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Bienvenue à Zombieland – Ruben Fleischer

zombieland-affiche

Zombieland. 2009

Origine : États-Unis
Genre : Infectieux
Réalisateur : Ruben Fleischer
Avec : Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Emma Stone, Abigail Breslin, Amber Heard.

Une nouvelle épidémie de la maladie de la vache folle a pris des proportions gigantesques au point de contaminer l’Homme lui-même. Chaque infecté devient un danger pour les êtres sains puisque mû par une hargne et un appétit sans bornes. En 2 mois, l’Humanité a presque totalement disparu. Dans le chaos ambiant, un jeune homme, surnommé Columbus, se rattache à l’illusoire survie de ses parents et se décide à les rejoindre. En chemin, il croisera la route d’autres rescapés qui, chacun à leur manière, se nourrissent de petits riens pour ne pas perdre la raison.

Au moment où George Romero entamait sa deuxième trilogie des morts-vivants avec Land of the Dead en 2005, cette haute figure du bestiaire fantastique avait déjà grandement perdu de son aspect subversif. Devenu un élément de la pop culture à part entière, le mort-vivant se décline désormais à toutes les sauces et sur tous supports (de la zombie walk aux jeux vidéos en passant par la bande-dessinée), au point même de devenir un élément comique, voire de se trouver au cœur de comédies romantiques. Il en découle une triste banalisation que certaines subtilités (on ne parle plus forcément de morts-vivants mais d’infectés, ils peuvent courir…) ne suffisent à contrebalancer. Avec Bienvenue à Zombieland, Ruben Fleischer se contente de servir la soupe à un public de geeks en conférant à ce monde dévasté des airs de grand parc d’attraction.

Bienvenue à Zombieland joue la carte du road-movie minimaliste. L’épidémie, dont la genèse nous est narrée en voix-off et illustrée durant le générique, ne revêt aucune portée allégorique. Le chaos ainsi généré n’est que le décor de l’émancipation – forcée – d’un geek qui doit sa survie en grande partie à son addiction aux jeux vidéos (au plus fort de l’épidémie, cela faisait 3 semaines qu’il restait cloîtré chez lui, agrippé à sa manette). Sa survie, il l’organise en suivant des règles très strictes qu’il s’édicte à mesure de ses expériences, et qui apparaissent à l’écran en surimpression. En somme, il s’invente un jeu à taille réelle dont la finalité ne serait pas tant de retrouver ses parents en vie – fallacieux prétexte par lequel le personnage se met en mouvement – que de trouver l’âme sœur. Dans ce contexte, les infectés ne constituent que de vagues obstacles assez faciles à contourner ou à éliminer, à plus forte raison lorsque vous disposez à vos côtés d’un expert en la matière. Et ledit expert se nomme Tallahassee. Interprété par un Woody Harrelson en mode Mickey Knox tout public (Tueurs-nés), ce personnage joue les anges-gardiens décontractés, jamais effrayé à l’idée de se frotter aux infectés qu’il maîtrise quelque soit l’ustensile utilisé. C’est un fou furieux qui a compris que pour ne pas perdre la tête dans ce monde déliquescent, il faut savoir relâcher la pression en laissant libre-cours à ses penchants destructeurs. En bon chaperon, il couve du regard les jeunes gens qui l’accompagnent tout en leur dispensant quelques enseignements de son cru comme celui de savoir savourer les petits plaisirs. En l’occurrence, le sien consisterait à se délecter à nouveau d’un Twinkie, sorte de pâtisserie à la crème qu’il recherche de partout tel le Saint Graal. Une quête qui offre un horizon pour le moins limité, et symptomatique d’un scénario qui ne propose aucune perspective à long terme à ses personnages. Le film n’est qu’une errance sans fin ponctuée d’intermèdes récréatifs. A ce titre, Bienvenue à Zombieland apporte une alternative crédible, quoique trop joyeuse, à ce que serait la survie dans un monde dévasté. Notre quatuor de survivants ne cultivent pas le goût du sédentarisme. Leur salut, ils le voient davantage dans le mouvement que dans l’immobilisme. Durant la majeure partie du film, il n’est ainsi jamais question de recommencement ni de lendemains qui chantent. Les personnages se débattent du mieux qu’ils peuvent dans une situation exceptionnelle, conservant pour la plupart des réflexes de leur vie d’avant (les deux sœurs adeptes des entourloupes qui continuent de duper leurs prochains même si ceux-ci tendent à se raréfier). Ils expriment une volonté farouche de rester en vie tout en se gardant bien de nouer des liens trop étroits avec d’autres survivants, d’où l’usage de surnoms entre eux. Dans ce monde dominé par la mort, ils ne veulent plus avoir à pleurer un proche.

