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Dictionnaire du Found Footage

Genre décrié s’il en est, supposé être propice à l’ennui, à l’arnaque, aux poncifs, et aux tics de mise en scène cachant la misère voire les scènes entières, le found footage horrifique a connu son premier classique en 1980 avec Cannibal Holocaust. Si ce dernier a créé la mode du film de cannibale, ce n’est que rétrospectivement qu’on le place en pionnier du found footage. Presque vingt ans après, c’est le carton du Projet Blair Witch qui donna le coup d’envoi de cette mode. Mais il fallut encore attendre quelques années et le développement des nouvelles technologies pour que tout un chacun puisse y aller de son found footage. Ainsi, c’est à la suite de Paranormal Activity que le nombre de production (ou d’autoproduction) explosa, faisant de la décennie 2010 l’âge d’or du genre, encore que les années 2020 n’aient pas l’air de ralentir la cadence. Un âge d’or quantitif tout au moins. Car qualitativement, les found footages n’ont pas forcément bonne presse pour toutes les raisons cités plus haut, nées de l’amateurisme d’où sont issus la plupart de ses représentants. Ceci dit, comme souvent, il faut savoir passer outre ses réticences et mettre véritablement les mains dans le cambouis pour se faire une idée appropriée d’un phénomène aussi vaste… Ce dictionnaire appelé à s’enrichir au gré des visionnages est donc là pour explorer la jungle de cette mode cinématographique.


The Amityville Haunting. 2021

Origine : Etats-Unis
Genre : Maison hantée
Réalisation : Geoff Meed
Avec : Jason Williams, Amy Van Horne, Devin Clark, Nadine Crocker…

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Amityville : No Escape. 2016

Origine : États-Unis
Genre : Randonnée
Réalisation : Henrique Couto
Avec : Julia Gomez, Josh Miller, Alia Gabrielle Eckhardt, Joni Durian…

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Blair Witch. 2016.

Origine : États-Unis
Genre : Randonnée
Réalisation : Adam Wingard
Avec : James Allen McCune, Callie Hernandez, Corbin Reid, Brandon Scott,…

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Cannibal Holocaust. 1980

Origine : Italie
Genre : Anthropophages
Réalisation : Ruggero Deodato
Avec : Robert Kerman, Gabriel Yorke, Francesca Ciardi, Salvatore Basile…

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Cloverfield. 2008

Origine : Etats-Unis
Genre : Monstres
Réalisation : Matt Reeves
Avec : Michael Stahl-David, Lizzy Caplan, Jessica Lucas, T.J. Miller…

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Cruel : The Cross Village Encounter. 2024

Origine : Etats-Unis
Genre : Cryptozoologie
Réalisation : Victor Gabriel
Avec : Victor Gabriel, Reyes Laura, CJ Patterson, Maddie Reardon…

 

Partis faire un film sur le Dogman, ce cryptide qui sévirait dans les bois de Cross Village, Michigan, Maddie et Ali ne s’attendaient pas à réellement croiser la route du monstre. C’est pourtant ce qui s’est passé… Ali en est mort, tandis que Maddie ne doit sa survie qu’à un chasseur qui passait par là. Au mépris des remontrances du sheriff de Cross Village, qui nie avec véhémence l’existance du dogman et qui en a ras-le-bol des touristes, une bande de quatre glandus ayant décidé d’enquêter se rend alors dans les fameux bois du Dogman…

Tout ce que le found footage a de plus mauvais à offrir est rassemblé dans ce film de monstre d’un peu moins d’une heure. Une oeuvre purement amateur qui a toutefois su se parer d’une ravissante affiche évoquant la mode des films de cannibales italiens du début des années 80. La parenté s’arrête là : si à l’occasion le réalisateur Victor Gabriel peut montrer quelques furtifs effets gores, il ne sait pas plus les rendre attrayants qu’il ne sait raconter une histoire. Cruel épouse parfaitement le projet de ses personnages : il s’agit là clairement d’un film de potes. Une bande de jeunes piercés et tatoués allant s’égayer dans les bois… Humour lourdaud (l’un des gus ne croit pas au dogman, car ça sous-entendrait que des humains se sont reproduits avec des chiens… ça deviendra un running gag), dialogues plus que limités (le film doit battre le record d’emploi du mot “fuck”), effets sanglants peu convaincants (mention aux intestins qui pendouillent), réaction des personnages irréalistes (ils passent leur temps à se demander que faire), construction brinquebalante (le “croustillant” est concentré à la toute fin et arrive comme un cheveu sur la soupe), mise en scène abyssale dès que les choses sérieuses commencent (la fameuse caméra balancée dans tous les sens), monstre principal totalement absent (à part furtivement en début de film, dans les images tournées par Ali et Maddie). Victor Gabriel réussit même l’exploit de devenir confus en croyant bon de terminer par une espèce de rituel païen… Absolument rien à sauver.


 

Deadware. 2021

Origine : Etats-Unis
Genre : Hantise
Réalisation : Isaac Rodriguez
Avec : Ali Alkhafaji, Christine Brown, Sarah Froelich.

A l’aube de l’internet 2.0, deux vieux amis se retrouvent par le miracle de la webcam. Rachel et Jay peuvent se donner des nouvelles fraiches et évoquer les bons souvenirs. Notamment ceux d’Amy, avec laquelle ils formaient naguère un trio de joyeux drilles. Que devient-elle ? Essayant de la contacter via un logiciel de messagerie instantanée, tout ce qu’ils obtiennent est un lien vers un jeu en ligne : House of Hunger. Un jeu à énigme se déroulant dans une sinistre maison. Avec un bon écran partagé, ça se tente !

Pas grand monde ne connait Isaac Rodriguez. Et pourtant, il met la main à la pâte : l’homme est un stakhanoviste du found footage. Depuis 2017 et The Stream, son premier long-métrage après une palanquée de courts, le réalisateur texan en pond presque un par an, ce qui fait de lui un grand pourvoyeur de chaînes cinéma Youtube ou encore de services VoD horrifiques… En vrac, signalons Unknown Visitor, Visher, A Town Full of Ghosts, Last Radio Call, Mister Creep… Et donc Deadware, pour lequel il exploite son goût pour les différents points de vue possibles en misant cette fois sur les webcams première génération. Parfois caché derrière les restrictions légales, il ne se prive pas pour évoquer cette ère préhistorique du web et de l’informatique en ravivant les souvenirs : le bruit d’un clavier à l’ancienne qu’on tambourine, un simili Windows 98, une pseudo messagerie AOL, un sous Google et puis bien sûr les petites fenêtres des wecams… Même son jeu “House of Hunger”, un simple jeu de clics, rappelle ces souvenirs. Pourtant, Deadware ne se montre guère nostalgique et n’oublie pas qu’il a une histoire à raconter. Celle d’un site hanté, dans lequel les protagonistes naviguent dans un dédale de salles aussi sinistres que statiques, pour résoudre des énigmes étrangement centrés sur la fameuse Amy qui visiblement s’intéressait déjà naguère aux sujets occultes. L’idée était bonne. L’éxécution nettement moins. Car malheureusement, le fait que l’intrigue se déroule avec un matériel limité empêche de prendre véritablement tout cela au sérieux. Avec leurs écrans fixes parfois divisés en split screen (le site internet et les deux webcams), avec de temps à autres quelques fichiers vidéos de basse qualité qui “popent” comme la première publicité Viagra venue, avec ces jump scares dignes des vidéos potaches qui se terminaient par un cri souvent doublé par la photo de Linda Blair dans L’Exorciste, les effets sont vraiment au rabais, guère aidés par un mystère paranormal pour le moins brouillon et peinant à réellement donner une sensation de danger. Pour peu que les protagonistes avaient décidé de fermer leurs navigateurs (et accessoirement s’étaient montrés un peu plus malins), le film aurait été terminé, et la malédiction d’Amy avec. Rodriguez a juste trouvé rigolo de faire un found footage (ou du moins sa variante informatique) avec du matériel antique, mais sans pour autant adapter une conception approprié de l’épouvante. Ca se tentait…


