladroits pour permettre à Gordon de partir dans telle ou telle direction, le film se divisant en quatre sous-parties : la découverte de la caverne, le retour avec une équipe de choc, l’interlude en ville (morceau le plus “croustillant”), et enfin le dernier retour à la caverne où nos héros iront se mettre en péril alors qu’une mission de sauvetage essaiera de leur venir en aide. Ce qui pour la courte durée du film est bien suffisant pour assurer un spectacle réduit et convenu mais néanmoins de qualité. D’autant qu’il faut bien l’admettre, le manque de sérieux général aide à insuffler un second degré bienvenu correspondant bien à l’image qu’on peut se faire d’un film destiné aux drive-ins.
J’avais vu la version 2001 de Stan Wiston dans la collection Creature Feature qui reprenait des films de monstres des années 50, pour en faire de nouvelles versions réactualisées à notre époque. Même si 2001 aujourd’hui, ça parait loin.
Pour la nouvelle version, on avait pas une grosse araignée mais un mélange de La Mouche de Cronenberg et Spider-man de Sam Raimi, où un jeune homme se transforme peu à peu en une créature arachnide qui garde une vague forme humaine. Le film était pas terrible, assez lent, et il faut attendre la dernière partie pour voir le monstre.
Cela n’a plus grand chose à voir avec le film original. Décrit comme ça, on a plus l’impression d’un film issu des productions Nu Images comme Sharkman ou Mosquitoman.
C’est un peu le niveau, on sent un peu le coté cheap mais il y en a deux qui sorte du lot: she creature et how make a monster.