Battle Royale 2 – Kenta & Kinji Fukusaku
Batoru rowaiaru II: Rekuiemu. 2003Origine : Japon
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Trois ans après le premier Battle Royale, Shuya, le survivant, est devenu un terroriste, prônant la guerre des jeunes contre les adultes. Dans le même temps, une classe de première d’un lycée est réquisitionnée pour participer à ce nouveau Battle Royale, qui consiste à aller dégommer les terroristes, qui se sont réfugiés sur une île. Les jeunes sont assemblés par couple. Si l’un meurt, l’autre suit, avec un dispositif permettant aux organisateurs d’executer à distance. Pourtant, les lycéens vont trouver le moyen de se débarrasser de leurs fliqueurs, et ils vont s’allier avec “l’ennemi”.
Une catastrophe. Autant le premier Battle Royale est à mon sens un des rares films asiatique moderne ayant un semblant d’intérêt, autant celui-ci plonge tête la première dans le ridicule. Ridicule tout d’abord au niveau des acteurs. L’insupportable professeur qui dirige l’opération en fait des caisses comme cela n’est pas permis, tout ça pour expliquer que les jeunes sont des parasistes. Prenant la pose, gesticulant, bavant de rage, il est immédiatement irritant pour tout spectateur de bon goût. Jeremy Irons dans Donjons et dragons, à côté, c’est de la sobriété soviétique. Mais malheureusement, ce prof n’est pas le seul : les ado sont caricaturaux à l’extrême, avec le dur à cuire, le meneur, la fille rebelle, le perdant… Toute une galerie de personnage qui pourrait passer dans un Vendredi 13 mais qui, dans un film qui se prend au sérieux, censé délivrer un message, sont totalement hors-sujet. Y compris Shunya, le survivant du un, qui prend la pose “ancien combattant”… C’est d’ailleurs là pour moi une récurrence du cinéma asiatique : le fait de vouloir iconiser les personnages, en leur donnant un style ” rebel fashion”. Bref. Arrivé à ce stade, tous les protagonistes sont insupportables. Difficile alors pour le spectateur d’apprécier le film.
Mais le pire c’est que cela n’est pas tout. Le discours du film parle encore une fois du mal-être adolescent, des jeunes générations qui n’ont pas d’avenir et bla bla bla. Et le Japon, pays encore traumatisé par la seconde guerre, par les conflits commerciaux et diplomatiques avec les Etats-Unis et re bla bla bla. Déjà que de tels thèmes peuvent commencer à lasser, mais lorsqu’il sont assénés comme ici à coup de massue, on zappe. On se retrouve alors nez-à-nez avec l’action au sens propre, tout aussi calamiteuse. Des scènes qui se veulent tendance film de guerre (la scène du débarquement, notamment), filmées comme des campagnes de recrutement de l’armée, avec des mouvements saccadés et une caméra près du sol… Sans oublier les scènes qui nous présentent des mourants. A chaque fois, ceux-ci trouvent le moyen de mourir dans les bras de leurs amis en déclamant de longues tirades heroico-pouet pouet. Ce qui devient vite chiant. Voire insupportable. Comme le reste.
Bref un film agité, hystérique. Le réalisateur, le fils Fukusaku (qui a remplacé son père, décédé pendant la production), mériterait des baffes. Pour le calmer. Cela lui ferait peut-être reprendre son sang-froid, plutôt que de nous montrer des inepties survoltées.
Enfin tout juste peut-on sauver deux choses :
– le gore. Peut-être un peu gratuit, mais les explosions de colliers éclaboussent bien, même si ces scènes comportent aussi leur lot d’hystérie. Enfin soit d’hystérie soit de prise de pose genre “je meurs humblement, en homme”.
– la scène du professeur qui arrive sur l’île habillé en rugbyman 70s et qui plonge dans l’eau avec son ballon. Stupéfiant.