Diary of the Dead. 2007

Origine : États-Unis
Genre : Zombies
Réalisation : George A. Romero
Avec : Michelle Morgan, Joshua Close, Shawn Roberts, Amy Ciupak Lalonde…

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L’Etrange cas Deborah Logan (The Taking of Deborah Logan). 2014

Réalisation : Adam Robitel
Origine : Etats-Unis
Genre : Possession
Réalisation : Adam Robitel
Avec : Jill Larson, Anne Ramsay, Michelle Ang, Brett Gentile,…

Sujet délicat s’il en est, la maladie d’Alzheimer entraîne de grosses difficultés humaines pour les proches de personnes qui en sont atteintes. Etant l’une d’elles, la très volontaire Deborah Logan, vieille dame épaulée de sa fille Sarah et aidée par son voisin Harris, a accepté d’être au centre du documentaire concocté par Mia et ses techniciens. Mais ou s’arrête la maladie et ou commence le paranormal, je vous le demande….

Effectivement, la maladie d’Alzheimer est terrifiante. A un stade avancé, ceux qui en sont atteints ne se ressemblent plus, agissent sans rime ni raison, et peuvent tenir des propos dénués de sens. Evoquer Alzheimer sous l’angle du film d’épouvante, et d’autant plus sous celui du found footage (qui sur le papier est censé être faire preuve d’un réalisme extrêment cru), est une bonne idée. Dans sa première partie, le film de Adam Robital exploite pleinement son potentiel en évoquant la dégénerescence de Deborah Logan, qui se met à agir sans aucune logique, se transformant de plus en plus inexplicablement sous les yeux de sa fille et des documentaristes. Mais plus le film avance, et la maladie avec elle, et plus le fantastique fait irruption. D’abord présumé avant de devenir avéré, jusqu’à ce que les courbes finissent par s’inverser. Ce qui à vrai dire amoindrit le côté effrayant du film. Et c’est là le grand paradoxe : Adam Robitel, un réalisateur qui a fini par faire carrière dans des franchises fantastiques de renom (Insidious 4, Paranormal Activity 5), et qui ici est déjà soutenu par un Bryan Singer jouant les producteurs, se montre plus à son avantage lorsqu’il continue de faire croire que Deborah Logan est victime de sa maladie plutôt que de faire prédominer l’influence d’un démon. Le genre fantastique n’est pourtant nullement en cause : il ne s’agit pas de faire du présent film une preuve de la supériorité du réalisme sur le fantastique au sujet des drames liés à la maladie. Mais plutôt, Robitel s’avère incapable de maîtriser l’argument fantastique aussi bien que l’argument dramatique. Son film finit par se couper de tout réalisme, et après avoir survécu sur les cendres de ce qu’il fut, il tombe finalement dans le conventionnel le plus crasse à base de rebondissements et d’images chocs. Un vrai gâchis, qui justifie toutefois les nouvelles chances dont Robitel a bénéficié par la suite, hélas sans en profiter.


Godforsaken. 2020

Origine : Canada
Genre : Possession
Réalisation : Ali Akbar Akbar Kamal
Avec : Chad Taylor, Mélie B. Rondeau, Katie Fleming, Domenic Derose…

Retour au bercail pour Chad, cinéaste en herbe. L’occasion a beau ne pas trop s’y prêter -il revient pour l’enterrement de Lisa, une amie d’enfance- il s’est malgré tout muni d’une caméra. Et il a bien fait, puisqu’il a été témoin d’un fait stupéfiant : en pleine cérémonie, la morte s’est levé, a agressé quelques personnes et a prit la fuite… Depuis, elle demeure introuvable. Du coup, Chad embarque deux camarades étudiants pour l’aider à filmer la vie de ce village canadien encore sous le choc. D’autant que Lisa ne tarde pas à réapparaître et à guérir miraculeusement un handicapé moteur. Ami d’enfance de Chad, celui-ci héberge alors Lisa dans sa cave, où les giens viennent à elle pour repartir systématiquement et miraculeusement soignés. Oeuvre de dieu ou oeuvre du diable ?

Bien que la réponse ne fasse guère de doute (en évoquant ses souvenirs d’enfance, Chad mentionne que Lisa disait alors cotôyer des démons…), il faut reconnaître à cette production canadienne de sortir du moule habituel des found footages à base de diableries… Ni film de maison, ni histoire de possession démoniaque, ni film de monstre, Godforsaken n’est pas un huis clos ni un film de grands espaces, soit les deux cadres sempiternels des found footages. Son histoire paraît d’ailleurs être bien trop ambitieuse pour un film de ce sous-genre limité Avec sa petite communauté confrontée à des phénomènes mystérieux venant jouer les traumatismes de ses habitants, elle évoque quelque peu les écrits de Stephen King, d’autant que cela se déroule dans un patelin enneigé qui rappelle les contrées du Maine privilégiée par l’auteur de Dead Zone (le roman avec lequel le film de Ali Akbar Akbar Kamal est le plus apparenté). Mais, et c’est bien dommage, le réalisateur ne sait pas véritablement où il va avec ce point de départ intriguant qui culminera dans la rencontre entre la mère de Chad, assistante du pasteur, et surnaturelle non-morte. A partir de là, plutôt que de continuer à verser dans le mystère métaphysique, le film s’oriente soudainement vers… un survival tout ce qu’il y a de plus horripilant. Caméra qui tangue, hurlements à gogo, simili zombies énervés. Après avoir fait illusion, Godforsaken revient au basique en laissant le spectateur plutôt frustré, mais heureux que cette affreuse dernière partie s’achève enfin.


The Goetia Diaries. 2022

Origine : Etats-Unis
Genre : Démonologie
Réalisation : Danny Stygion
Avec : Lawyer B. Douglas II, Cyrus Faircloth, Paul Fredric, Madelina Horn,…

Un certain David Reznick a été retrouvé mort le 30 octobre 2018, tout comme d’autres personnes de son entourage. Quant à Richard Deakin, avec lequel il travaillait régulièrement, il a disparu… Un peu plus d’un an après, la copine de Deakin a retrouvé des vidéos sur son disque dur et les a regardé avant de les remettre à la police. Voici ce qu’elle a vu : Peu épanoui dans son boulot de comptable, son fiancé avait décidé de démissionner et de devenir un youtubeur spécialisé dans l’occultisme, la magie (mais pas celle qui fait sortir “un putain de lapin d’un chapeau”), la démonologie… Pour commencer sa nouvelle vie professionnelle, il s’était lancé à corps perdu dans un projet sur la goétie, ou l’art d’invoquer les démons, et était entré en contacts avec divers spécialistes du sujet, dont David Reznick.

