Les Contes de la crypte 2-05 : À l’amour à la mort – David Burton Morris
Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 05.
|
Pour leur anniversaire de mariage, Richard et Della sont conviés par leur ami Alan à un week-end romantique dans l’une de ses propriétés. Particulièrement tendu, Richard ne profite guère du séjour, commençant à nourrir de sérieuses suspicions. Et si Della et Alan lui faisaient un enfant dans le dos ?
La première saison l’a démontré à l’occasion d’un épisode consacré à un couple de retraités (La Collection), la série sait aussi tirer tout le miel de situations on ne peut plus quotidiennes. À l’amour à la mort suit la même démarche se proposant d’ausculter le basculement progressif de Richard dans les méandres de la jalousie.
L’intrigue s’articule autour d’un triangle -supposé- amoureux (le domestique et quatrième larron, Alvarez, ne revêt aucune utilité) au sein duquel la tension va aller crescendo. La manière employée ne fait pas dans la dentelle tant le moindre événement concourt à nourrir la jalousie de Richard. Un Richard déjà très affaibli psychologiquement, qu’on devine proche de la dépression. Richard a peu à peu perdu toute confiance en lui. Professionnellement, sa situation a périclité au point qu’il doive se satisfaire d’un travail de serveur en attendant des jours meilleurs… qui ne viennent pas. En outre, Della et lui n’ont toujours pas réussi à avoir d’enfant. Mises bout à bout, toutes ces contrariétés minent considérablement le moral de Richard. A cela s’ajoute le retour d’Alan, ami de longue date quelque peu perdu de vue, et avec lequel Della passe beaucoup de temps. Alan est un homme riche dont le moindre cadeau dispendieux à l’attention de Della est vécu comme un camouflet par Richard. Alors forcément, ce dernier finit par se morfondre, noie ses malheurs dans l’alcool et commence à douter de la fidélité de sa femme selon une mécanique infernale qui ne s’embarrasse guère de subtilité. A croire que Della et Alan le font exprès rien que pour irriter le pauvre Richard. Messes basses en veux-tu en voilà, allusions déplacées (Alan disant à Richard qu’il a eu bien de la chance de la voir le premier), longues veillées passées ensemble alors que Richard rumine seul dans son lit… Pour un soi-disant week-end romantique offert de bonne grâce au couple, Alan se montre un peu trop présent, et surtout accapare de trop l’attention d’une Della visiblement guère désireuse de se retrouver en tête-à-tête avec son mari. Et quand bien même la demeure bénéficie d’une belle superficie, le climat devient rapidement asphyxiant autour du trio. Car si les moyens sont grossiers, le résultat est quant à lui des plus efficaces et nous amène à la fin attendue. Certes, le suspense en prend un coup mais l’entretenir ne compte pas de manière générale parmi les objectifs de la série. Les fins horribles, macabres et/ou teintées d’humour noir font partie intégrantes de ses gênes. Et c’est pour ça qu’on l’aime ! Néanmoins, l’épilogue s’avère particulièrement réjouissant dans sa volonté d’aller au bout du grotesque.
Sans grands noms au générique (David Burton Morris, le réalisateur, est un habitué du petit écran, et Gavan O’Herlihy un acteur de second plan vu notamment dans Willow), À l’amour à la mort confirme que Les Contes de la crypte est bien davantage qu’une série événementielle. Jusqu’à présent, même lors d’épisodes plus décevants, tous se distinguent par leur production très soignée. Ici, David Burton Morris nimbe son récit d’une atmosphère feutrée, presque cotonneuse comme pour mieux nous immerger dans l’esprit de Richard, embrumé par les volutes d’alcool. Le réveil n’en est que plus brutal, et confère toute sa force à un plan final décidément bien savoureux. Pour romantique qu’il puisse être, la jalousie n’est pas un sentiment joli-joli.