Truands – Frédéric Schoendoerffer
Truands. 2007Origine : France
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Frédéric Schoendoerffer a assurément le sens des titres. Après avoir réalisé Agents secrets, qui racontait une histoire d’agents secrets, voilà qu’il tourne un nouveau film sobrement intitulé Truands. Rarement un film n’a été affublé d’un titre aussi peu original et creux. Le spectateur malin aura tôt fait de comprendre que cette fois-ci, ce sera une histoire de truands qu’on nous racontera.
Et en effet, Truands raconte l’histoire de Claude Corti, qui a 52 ans est devenu une sorte de parrain dans le grand banditisme parisien. Il contrôle tout : proxénétisme, trafic de stupéfiants, faux billets, voitures, rackets, braquages… et prend une commission sur tout. C’est aussi l’histoire de Frank, un ami de Corti mais également un tueur à gage redoutable. Et celle de Hicham et Larbi, deux cousins aux dents longues qui aimeraient bien prendre la place de Claude…
Tout ce petit monde se retrouve plongé dans le chaos lors de l’arrestation de Frank.
Mais toute la maestria de Schoendoerffer dans le choix du titre ne nous apparaît qu’à la fin du film. En effet, ce titre plat et sans originalité ne se rapporte pas tant au scénario, qu’à la mise en scène, également plate et sans originalité. C’est fort quand même.
Depuis le merveilleux Samouraï, et sans doute même avant, le polar français n’a eu de cesse d’imiter son grand frère américain à la mise en scène flamboyante. Hélas, bien peu de cinéastes français ont le talent qu’avait Melville pour transcender ses films. Et Schoendoerffer ne déroge pas à la règle. Il prend un peu du Parrain, un peu de Casino, un peu de Heat, on mélange le tout n’importe comment, et voilà un joli navet aux relents de tragédie grecque faisandée… Schoendoerffer prend le parti de décrire son milieu de truands au mépris de tout réalisme, et avec une vulgarité assez impressionnante. On se demande donc ce qu’il a fait de « l’impressionnant travail de documentation » qu’il se targue d’avoir mené… Ensuite, il ne lésine pas sur les insultes et les scènes de sexe. Etait-il nécessaire de se vautrer ainsi avec complaisance dans la vulgarité, uniquement pour montrer qu’être truands, c’est pas bien ? Le procédé me paraît plutôt gros et inapproprié.
Le casting n’est guère plus brillant : Phillipe Caubère gesticule comme un clown, Magimel est persuadé qu’en se mettant plein de gomina dans les cheveux, il ressemblera à Alain Delon, et Olivier Marchal (déjà auteur d’une copie de Heat assez sympathique cependant avec son 36 quai des orfèvres) vient faire de la figuration…
Bref, hormis un certain rythme et quelques scènes de violences gratuites très impressionnantes qui viennent sauver le spectateur de l’ennui, il ne reste pas grand chose à sauver de ce film sans âme ni originalité, qui sera vite vu et encore plus vite oublié.