Dans ses activités de photographe, d’éditeur et de réalisateur, Danny Stygion affiche un goût prononcé pour l’occultisme et l’imagerie qui va avec. D’où The Goetia Diaries, son premier long-métrage de fiction tout à fait trempé dans ce moule, qui dès le départ nous balance un protagoniste principal faisant l’éloge d’Aleister Crowley, portant des t-shirts avec des pentagrammes et se filmant fièrement au milieu de bibelots sulfureux (une statue de Baphomet, une planche de ouija, une reproduction du Sabbat des sorcières de Goya…). Stygion étant lui-même youtubeur, il n’est pas exclu qu’il se soit un minimum représenté dans le personnage de Richard Deakin, ce rude gaillard aux allures de métalleux découvrant avec ferveur la magie noire. Une bonne moitié de The Goetia Diaries n’est rien d’autre qu’une compilation de vidéos qui pourraient très bien figurer sur une chaîne Youtube. Bien présent, le côté documentaire est agrémenté d’un certain penchant pour le sensationnel, et le scénario semble complétement absent si ce n’est pour ces engueulades régulières entre Richard et sa copine. Si le film en était resté là, on aurait pu lui reconnaître d’être (modérément) intéressant. Mais alors le réalisateur se souvient qu’il réalise une fiction et s’aventure plus avant en montrant des rituels jusqu’ici seulement évoqués. C’est alors que le film montre son vrai visage : il sent l’amateurisme a plein nez, le son est mauvais, les acteurs sont nuls et l’intrigue tourne à l’aigre. On finit par se montrer très embarrassés pour ces acteurs mauvais faisant des simulacres d’invocations diaboliques dans le salon de tata Jacqueline, devant une caméra fixe et sous la violente lumière rouge vif des spots…


Gonjiam: Haunted Asylum. 2018

Origine : Corée du sud
Genre : Maison hantée
Réalisation : Jeong Beom-sik
Avec : Oh Ah-yeon, Wi Ha-joon, Yoo Je-Yoon, Mun Ye-won…

Inspiré par la récente disparition de deux ados qui s’y étaient aventurés, le détenteur d’une chaîne Youtube spécialisée dans le grand frisson envoie quelques volontaires dans le célèbre et funeste asile abandonné de Gonjiam pour une diffusion en direct ! Au menu : voir des fantômes et ouvrir la fameuse chambre 402, épicentre des activités paranormales…

Ce film coréen passe pour être l’un des meilleurs found footages, et a même été en tête du box office de son pays natal. Vu son intrigue convenue, pour ne pas dire quelconque, cela doit être quelque chose… Et bien non. Gonjiam: Haunted Asylum n’a rien de bien spécial à proposer, à part peut-être qu’il retourne régulièrement après de Ha-joon, le youtubeur qui pilote cette virée. Bien installé à distance dans son QG, cet énergumène excité envoie ses ouailles au casse-pipe sans égard aucun pour ce qu’ils peuvent ressentir ou pour leur sécurité. Détestable, le bonhomme obsédé par le nombre de spectateurs (il vise le million) se la joue autoritaire, pendant que sa bande bardée de caméras en tous genres exécute plus ou moins servilement ses desiderata. Et pourtant, ils ont amplement de quoi se faire des cheveux blanc. Jeong Beom-sik, le réalisateur, aligne les manifestations paranormales avec peu de subtilité et guère davantage d’inventivité. C’est qu’il ne vise pas vraiment à faire peur : il cherche à terroriser avec des effets chocs qui culmineront dans un final qui, c’était écrit, se déroulera derrière la porte longtemps close de la mythique chambre 402. Mais auparavant, quelques autres “jump scares” se seront fait remarquer, un peu apparenté à la mouvance des films de fantômes asiatiques post-Ring. Au-delà de tout ça, notons que l’asile lui-même en fait des tonnes dans le côté décrépit, sombre et poisseux, ce en quoi il est le cadre parfait pour un film qui en fait lui-même un peu trop. Au point qu’il aurait dû être filmé dans le véritable asile abandonné de Gonjiam (qui a la réputation d’être l’un des lieux les plus hantés de Corée), mais en raison du refus des propriétaires de celui-ci, l’équipe du film dut se reporter sur un autre site, et aménager des décors censés reproduire à l’identique le plan de l’hôpital de Gonjiam. Mouais. Un peu à l’instar de son youtubeur Ha-joon, le réalisateur Jeong Beom-sik brille surtout par son opportunisme.


Grave Encounters. 2011

Origine : Etats-Unis
Genre : Maison hantée
Réalisation : The Vicious Brothers
Avec : Benjamin Wilkinson, Sean Rogerson, Ashleigh Gryzko, Merwin Mondesir,…

Une équipe de téléastes chasseurs de fantômes se laisse enfermer dans un vaste asile abandonné. La nuit va être longue…

Et le film aussi. Il s’agit pourtant d’un des found footages dont la réputation est la plus flatteuse. Pourquoi ? Très difficile de le comprendre… Passons sur la banalité de son intrigue, car après tout la mode n’en était qu’à ses débuts et de toute façon il est bien rare qu’un found footage fasse preuve d’une grande imagination dans son point de départ. Nous avons donc l’habituelle équipe de documentaristes chasseurs de fantômes débonnaires, partis la fleur au fusil et qui finiront par disparaître (car leur diffuseur nous le dit dans l’introduction). Nous avons aussi l’asile au passif croustillant, un grand classique. Et au fur et à mesure du film nous aurons des tunnels délabrés, des portes qui claquent, des fenêtres qui s’ouvrent, des chaises roulantes au milieu du couloir, des fantômes à grande bouche, des silhouettes furtives à l’arrière plan etc etc… Le tout sous l’oeil de caméras fixes en vision nocturne, de préférence installées en hauteur dans des endroits sensibles, ou sous la caméra des cameramen qui ne filment ni mieux ni pire que leurs nombreux collègues de found footage (par contre ils ont souvent tendance à se casser la gueule, mais leurs caméras sont visiblement solides). Ces cameramen, tout comme leurs comparses, sont d’ailleurs particulièrement fades, voire quelque peu antipathiques, et on ne peut guère dire que l’on soit amenés à s’attacher ou à s’identifier à eux. Quant au cadre, il est lui aussi convenu : qu’attendre d’un asile abandonné si ce n’est de longs couloirs, des salles vastes et de l’équipement médical abandonné ici ou là, qui pourra ou non servir aux entités qui peuplent les lieux ? Sous-sol excepté, le lieu est toutefois assez propre, comparativement à certains autres (Gonjiam ou encore Night Shot). Son originalité arrivera toutefois plus tard : profondément hantée, la batisse se redispose à volonté, au grand découragement des personnages et pour le court amusement du spectateur. Dans sa structure, Grave Encounters est là encore assez classique : il s’agit d’une lente montée en tension dans laquelle la violence des manifestations se développe tandis que l’arrogance des personnages s’effondre. Le seul point qui peut éventuellement jouer pour lui est que le tandem de réalisateurs, Colin Minihan et Stuart Ortiz (réunis sous le nom de “Vicious Brothers”) en viennent à tutoyer le grand guignol jusqu’à un final qui ne laisse plus guère de place à l’imagination. Rien de bien folichon à aucun niveau.


Horror in the High Desert. 2021

Origine : Etats-Unis
Genre : Randonnée
Réalisation : Dutch Marich
Avec : Eric Mencis, Suziey Block, Tonya Williams Ogden, Errol Porter…

Parti randonner dans le Nevada profond, Gary Hinge a disparu. Qu’a-t-il donc pu se passer ?

