Histoires fantastiques 2-06 : Le Grand “Truc” – Joe Dante
Amazing Stories. Saison 2, épisode 06
|
Après avoir jeté les livres de son gamin, qu’elle juge trop enfantins pour son âge, une ménagère voit débarquer chez elle un monstre qui, tout gentil qu’il soit, va tout de même bouffer tous les objets de la barraque…
Un épisode qui devait être à l’origine réalisé par Steven Spielberg d’après sa propre histoire concrétisée par un scénario de Mick Garris, mais qui échoua finalement dans les mains de Joe Dante après que Whoopi Goldberg, initialement prévue, se soit désistée.
The Greibble propose une intrigue pouvant évoquer celle de Gremlins, avec son monstre facétieux venant semer le trouble dans un cadre bourgeois d’une façon assez peu délicate. Sauf que là où Gremlins était tiré vers le haut par un Joe Dante ayant sû imposer sa patte par-delà celle de son producteur, The Greibble demeure avant tout un produit Spielbergien auquel Joe Dante n’a pas su ou pas pu apporter toute son irrévérence. Il faut dire que toute la série Amazing Stories fut contrôlée de A à Z par Spielberg, qui conçu lui-même nombre des histoires, et qui pour l’occasion fit pleuvoir les dollars en cascade, ce qui fit dire à Dante que la série fut surproduite et que The Greibble “a dû être la demi-heure la plus cher de l’histoire du cinéma”.
Alors donc, que trouvons-nous dans cet épisode ? Et bien pas grand chose, à vrai dire. Une morale typiquement Spielbergienne assénée à la massue : en jetant les livres d’enfants, cette mère de famille a provoqué l’arrivée du Greibble, en fait l’un des héros de l’un de ces livres, qui du fait de son caractère foncièrement sympathique et de son look qui l’est tout autant (un grand monstre aux poils roses) fera prendre conscience à cette femme qu’il n’est pas bon de vouloir se séparer de ses imageries enfantines. Voilà. C’est simple, c’est direct, et ce n’est assurément pas le genre de morale véhiculée par Dante. Ou plutôt, Dante, s’il peut tout de même se reconnaître là-dedans (après tout, lui aussi est amateur de bandes dessinées), n’a pas franchement l’habitude de prôner une telle vision de façon aussi directe. L’histoire écrite par Spielberg friserait donc la niaiserie s’il n’y avait pas le côté cartoon du monstre, à l’esprit très BD, très Looney Tunes. Un monstre qui mange tout, y compris la photo de famille, malgré l’interdiction formelle énoncée par la ménagère. On sent ainsi à quelques reprises que l’épisode est tout prêt de partir en vrille, mais malheureusement, ce n’est jamais le cas. Il faut dire que sa courte durée ne l’aide pas, et la marge de manoeuvre est mince : soit l’anarchie arrive, ce qui aurait donc rendu le tout bien plus difficile à gérer dans le cadre restrictif d’une série télé, soit rien n’arrive. Ce sera la seconde solution qui prendra le dessus, et une fois sorti de l’exposition, l’intrigue n’aura pas grand chose à présenter, si ce n’est son Greibble sympathique mais tout de même trop sage. On appréciera quand même l’apparition de Dick Miller, même si son rôle s’avère inutile. Quelques bonnes idées éparses, comme une petite pique déstinée aux soap operas et à la télévision en général -qui finira bouffée par le Greibble- ou encore des partis-pris visuels bien vus (placer l’exposition lors d’une grosse averse, ce qui contraste avec la vision ensoleillée généralement proposée par les films se déroulant en milieu bourgeois) réussiront à sauver le tout et à rendre l’épisode plaisant, quoique toujours décevant.