Barracuda – Harry Kerwin & Wayne Crawford
Barracuda. 1978Origine : Etats-Unis
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Un biologiste vient enquêter dans les eaux de la petite ville côtière de Palm Cove afin de déterminer si l’usine qui jouxte la mer rejette effectivement ses déchets toxiques dans l’eau. Les autorités locales voient ça d’un mauvais oeil, surtout que dans le même temps, des barracudas se mettent à boulotter des plongeurs et que les habitants du coin semblent eux-mêmes devenir de plus en plus agressifs.
Même si évidemment influencé par Les Dents de la mer, sorti trois ans auparavant, ce Barracuda ne peut pourtant pas être considéré comme l’un de ses plagieurs les plus acharnés. Car ici, l’objectif n’est clairement pas de faire un film de monstres marins. Trois-quatre scènes d’agressions par les barracudas, toutes filmées sous l’eau, en très gros plan et montées très rapidement pour tenter de dissimuler des effets spéciaux plutôt moches, autant en ce qui concerne les poissons eux-mêmes que les démembrements qu’ils provoquent. C’est à peu près tout ce que le spectateur a à se mettre sous les yeux en terme “d’horreur”. Dix minutes à tout casser. Le reste du temps, nos deux réalisateurs (enfin plutôt Harry Kerwin, car le second, Wayne Crawford, s’étant occupé des quelques scènes sous-marines) se concentrent sur ce qui habituellement constitue certes un code incontournable des exploitations des Dents de la mer mais qui cède souvent le pas sur la fin à la chasse en mer, à savoir les conflits de personnalités au sein de la ville. Ce n’est pas le cas ici, et le pas n’est pas cédé. Barracuda est donc avant tout une longue enquête menée par un biologiste (bientôt rejoint par le shérif et sa fille) pour prouver que la mer est polluée, et qu’éventuellement les attaques de barracudas et l’agressivité de la population (très soft, celle-ci, puisqu’on se limite en gros à des engueulades) sont liés à cette pollution. Il n’y a guère de suspense à ce niveau-là, et c’est donc en vain que l’enquête se déroulera, sans surprises ni inventivité non plus dans la mise en scène, franchement molle et rendue encore plus insipide par une musique passe-partout. Il faudra attendre plus d’une heure pour que la responsabilité des pollueurs soit avérée. Dès lors, le film partira dans une vague théorie de complots à la X-Files, dépassant le simple cadre de la pollution municipale pour atteindre une échelle politique nationale, avec en plus des méchants qui se mettent à menacer la vie des gentils à grand renfort de scènes en vision subjective… Saluons tout de même la fin, qui a au moins le courage d’aller jusqu’au bout de la théorie du complot.
Enfin tout de même, le tout n’est pas bien reluisant et reste quelque peu ennuyeux. Heureusement, la VF sera là pour relever un peu le tout, avec ce personnage de shérif adjoint obèse amateur de traits d’esprits et qui parle avec la voix brisée d’un Don Vito Corleone enroué, ou encore, malheureusement plus rare, cet autre personnage de serveuse qui elle a su garder le charme de son accent provençal natal (“eh oh, saleu cong !”). Ca ajoute un peu de piment à ce Barracuda qui ne serait autrement qu’un banal film policier dans le milieu des Dents de la mer.