Moins found footage que faux documentaire, Horror in the High Desert se présente comme une émission policière avec ses quelques tendances au sensationalisme (des reconstitutions maniérées), ses témoignages de proches et ses informations factuelles. Qui était Gary ? Quelle était sa personnalité ? Quelles étaient ses relations avec ses proches ? Qu’est ce ce qui l’a amené dans le fin fond du Nevada ? Comment a-t-on appris sa disparition ? Quelles ont été les étapes de l’enquête pour le retrouver ? Avec les interventions de la soeur de Gary, de son collocataire, d’une journaliste et du détective privé engagé par sa soeur, le film répond à toutes ces questions. Toutefois, la finalité de toute cette affaire reste ici inconnue et le spectateur apprend au fur et à mesure, puisque les témoignages évoluent selon un schéma chronologique, posant d’abord le contexte avant de se concentrer de plus en plus vers la disparition elle-même, véritable climax de Horror in the High Desert. une structure en entonnoir. Mais un entonnoir doté d’un tout petit tube et un très gros cône. Ce qui veut dire que sa plus grosse partie est constituée de vide… Aucune des questions posées par le documentaire n’est intéressante : Gary Hinds est un quidam standard, et l’évocation de sa vie sous toutes les coutures n’est pas à proprement parler passionnante. Les circonstances de sa disparitions ne le sont pas plus, puisqu’elles aussi sont posées uniquement à l’oral, dans le style monotone des intervenants calmement installés face à la caméra. La mise en scène de Horror in the High Desert est inexistante, et l’histoire que le réalisateur raconte à travers des témoignages est elle aussi bien trop chiche pour avoir le moindre impact. Pour sortir de la torpeur, il faudra compter sur la très courte partie “found footage”, une conclusion bien timorée filmée en vision nocturne (et par ailleurs, un véritable documentaire serait parti de ces extraits vidéos et aurait disserté autour, plutôt que de prétendre raconter une histoire). Franchement mauvais, Horror in the High Desert a incompréhensiblement sifflé le coup d’envoi qui, quatre ans après sa sortie, va bientôt livrer son quatrième volet. Plus que son randonneur volatilisé, voilà le vrai mystère !


In a Stranger’s House. 2018

Origine : Irlande
Genre : Maison hantée
Réalisation : Richard Waters
Avec : Richard Waters, Theresa Bradley, Emily Kelly,…

Un bien chouette boulot que vient de dégotter Richard. En l’absence de la propriétaire, il est chargé de prendre soin d’une maison isolée en pleine campagne irlandaise. Nourrir les chiens et les chats, faire un peu de ménage, et le tour est joué… Plus qu’à profiter de la verdoyante nature estivale ! Et filmer son séjour dans un vlog mis en ligne quotidiennement. Sauf que dès la première nuit, d’étranges choses commencent à se produire dans la maison…

Précisons que la carte mémoire de la caméra de Richard a été retrouvée dans une décharge. Le film s’ouvre sur cet avertissement risqué… Car s’il s’avère que In a Stranger’s House est mauvais, c’est tendre la perche pour se faire battre… Bingo ! Les plus facétieux pourront donc se ruer sur cette blague facile, puisque nous avons là un bien bel exemple de ces films de maisons hantées qui se traînent péniblement jusqu’à un dénouement choc, ou qui voudrait l’être. Basique et dépourvu de toute surprise : bruits singuliers dans la nuit, objets qui bougent, chiens étrangement enervés, trappe du grenier qui s’ouvre toute seule… Richard, le protagoniste (le réalisateur lui-même, pratiquement seul à la manoeuvre), ne brille guère par sa réactivité, puisqu’après avoir prit cela à la rigolade, et plutôt que de fuir comme la première famille Lutz venue, ne trouve rien de mieux que de se cacher sous ses draps (tout en continuant à filmer) avant d’avouer qu’il va faire une chose stupide en allant voir quelle est l’origine des bruits entendus. Et de demander le lendemain à ses quelques spectateurs ce qu’ils en pensent… En y réflechissant bien, In a Stranger’s House pourrait aborder le sujet des intoxiqués du numérique, incapable de vivre en dehors des écrans -devant ou derrière- et inconscients de la vie réelle. Mais Richard finissant par avoir conscience du danger encouru (il le dit lui-même !), on ne peut guère trouver que le sujet soit abordé. Ne reste plus qu’un gus étant venu faire des vidéo sur ses remplissages de gamelles et sur le passage de l’aspirateur et qui se retrouve à documenter un cas de hantise qui, pour ne rien arranger, trouve une sorte d’explication dans un final on ne peut plus convenu. Poubelle.


Inner Demons. 2014

Origine : Australie
Réalisation : Seth Grossman, Australie
Genre : Possession
Avec : Lara Vosburgh, Kevan McClellan, Kate Whitney, Brian Flaherty,…

Pour le nouvel épisode sur leur série documentaire consacrée aux toxicomanes, Suzanne, Tim et Jason ont décidé de suivre la jeune Carson. Naguère élève brillante et très pieuse, elle est désormais gothique et héroïnomane. Quelles en sont les raisons ? Va-t-elle accepter de se faire aider ? Et pourquoi dit-elle qu’elle est possédée par un démon ?

Parce que si elle ne l’était pas il n’y aurait pas de film. Mais qui peut réellement y croire ? Pour en témoigner, le spectateur n’a pas grand chose à se se mettre sous les yeux si ce n’est quelques effets youtubesques auxquels n’assistent pas les personnages (ça valait bien le coup de mettre des caméras autour de Carson, tiens). Comme son titre le laissait déjà soupçonner avant même de commencer le visionnage, Inner Demons se déroule avant tout comme le drame personnel d’une jeune femme mal dans sa peau. Elle cache des démons intérieurs, c’est à dire des traumatismes psychologiques, qui seront révélés au fur et à mesure du film, au gré des conversations avec ses parents, avec des médecins, avec d’autres patients et avec l’équipe de tournage dont le jeune Jason qui ne reste pas insensible à sa fragilité… Personne ne doute qu’il y a une bonne raison à son revirement de personnalité, elle qui est d’un coup passé de jeune génie capable de citer de mémoire n’importe quel passage de la bible à la toxicomane qui se pique sur un trottoir. Mais pour le spectateur cela ne fait pas de doute : si Carson n’a pas toujours eu la belle vie (comment se rapprocher de ses semblables lorsqu’on est aussi typée jouvencelle ?) elle a également un véritable démon en elle, qu’elle s’efforce d’anesthésier par la drogue. Le film ne saurait donc se limiter à n’être qu’une vague métaphore auteurisante. Mais en mettant aussi fort l’accent sur tout le côté médical et psychologique, tout en s’autorisant ici ou là quelques effets brinquebalants, il n’est en fait ni vraiment un drame, ni vraiment un film fantastique. C’est un film ne réussissant pas son exercice d’équilibriste, voulant jouer sur deux tableaux à la fois. Il n’est pourtant techniquement pas mal fichu : les “footages” restent compréhensifs, les acteurs sont crédibles, les différentes variétés de prises de vue trouvent une justification et le final est plutôt mouvementé. Mais tout cela demeure stérile face aux atermoiements du scénario.