Dans son minimalisme, Bienvenue à Zombieland ébauche des pistes intéressantes qu’une approche trop décontractée et grand public rend caduque. En premier lieu, la menace des infectés n’est guère prégnante. Chacun des passages les mettant en scène vise au simple divertissement. Nous ne sommes plus dans un film d’horreur mais dans un film d’action, à l’image du carnage final dans le parc d’attractions qui vaut note d’intention. Ruben Fleischer cherche le frisson facile noyé dans un  salmigondis d’effets de manche pour rendre son film plus attrayant. On sent même poindre avec insistance l’envie de faire « culte ». Le caméo qui intervient à mi-film joue clairement dans ce registre là, entre clin d’œil appuyé aux années 80 et mise en abîme avec la complicité d’un acteur emblématique de cette période. Le traitement désinvolte et semi-parodique de ce passage crée une rupture de ton dont le film ne se relèvera pas, alors même qu’il cherche par ailleurs à ausculter la nature profonde de ses personnages. Or, toute empathie envers eux devient difficile tant leur caractérisation est maladroite. Columbus, le référent du spectateur, est un geek jusqu’à la caricature, puceau et fragile qui saura néanmoins le moment venu faire fi de ses peurs enfantines pour devenir un « héros » et conquérir la belle en détresse. Tallahassee incarne son exact contraire, sûr de lui et brut de décoffrage, mais qui derrière cette façade bas du front cache beaucoup de sensibilité. Quant aux demoiselles, elles ne se définissent que par leur lien familial, leur caractérisation n’allant jamais au-delà de leur statut de sœurs prêtes à tout pour rester ensemble. Les relations entre ces quatre personnages oscillent ainsi systématiquement entre buddy movie et comédie adolescente jusqu’à cette conclusion qui fait part de l’importance d’avoir quelqu’un sur qui compter et pour lequel on compte en retour. Une sorte d’hymne à la fraternité en guise de mot de la fin gentillet pour un film qui ne l’est pas moins.

Sorte de pendant américain de Shaun of the Dead en plus boursouflé, Bienvenue à Zombieland n’est rien moins qu’un nouveau jalon de la déliquescence du cinéma d’horreur actuel, comme incapable de se développer en dehors des modes du moment. Une horreur consensuelle qui pourra toujours divertir les moins regardants et irriter les amateurs d’univers singuliers.

Une réflexion sur “Bienvenue à Zombieland – Ruben Fleischer

  • J’ai vu Shaun of the Dead et je l’ai trouvé assez chiant à regarder, donc si Zombieland est une version boursouflée, pourquoi pas mais au moins j’ai passé un super bon moment avec ce film et sa suite.

    On a une bande qui vit dans un monde empli de Zombies ou Infectés et profite de chaque instant de leurs vies et j’ai apprécié cette approche. Les Zombies ont la particularité d’être fragile physiquement, se décomposant à petit feu, à part leur nombre et l’effet de surprise, ils ne sont pas très menaçants.

    D’où le problème que j’avais avec une série comme The Walking Dead qui est sur la durée, a savoir plusieurs mois, voir plusieurs années. Il est impossible qu’au vu de la rapidité de la décomposition, les derniers habitants de la terre n’en soit pas débarrassé au bout de 6 mois, voire 1 an.

    C’est pour cela que j’aime Zombieland, la terre est devenue un immense terrain de jeux, où l’on est plus soumis aux règles sociales et autres, et le fun a remplacé l’horreur.

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