CinémaWestern

Un nommé Cable Hogue – Sam Peckinpah

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The Ballad of Cable Hogue. 1970.

Origine : États-Unis
Genre : Western paisible
Réalisation : Sam Peckinpah
Avec : Jason Robards, David Warner, Stella Stevens, Slim Pickens…

Un homme (Jason Robards) erre dans le désert à la recherche d’un peu d’eau. Cet homme se nomme Cable Hogue, et ce n’est pas de gaieté de coeur qu’il affronte la rudesse du désert. Il doit sa balade improvisée à Bowen et Taggart, deux crapules qu’il pensait être ses associés, et qui l’ont abandonné à son triste sort. Mais à toute chose malheur est bon, car au plus fort de son désespoir, Cable Hogue trouve une source d’eau. Sa fortune est faite.

Au regard de la filmographie de Sam Peckinpah, on se dit que l’humour n’y a pas vraiment droit de cité. Et bien on se trompe lourdement. Sam Peckinpah parvient toujours à instiller une dose d’humour à ses films. Bien évidemment jamais au point de pouvoir briguer le statut de roi de la gaudriole. Néanmoins, il sait décrisper les mâchoires à l’occasion, souvent de manière inattendue et dans des climats qui ne s’y prêtent pas toujours. Plus que des bouffées d’oxygène, ces petites touches d’humour constituent de véritables moments de vie. Après La Horde sauvage, film à la violence exacerbée et à la tonalité sombre, Sam Peckinpah nous revient avec un film beaucoup plus léger bien qu’en droite ligne avec ses oeuvres précédentes.

Une trahison donne le point de départ de l’histoire. Cable Hogue est un naïf, un trait de caractère bien handicapant dans le vieil Ouest. Sa naïveté a d’ailleurs bien failli lui coûter la vie. C’était compter sans sa bonne étoile, qui lui fait découvrir une source d’eau potable en plein désert. Naïveté ne rimant pas avec bêtise, il a tôt fait de réaliser tout l’argent qu’il peut se faire grâce à sa découverte. Et le chercheur d’or de se muer en vendeur d’eau. Cable Hogue n’est pas du genre à provoquer les choses, mais plutôt à subir les événements. Il possède néanmoins une forte capacité d’adaptation et une sacrée dose d’abnégation. Pour une fois que la chance lui sourit, il compte bien la faire fructifier, et fait des pieds et des mains pour obtenir le terrain duquel jaillit la source. Son envie est telle qu’il parvient à s’attirer les grâces du banquier de la ville voisine. Lui, Cable Hogue, le prospecteur sans le sou goûte enfin à la richesse. Son puits est une mine d’or qui contribue à son bonheur. Toutefois, ce dernier ne serait pas complet sans la présence de Hildy, une charmante prostituée sur laquelle Cable Hogue a flashé dès leur première rencontre. Malicieux, Peckinpah ne nous cache rien de ce qui a en premier attirer l’oeil du cowboy, multipliant les gros plans de son accorte poitrine. La jeune femme nourrit le rêve de partir un jour vivre à San Francisco. Au départ, elle considère donc Cable Hogue comme un client parmi d’autres. Et puis progressivement, elle s’attache à lui. Elle vit à ses côtés quelques jolis moments, durant lesquels elle se sent enfin femme. Mais elle ne se résout pas à oublier son rêve au profit de Cable Hogue. Elle finit par partir, tout comme le prêtre défroqué, compagnon des débuts du brave cowboy, qui souhaite prêcher sa bonne parole dans d’autres contrées. Cable Hogue reste seul au sein du havre de paix qu’il a bâti, peu désireux de repartir à l’aventure.

A l’image de son personnage principal, Sam Peckinpah délaisse les grands espaces. Il n’est plus question ni de fuite, ni de poursuite. Cable Hogue est un homme paisible, las des errances, et qui s’accroche à son bonheur de peur qu’on le lui reprenne. En apparence, Cable Hogue ressemble à un gagnant. Il a fait fortune, a séduit une jolie femme, et est respecté. Sa soif de vengeance, au départ très forte, ne le ronge pas longtemps, et il s’en désintéresse bien vite. Se venger signifierait repartir en vadrouille, et ça il ne le veut plus. Il est devenu casanier. Lui et son puits constituent le point central du film. Les personnages vont et viennent, mais finissent toujours par se retrouver chez Cable Hogue. Même les traîtres du début s’y échouent, jouets d’un destin farceur. Sam Peckinpah ne peut se défaire de ses préoccupations habituels : le vieillissement, le changement d’époque, la solitude. Sauf qu’ici, il paraît plus apaisé. La violence se fait rare (quelques coups de feu dénués de toute théâtralisation), et il n’hésite pas à verser ouvertement dans la romance. Il se permet même quelques fantaisies comme l’accélération de certaines scènes, ce qui nous ramène au bon vieux temps du cinéma muet. Et surtout, il se rit de la religion à travers le personnage du prêtre incarné par David Warner, qui pour assouvir sa libido, n’hésite pas à jouer de son statut auprès de jolies ouailles en détresse.

Un nommé Cable Hogue nous conte l’histoire d’un homme bon, qui n’aspire qu’au bonheur, et dont l’inertie le condamne à simplement le toucher du doigt alors qu’il avait la possibilité de le prendre à bras le corps. Voilà un film drôle et touchant qui nous donne un aperçu d’une facette inhabituelle de Sam Peckinpah. Bien loin des clichés dont il est souvent affublé, Sam Peckinpah se révèle sous un jour plus romantique, et confirme si besoin était, qu’il fait partie des plus grands.

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