Late Night With the Devil. 2023

Origine : Etats-Unis / Australie
Genre : Possession
Réalisation : Cameron et Colin Cairnes
Avec : David Dastmalchian, Ingrid Torelli, Laura Gordon, Ian Bliss,…

Afin de sauver son émission, un présentateur de talk show sur le déclin a l’idée d’une soirée Halloween lors de laquelle il invite un voyant, un sceptique et une jeune fille censée être possédée accompagnée de sa thérapeute…

Mini sensation que ce Late Night With the Devil qui a réussi à se parer d’une forme inédite : celui d’une vidéo retrouvée, certes, mais professionnellement réalisée dans le cadre d’une émission télévisée qui aura été interrompue avant de devenir une légende noire du petit écran. Les Cairnes, réalisateurs australiens, donnent à leur film le look, le ton et la structure d’une véritable émission de talk show, c’est-à-dire une émission de divertissement à la tonalité bon enfant parcourue par les vannes de son présentateur et de son sous-fifre, rythmée par la musique de son orchestre et ambiancée par un public plus ou moins piloté par des chauffeurs de salle. Original et ancré dans les années 70 (format 4/3 inclus), le procédé plonge tout de suite le spectateur dans un cadre familier, bien plus confortable à visionner que les vidéos tournées smartphone à la main, et développant une pure atmosphère d’Halloween grand-public à l’aide d’invités savamment choisis : le devin Christou, le debunker Carmichael Haig et puis bien sûr le clou du spectacle, Lilly, l’adolescente seule survivante d’une secte sataniste, accompagnée par sa psychologue June Ross-Mitchell. Censée être possédée, la frêle Lilly n’a pourtant pas l’air bien méchante. Autour d’elle, les pitreries des Christou, les rodomontades de Haig, les blagues des présentateurs et les réactions des spectateurs forment une sorte de cirque. Mais la menace est sous-jacente et les Cairnes, dont il s’agit du troisième film, la font monter par petites touches grâce notamment à la psychologue, qui s’escrime à maintenir un peu de sérieux, et même à Lilly, dont l’innocence a quelque chose de troublant compte tenu de son passif. Seuls les intermèdes de publicité, au cours desquels le plateau est toujours filmé, donnent une vision réaliste de l’ambiance qui règne sur le plateau. De plus en plus malsaine au gré des évenements qui se produisent, attribués soit au hasard soit à des trucages, mais dont la finalité ne fait aucun doute : tout cela se terminera mal. La progression de la tension s’installe ainsi sur le plateau, d’abord psychologiquement puis plus matériellement, jusqu’à une catastrophe finale particulièrement spectaculaire et marquante. Dans son schéma, Late Night With the Devil n’est pas fort différent d’un found footage classique. Toutefois, ce qui en fait l’un des meilleurs films du genre -si tant est qu’on puisse vraiment l’y inscrire- est la manière dont il pose une ambiance de talk show, conviviale s’il en est, pour mieux la pervertir et renvoyer tout son petit monde à sa vanité en faisant intervenir un argument fantastique très sombre (le “détournement” d’une gamine par le diable) dans ce milieu superficiel au possible. Aussi choquant que réjouissant, Late Night with the Devil est assurément ce qui se fait de mieux dans le footage, qu’il ait été “found” ou non.


Leaving D.C. 2012

Origine : Etats-Unis
Genre : Hantise
Réalisation : Josh Criss
Avec : Josh Criss, Karin Crighton.

Ras-le-bol du brouhaha de Washington ! C’est pourquoi Mark Klein, un citadin dépressif, vient de s’offrir une cossue demeure isolée de tout, en plein milieu des bois de Virginie Occidentale. Pour autant, il ne coupe pas les ponts avec son groupe d’amis et, à l’aide d’une caméra, leur partage son quotidien de néo-ermite. Mais, à peine installé, il est réveillé en pleine nuit par des cris qu’il pense humains. A partir de cet instant, toutes les nuits, vers les 3h00 du matin, une étrange activité semble se manifester autour de sa demeure. A l’aide d’un enregistreur de son, puis d’une caméra, voire en restant éveillé lui-même, il est bien décidé à percer le mystère de ces bois où a disparu la fille schizophrène de l’ancien propiétaire, qui lui-même s’est pendu…

Un found footage minimaliste par excellence, puisque son réalisateur Josh Criss est à peu près le seul à avoir travaillé dessus, tournant du reste dans sa propre maison. Et l’homme ne semble pas particulièrement être amateur de grands frissons : aucun “jump scare”, aucune figure fantômatique et absolument rien qui ne vienne verser dans le sensationnel, si ce n’est vaguement le crâne d’un chat retrouvé sur une branche d’arbre en tout début de film. L’argument fantastique, si toutefois il existe (du début à la fin Mark pense être aux prises avec un harceleur nocturne de chair et d’os), est toujours perçu en décalé, lorsque le personnage fait les relevés de ses enregistrements nocturnes. Et les quelques fois où il demeure éveillé, et peut donc assister (et montrer) en direct ce dont il est témoin, il n’y a rien de plus à se mettre sous la dent que quelques mélodies de flûte ou encore un bruit d’arbre attaqué à la hache… Bref, la même chose que dans ses enregistrements sonores… Avec cette histoire de fille schizophrène disparue, il n’y a donc qu’un pas pour imaginer la tangibilité de ces manifestations qui ne vont pas bien loin. En un sens, cela s’avère plus efficace que les effets ostentatoires et convenu de la plupart des found footages. Du moins pour un temps, car le temps fini par apparaître assez long devant cette enquête qui se traîne…. Ce dont Josh Criss n’est pas loin de se satisfaire, puisque derrière sa façade de film d’épouvante il cherche à décrire un drame personnel, celui de la dépression et de la solitude. Ainsi, son personnage ne cache pas sa prise d’antidépresseur. Il ne cache pas son dépit face à l’amour contrarié qu’il porte à son amie Claire, laquelle viendra lui rendre une brève et frustrante visite (c’est le seul autre personnage que l’on voit du film). Sans parler que ses vidéos n’ont pas l’air de fasciner son groupe d’amis, puisqu’il ne mentionne jamais le moindre conseil ni le moindre soutien venant d’eux. La conséquence est qu’effectivement, Mark Klein semble être une personne en pleine déchéance, finissant par s’adonner à la bouteille alors qu’il est obsédé par ces quelques notes de musique entendues pour une paire de secondes chaque nuit… Leaving D.C. a de l’idée mais reste il faut bien le dire assez peu palpitant.


The Museum Project. 2016

Court-métrage
Origine : Australie
Genre : Hantise
Réalisation : Dion Cavallaro & Paul Evans Thomas
Avec : Alison Wills, Paul Evans Thomas, Ned Holland, Raymond Fountain,…

Dans le cadre de leurs études, Ali, Ned et Paul doivent réaliser un court documentaire. Ils jettent leur dévolu sur le musée ferroviaire, qui présente de vieilles locomotives, de vieux wagons, de vieilles signalétiques… et la réputation d’être hanté. C’est bien entendu ce dernier point qui intéresse nos trois compères. Mais, devant le peu d’entrain que met le directeur à évoquer le sujet, ils trouvent le moyen de déverouiller une porte en toute discrétion. A la nuit venue, les voilà donc prêts à filmer d’éventuelles manifestations paranormales.

45 minutes. Voilà une bonne durée pour un found footage ! Assumant le fait qu’il n’y a pas de personnages profonds et que la mise en contexte n’a pas à s’éterniser outre mesure, le format court-métrage a ceci d’avantageux qu’il met peu de temps à entrer dans le vif du sujet, et que celui-ci risque peu de tirer en longueur. Les deux réalisateurs de l’australien The Museum Project l’ont bien compris : une fois passée la présentation des lieux, tant historique que topographique, après avoir fait l’impasse sur celle des personnages (qui n’en valent pas le coup), ils repartent pratiquement de zéro dès que la nuit est tombée et que les trois blanc-becs se sont introduits dans le vaste bâtiment qu’est ce musée reconstitué à la façon d’une gare. Un lieu idéal, et qui sans la lumière du jour et sans le rationnalisme de son directeur, mais avec les bruits qui courent à son sujet (liés notamment à cet ancien conducteur de train devenu tueur en série) prend une toute autre allure. Avec ses longs quais plongés dans le noir (la lumière vient de la caméra ou des torches) et avec ses vieux wagons désuets et présentant autant d’univers temporels, il y a de quoi se mettre dans l’ambiance… Les réalisateurs Dion Cavallaro et Paul Evans Thomas (ce dernier tient également l’un des rôles principaux) ne visent pas au-delà et promènent le spectateur dans ce cadre propice aux trouvailles sinistres, aux apparitions furtives et aux bruits distants. Voire aux cris lointains puisque le groupe sera séparé. C’est à peu près tout ce que le film a à proposer, mais c’est en réalité déjà pas mal : se déroulant dans un lieu ni tout à fait ouvert (les trains bloquent la vue et les quais deviennent des couloirs) ni tout à fait clos (ce qui permet de comprendre qu’il se passe des choses à un autre endroit), il diffère quelque peu des films de maisons hantées traditionnels et se trouve son propre style, sans essayer de trop en faire. Du reste, lorsque le danger devient plus palpable, le film perd de son intérêt et revient sur des rails plus balisés. Mais comme cela ne dure que 45 minutes, difficile de lui en tenir rigueur.


