Les Contes de la crypte 4-02 : A mourir de rire – Robert Longo
Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 02.
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Plus à l’aise dans des costumes bien taillés que sous une blouse, George Gatlin laisse à Sophie Wagner et Pack Brightman le soin d’élaborer la cellule miracle H-24. Lui s’occupe plus volontiers du service après-vente, des déclarations à la presse et de la quête de financements. Ce qui ne va pas sans quelques accrochages avec ses deux collègues, George ayant tendance à enjoliver la réalité, comme dans ce dernier communiqué de presse où il déclare que le C H-24 est prêt à la vente alors que dans les faits, il n’a été testé que sur des rats. A son corps défendant, et parce qu’il a la fâcheuse tendance de ranger son insuline n’importe où, George se voit inoculer la fameuse substance avec la promesse d’une mort imminente.
Ce second épisode au titre français encore une fois totalement hors sujet démarre à la manière de Mort à l’arrivée, ce film noir dont la particularité est de débuter par l’irruption d’un quidam dans un commissariat de police pour déclarer son propre assassinat. Contes de la crypte oblige, le plaignant débarque en traînant derrière lui le cadavre de celui qu’il prétend être son meurtrier. S’ensuit une narration en flash-back qui a pour vocation de boucler la boucle tout en illustrant la descente aux enfers de George.
George est de ces types à la suffisance irritante qui pensent qu’ils ont le monde à leurs pieds sous prétexte de posséder une belle petite gueule. La recherche en elle-même ne l’intéresse guère, au contraire de la gloire qui peut accompagner la découverte d’un médicament miracle. Il œuvre pour donner une visibilité aux recherches, tout en préparant le terrain à leur réussite à grands coups d’effets d’annonce qui valent autant de coups de pied aux fesses à l’intention de ses collègues. En somme, George passe son temps à les titiller, Pack Brightman sur le registre du professionnalisme, et Sophie Wagner, avec laquelle il a eu une relation, sur le plan sexuel. Trop sûr de son charme, il passe son temps à la provoquer, jusqu’à s’incruster chez elle à la nuit tombée pour assouvir sa libido tout en affirmant sa position dominante. Il agit en terrain conquis sur tous les fronts, affichant un profond mépris pour ses contemporains qui n’a d’égal que la haute opinion qu’il a de lui-même. Passé une entame prometteuse, l’épisode s’enlise dans une longue partie rébarbative qui n’a pour but que de préparer à la brutale chute de George du piédestal qu’il s’était confectionné. Tout ce qui a trait à la cellule miracle relève du McGuffin, dont on ne saura jamais vraiment quelles maladies elle traite en réalité. En fait, le récit ne décolle réellement qu’après l’injection à George du mauvais produit, événement qui n’intervient qu’au deux tiers de l’épisode. Et encore sa « souffrance » n’est-elle alors qu’effleurée, se limitant à quelques éructations et gouttes de sueur. Le réalisateur se permet bien quelques visions cauchemardesques pour rehausser le tout (Sophie Wagner couverte de pustules) mais celles-ci s’avèrent plus hors sujet que traumatisantes. Résultat, le récit opère un decrescendo constant jusqu’à la chute finale, aussi attendue que trop opportune.
Épisode plutôt fade, A Mourir de rire (ce titre…) ne revêt un réel intérêt que pour Robert Longo, qui faisait là ses premiers pas en tant que réalisateur. Par la suite, sa carrière ne décollera jamais vraiment puisque hormis à l’occasion de Johnny Mnemonic, il ne réalisera plus rien. A l’aune de ses deux réalisations, on peut néanmoins s’amuser de leurs concordances, les deux intrigues tournant autour d’un virus et de l’importance qu’il y a à trouver un traitement pour changer la face du monde, même si de par sa concision, A Mourir de rire ne fait qu’effleurer ces considérations.