Night Shot. 2020

Origine : France
Genre : Maison hantée
Réalisation : Hugo König
Avec : Nathalie Couturier,…

Une youtubeuse spécialiste de l’urbex part avec son caméraman dans un immense sanatorium abandonné. Et puis des choses étranges commencent à se passer, alors que les deux compères s’égarent dans le dédale de couloirs…

Niveau histoire, on ne peut guère faire plus basique que ça. Et ce n’est certainement pas du côté du scénario que l’on ira chercher l’originalité de ce found footage français qui de son côté n’essaie pas non plus de faire passer des vessies pour des lanternes : tourné dans un véritable hôpital abandonné, le sanatorium d’Aincourt, le film reprend quelques étapes de son histoire, les réarrange à sa sauce ou en invente (ça aurait été un mouroir, puis un camp de détenus pendant la guerre, puis un médecin obsédé par les foetus y aurait travaillé dans les années 50 et 60) et c’est parti pour une déambulation d’une heure et demie où les manifestations paranormales alternent avec des trouvailles macabres. Réalisé par le jeune Hugo König, Night Shot ressemble plutôt à un exercice de style, le réalisateur y testant quelques partis pris de mise en scène dans ce cadre authentiquement décrépit et devenu un véritable paradis des graffeurs. Ainsi, et probablement afin d’éviter les errements de luminosité dont souffrent moult found footages, il fait le pari d’utiliser un noir et blanc désaturé, parfois entrecoupé de la teinte verdâtre de la vision nocturne. L’éclairage provient directement de la caméra de ce caméraman qui est un personnage à part entière, que l’on entend mais que l’on ne voit jamais (et qui porte le prénom du réalisateur). Il s’agit d’avoir la plus profonde longueur de champ possible pour voir au plus loin dans les vastes couloirs où n’importe quoi peut surgir. Si l’on ajoute à ça que l’image est particulièrement stable, Night Shot est un found footage très confortable, c’est à dire qu’il ne joue pas sur les soubresauts de la caméra, sur les flous “artistiques” ou sur les black outs qui caractérisent bien des spécimens du genre. Mais sa plus grande originalité est encore de se présenter sous la forme d’un plan-séquence intégral…. C’est le défi que se lance le personnage de la youtubeuse, qui se diffuse en direct, et c’est aussi celui du réalisateur. L’exercice est plutôt réussi : bien fondu dans la narration, le procédé s’avère particulièrement immersif et se fait sans fausse note technique, alors que le parcours était semé d’embuches. A la rigueur, on pourrait trouver que (comme dans bien des founds footages) il ne se passe finalement pas grand chose à l’écran, et que tout le dernier tiers du film ne consiste qu’à montrer des personnages paniqués s’égarer dans des couloirs. Ce ne serait pas faux, et assurément ce sprint final tourne un peu en rond. On lui préfèrera nettement la montée en tension qui s’opère discrètement et sans grands effets spectaculaires : rodés aux étrangetés (bien qu’ils soient spécialistes d’urbex et non chasseurs de fantômes), les deux personnages réagissent d’abord avec modération. Lorsqu’ils céderont à la panique, ce sera moins sous le coup d’effets de manche, rares et plutôt ratés (à vrai dire quasi psychédéliques : lentilles déformantes, sons graves…) que sous celui de découvertes morbides. Mais dans l’ensemble, nous sommes face à un véritable film d’épouvante, pensé et mis en scène, plutôt que face à une arnaque à la mode “creepypasta” appuyés sur les apparitions furtives ou de jump scares. Ce qui du coup tire Night Shot vers le haut du panier.


Ouija Experiment. 2011

Origine : Etats-Unis
Genre : Hantise
Réalisation : Israel Luna et Josey Wells
Avec : Justin Armstrong, Swisyzinna, Belmarie Huynh, Carson Underwood,…

Face à l’insistance de l’un d’entre eux, une belle brochette de glandus s’adonne à une séance de ouija. Les esprits répondent présents à l’appel, mais ne sont pas forcément très bien intentionnés.

Un film à l’image de ses personnages : dilettante. Des protagonistes, il n’y en a à vrai dire qu’un seul qui ait l’air visiblement intéressé par cette séance de ouija, et encore… Il semble surtout courir après le buzz. Pour le reste, ce sont de jeunes adultes résolument crétins qui vivent leurs petites vies de jeunes adultes résolument crétins tendant à prendre le pas sur le reste d’une intrigue dont on se soucie peu de la finalité, qui est de savoir qui sont ces esprits qui font peur à ceux qui s’y laissent prendre. C’est à dire pas grand monde… Il faut dire que l’esprit a eu la malencontreuse idée de trahir l’un des participants, en dévoilant devant sa copine et devant tout le monde l’infidélité dont il fait preuve. Que n’avait-il pas fait là ! Du coup, une bonne moitié du casting a la tête ailleurs et le paranormal coexiste avec les engueulades de couples et les amitiés remises en question. Tout le monde devient horripilant, esprit inclus (il est vexé parce que les personnages ne lui ont pas dit “au revoir”… ils s’engueulaient) et film avec. Une petite pensée aussi pour ce dénouement scoobydesque qui croit bon de tout expliquer dans le détail au sujet de ces esprits et de leur passé aussi tragique que les mensonges de Calvin à Shay.


The Blair Witch Project. 1999

Origine : Etats-Unis
Genre : Randonnée
Réalisation : Daniel Myrick & Eduardo Sánchez
Avec : Heather Donahue, Joshua Leonard, Michael C. Williams, Bob Griffith…

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[Rec]. 2007

Origine : Espagne
Genre : Zombies
Réalisation : Jaume Balaguero & Paco Plaza
Avec : Manuela Velasco, Ferran Terraza, Jorge Yamam, Javier Botet…

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[●Rec]² . 2009

Origine : Espagne
Genre : Zombies
Réalisation : Jaume Balaguero & Paco Plaza
Avec : Jonathan Mellor, Manuela Velasco, Óscar Zafra, Ariel Casas…

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Rorschach. 2015

Origine : Etats-Unis
Genre : Maison hantée
Réalisation : C.A. Smith
Avec : Jamy Gillespie, Ricky Lee Barnes, Ross Compton, Ashlynn Allen,…

Mère célibataire, Jamy n’en peut plus de ces bruits nocturnes, de ces portes qui claquent et de ces objets qui disparaissent et réapparaissent. C’est pourquoi elle contacte Ross et Ricky, deux jeunes scientifiques s’intéressant au paranormal.

Rorschach… Un test psychologique visant à titiller le subconscient d’un patient en lui faisant interpréter des taches d’encre informes. Baptisé ainsi, un found footage de maison hantée a sûrement une idée derrière la tête. Et en effet, le réalisateur C.A. Smith entend bien donner à son film des airs impressionnistes : ce sera donc aux personnages d’interpréter des manifestations qui apparaissent bien légères et qui peuvent potentiellement avoir des explications bien terre-à-terre. Il n’y aura guère de grandiloquence dans les effets de Rorschach. Tant et si bien que les deux experts en paranormal envisagent à un moment de rentrer au bercail faute de matière à étudier… En cela, ils ressemblent un peu à ces spectateurs de found footages qui trouvent que décidément, il ne se passe grand chose à l’écran en dehors des gesticulation de ces crétins de personnages. Tout comme eux, ils finissent par rester sur la foi de quelques phénomènes prometteurs… Se remémorant la finalité première du concept de found footage, le réalisateur C.A. Smith (tout à fait novice, n’ayant absolument rien fait ni avant ni après, que ce soit comme réalisateur ou dans d’autres fonctions, selon IMDB) mise clairement sur le réalisme. Son film propose ainsi des choses qui pourraient être vécues, vues par les yeux de personnages crédibles. D’où ces étudiants scientifiques qui ne s’attendent pas à trouver des démons sortis de l’enfer, mais plutôt quelques timides faits qu’ils vont essayer de rationnaliser. Plus que de la nature des diverses manifestations (les plus spectaculaires resteront bien timorées), la peur viendra de leur incapacité à le faire. Ce qui les entraînera à réagir comme des personnes normales. Si tout ça ne le rend guère palpitant, Rorschach ne démérite pourtant pas et dans un créneau usé jusqu’à la corde (le found footage de hantise), tire sa courte épingle du jeu.


Savageland. 2015

Origine : Etats-Unis
Genre : Monstres
Réalisation : Phil Guidry, Simon Herbert, David Whelan
Avec : Noe Montes, Heather Moore, Lars Nielsen, J.C. Carlos,…

En une nuit, l’intégralité du patelin de Sangre de Cristo, Arizona, a été massacré, démembré, éparpillé au quatre coins du bourg. Retrouvé par un routier le lendemain au bord de l’autoroute, le migrant mexicain Francisco Salazar est donc le coupable tout indiqué. Un premier jugement l’a d’ailleurs condamné à mort. Mais dans l’intervalle séparant ce premier verdict de son appel, plusieurs personnes se penchent sur cette affaire étrange. Comment un homme aurait pu décimer ainsi tout un village en une seule nuit ? Le doute s’installe lorsque le routier ayant ramassé Salazar fait parvenir à un journaliste une péllicule photo contenant des clichés qui, mis bout à bout, racontent une tout autre histoire…

Le found footage peut prendre différentes formes. La plus connue est celle de la caméra retrouvée (d’où la prolixité du genre à l’heure des smartphones), mais il y a aussi les caméras de surveillance, les enregistrements sonores, les témoignages oraux ou écrits, et donc ici la photographie. Bien entendu, la triplette de réalisateurs de Savageland ne cherche pas à faire de la trentaine de clichés pris par Francisco Salazar un film à part entière. Pour insérer ces photographies dans la narration, ils ont recours à une autre ficelle du sous-genre : le reportage. Savageland se présente donc comme l’investigation d’une affaire criminelle, doublée de l’analyse sociale d’un coin des Etats-Unis socialement sensible. Car Sangre de Cristo, le lieu du massacre, ainsi que l’identité du suspect, un migrant sans papiers, renvoit bien entendu au sujet de l’immigration. C’est l’angle d’attaque des réalisateurs, qui font ainsi de leurs témoins des partisans pro ou anti migrants, diversement virulents. De même, ils font intervenir à la fois des potentats locaux (le shériff, tête de file des trumpistes… ne nous voilons pas la face) aussi bien que des quidams pris au hasard (un redneck du bar). De l’autre côté de la barricade, ils convoquent des proches de Salazar (sa soeur restée au Mexique) aussi bien que des journalistes professionnels et quelque peu militants. La neutralité n’est pas non plus ignorée, à travers divers spécialistes regardant l’affaire avec quelque distance (un photographe professionnel, une psychologue, l’avocat de Salazar…). Et bien bien sûr le principal concerné, qui avant de tomber dans l’apathie avait lâché quelques bribes d’information lors d’un interrogatoire, sans pour autant donner une version claire. Bref, toute une variété de témoignages qui font de cette affaire une véritable cacophonie d’opinions politiques dépassant de loin l’origine de tout ce pataquès : les faits. Et pourtant, ce que révèlent les photos pourrait bouleverser les connaissances humaines et accessoirement mettre en péril son existence. Mais, prise dans des enjeux politico-médiatique, la potentielle réalité de ce qu’a photographié Salazar n’est jamais vraiment étudiée, sans même parler de sa nature. Bien qu’il soit question de démembrements de victimes, enfants inclus, Savageland élude le côté fantastico-horrifique et reste un “mockumentary” parlant de des fractures de la société américaine. Et en un sens, c’est ce qui est le plus inquiétant : alors que tout le monde s’écharpe sur la scène médiatique et judiciaire, les choses qui figurent sur les photos de Salazar restent dans le coin et personne ne s’en préoccupe. Ainsi, le dénouement, souvent spectaculaire dans le found footage, prend une saveur d’absurdité toute particulière. Peut-être encore plus efficaces que les photographies montrant quelques créatures plus ou moins floues. Intelligent, Savageland peut à la fois prendre parti (car les arguments des anti-Salazar deviennent grotesques) et chercher la frayeur au delà des recettes classiques. Bien sûr, on pourrait lui reprocher de manquer de panache, mais ne faisons pas la fine bouche devant un film inventif.


The Screaming Silent. 2020

Origine : Australie
Genre : Randonnée
Réalisation : David Davidson
Avec : Andrew Lindqvist, Bella MacDiarmid, Ross Magnant, Gary Brun,…

Kurt Michaels se targue de descendre d’une longue lignée de conteurs. Le plus notable d’entre eux serait un aïeul nommé Gladstone, auteur d’un journal dans lequel, cartes et dessins à l’appui, il racontait avoir assassiné un tyran sévissant sur l’île de Tasmanie avant de se carapater avec la promise du défunt… Et avec une malédiction nécessitant un sacrifice de sang pour être levée. Ce qu’il n’accomplira jamais. Bien décidé à terminer l’histoire de son ancêtre, Kurt projette donc de se rendre en Tasmanie avec son producteur, deux techniciens et une actrice, pour terminer cette histoire sous la forme d’un film…

Ce n’est pas parce que l’on fait un found footage qu’il ne faut pas avoir de l’ambition… Voire de la prétention. Sur le papier, The Screaming Silent se veut donc un improbable mix entre Le Projet Blair Witch (pour l’histoire de la malédiction), Pique-nique à Hanging Rock (pour l’immersion dans une nature mystique étouffante) et même Apocalypse Now (pour la plongée dans la folie loin du monde civilisé). Le ton se veut résolumment solennel, et il n’y a là pas de place pour les effets standards de l’épouvante en found footage. Il n’y en aura du reste pratiquement jamais. David Davidson, le réalisateur, préfère de loin nous mener dans une forêt dense, humide et grise, d’où il ne nous sort que pour quelques panoramas évitant l’aspect “carte postale” pour miser sur le côté oppressant de cette nature inviolée. Le point le plus réussi du film reste toutefois sa bande sonore, avec sa musique composée des sonorités profondes du didjeridoo, ses sons de cascades et ses cris animaliers nocturnes (les fameux diables de Tasmanie… encore que j’ignore si le film fut bel et bien tourné là-bas)… N’empêche qu’en dépit de ces nobles intentions et de ces quelques qualités, The Screaming Silent s’avère tout de même horripilant. Rien à sauver de la première partie pré-Tasmanie, interminable (et qui tire la durée du film à un improbable 1h47 !). Elle nous montre le personnage principal faire le forcing pour convaincre une actrice de jouer dans son film, puis organiser un casting pour essayer de lui trouver une remplaçante tout en faisant tout pour qu’aucune des postulantes ne convienne… Passionant. Mais il est vrai qu’il y a un lien avec le reste du film, puisqu’il s’agira de montrer comment Kurt Michaels en vient à prendre son film beaucoup trop à coeur au mépris des obstacles encourus, voir de laisser entendre que la malédiction de son ancêtre est en train de le frapper… Le personnage s’avère nombriliste et le film prend le parti de brouiller les cartes entre ce qui est fictif (soit ce qui est tourné par Kurt Michaels) et ce qui ne l’est pas (ce qui est tourné par David Davidson). Bref, voici un found footage auteurisant et profondément ennuyeux.


Sorgoï Prakov. 2013

Origine : France
Genre : Serial Killer
Réalisation : Rafaël Cherkaski
Avec : Rafaël Cherkaski, Simon-Pierre Boireau, Charles Dhumerelle, Elodie Bouleau…

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The Tunnel. 2011

Origine : Australie
Genre : Monstres
Réalisation : Carlo Ledesma
Avec : Bel Deliá, Andy Rodoreda, Steve Davis, Luke Arnold,…

Pour pallier à la sécheresse, les autorités de l’état australien de Nouvelles Galles du sud envisagent de récupérer le vaste réseau de tunnels abandonnés situé sous la ville de Sydney pour en faire des réservoirs. L’idée ne plaît cependant pas à tout le monde. Au nombre des griefs figure notamment le fait que des SDF vivent dans ces galeries… Le débat bat son plein, mais le projet est soudainement arrêté et enterré sans explications convaincantes. D’autant plus intrigué par ce soudain black-out qu’ils sont également tombés sur une vidéo d’ados disparaissant dans ces tunnels, une équipe de journalistes dirigée par Natasha Warner se faufile en douce dans ces souterrains pour voir ce qu’il s’y trame.

Un véritable dédale de couloirs décrépis servant naguère d’abri lors de la Seconde Guerre mondiale. Quelques vestiges d’installations abandonnées ou des preuves d’une présence humaine. Une humidité trouvant son paroxysme dans un bassin qui aurait dû servir de base au projet des autorités politiques… Pas à dire : le cadre de The Tunnel a de la gueule. Carlo Ledesma, son réalisateur, en a bien conscience et joue beaucoup sur la profondeur de champ, sur l’obscurité ou encore sur les surprises qui peuvent se cacher à chaque carrefour de galerie. Attribuons donc lui un bon point pour la mise en scène, d’autant qu’il sait préserver l’équilibre entre le concept du “found footage” et la lisibilité de sa narration. Toutefois, l’exercice ne tarde pas à tourner à vide tant la menace censée peupler ces galeries manque de substance (à l’inverse d’un The Descent, dont il semble inspiré). Une créature toujours tapie, informe, agissant par à coup si ce n’est dans un final où les personnages sombrent dans la panique tout en finissant par s’engueuler non sans soulever l’épineuse question du sensationnalisme médiatique. A vrai dire, ce found footage australien, tout financé qu’il ait été par du crowdfunding, ressemble à un film certes professionnel mais finalement assez frileux et ne sortant jamais des sentiers battus.


Willow Creek. 2013

Origine : Etats-Unis
Genre : Cryptozoologie
Réalisation : Bobcat Goldthwait
Avec : Bryce Johnson, Alexie Gilmore, Laura Montagna, Peter Jason,…

Flanqué de sa copine Kelly et d’une caméra, Jim se lance dans un projet qu’il attend de longue date : se rendre sur les lieux dans lequel le Bigfoot aurait été aperçu et filmé en 1967 par le duo Roger Patterson et Robert Gimlin.

Sans aller jusqu’à dire que Bobcat Goldthwait est une star, il faut bien admettre qu’à l’inverse de bien des réalisateurs de found footage, il a déjà pas mal bourlingué devant et derrière la caméra. Comédien de stand up en solo ou pour pimenter certains prestigieux talk shows américains, il fit quelques apparitions au cinéma Police Academy 2, 3 et 4, Fantômes en fête, La Cité des monstres…), dans des séries télévisées (Mariés, deux enfants, Urgences…) ou se faisant comédien de doublage (le Hercule de Disney, Sonic le rebelle, La Ferme en folie…). Il se mit à la réalisation à la fin des années 90, d’abord pour des séries télévisées, puis dans des long-métrages cinéma dont le plus connu est certainement God Bless America. Une comédie, genre dans lequel il aura donc oeuvré depuis ses débuts. Il est donc surprenant de le retrouver à la tête d’un found footage horrifique… Si l’on s’en fie à l’attention portée au mythe du bigfoot (surnom affectueux du sasquatch), il faut croire que Goldthwait est fasciné par le cryptide vedette des États-Unis. Ainsi, il base son film sur les véritables (à défaut d’être à coup sûr authentiques) archives de Patterson et Gimlin. Très connues et en un sens préfiguratrices du found footage, ces images sont devenues des icônes de la cryptozoologie, un peu au même titre que le cliché de Nessie de 1934. Un vibrant hommage est donc rendu à ces “chercheurs” ayant donné la preuve la plus probante, paraît-il, de la réalité du bigfoot. Non seulement le film leur est dédié, mais en plus ils sont mentionnés plus qu’un peu non seulement par les deux protagonistes principaux mais aussi par les véritables autochtones de Willow Creek, mis à contribution par Goldthwait. Car Willow Creek, tout comme Bluff Creek dans sa proximité immédiate (en Californie du nord), est le véritable lieu près duquel Patterson et Gimlin firent leur rencontre. Une large partie de Willow Creek, le film, est en réalité un véritable documentaire sur ces lieux, sur ce qui leur a valu les projecteurs et sur les répercussions dans cette petite communauté. Si certains villageois hésitent, si d’autres sont sceptiques, si d’autres sont enthousiastes, l’ambiance générale est en tout cas à l’exploitation tous azimuts de l’image du Bigfoot. Son image est partout, transformant l’endroit en véritable piège à touristes porté sur le kitsch. Jim et Kelly sont d’ailleurs clairement de ceux-là : s’ils comptent bien filmer leur séjour, lui est un fervent croyant dans le Bigfoot. Il n’hésite pas à plonger tête la première dans le marketing général et veut plus que toute autre chose aller sur les lieux mêmes de la rencontre entre Patterson, Gimlin et le Bigfoot. Quant à sa copine, qui ne croit pas en l’existance de la créature, elle est surtout là pour s’amuser avec son petit copain et camper dans la luxuriante forêt d’un parc classé. En somme, on imagine que Golthwait documente là le véritable quotidien d’un patelin connu pour des raisons un peu saugrenues… Mais qu’en est-il du film en lui-même ? Et bien à vrai dire il se résume à pas grand chose. Les deux pseudo documentaristes qui partent la fleur au fusil et qui finiront par y laisser leur peau après s’être paumés dans la forêt… Tout se limite en réalité à une scène, assez longue et plutôt réussie. Reveillés en pleine nuit, Jim et Kelly se terrent dans leur tente, impuissants alors que des bruits étranges les environnent. Tantôt proches, tantôt loin, avec des cris, des bruits de branches qui craquent, des mouvements et même des pressions exercées sur la toile de leur tente. En maintenant sa caméra statique, Goldthwait joue habilement sur l’ambiance sonore et sur l’impuissance de ses personnages aux (non-)réactions réalistes et confinés dans un abri dérisoire. Efficace. C’est peu de choses pour un film d’angoisse, mais avec sa partie documentaire quelque peu satirique, c’est assez pour en faire un bon ressortissant du sous-genre found footage option “film de monstre”.

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