Transformers 2 : La Revanche – Michael Bay
Transformers : Revenge of the Fallen. 2009Origine : Etats-Unis
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Deux ans après avoir brillamment combattu les Decepticons au côté de Optimus Prime, Sam Witwicky aspire désormais à une vie normale. Seulement voilà, sa destinée ne l’entend pas de cette oreille. A peine arrivé à l’université, le pauvre Sam se met à avoir des hallucinations à base de mystérieux hiéroglyphes qui pourraient avoir un lien avec l’origine même des Transformers. Désireux de récupérer dans son cerveau les informations qui les mèneront à leur Graal, à savoir une source d’Energon qui leur permettrait d’extraire toute l’énergie de la planète Terre, les Decepticons le prennent en chasse. Protégé au péril de sa vie par Optimus Prime, Sam se résout à embrasser une nouvelle fois sa destinée héroïque et à sauver le monde. Par contre, il n’est pas sûr que dans ces conditions, il réussisse son année…
Michael Bay personnalise à lui tout seul la dégénérescence du cinéma hollywoodien, dans son acceptation la plus commerciale. Plus ses films sont cons, vulgaires et lourdingues, plus ils cassent la baraque. Transformers n’a pas dérogé à la règle, amassant les dollars par millions pour ce qui à l’époque constituait le plus gros succès du réalisateur. Par contre, lorsqu’il s’essaie à un film au contenu un peu plus philosophique, c’est le bide assuré (The Island – 2005). Aucun risque avec les Transformers, adaptations d’un dessin animé lui-même inspiré d’une gamme de jouets, pour lesquels il mêle ses ingrédients favoris : humour bas du front, grivoiserie et action illisible. Ouvertement orienté “teenagers” avec son héros adolescent dont l’héroïsme lui permettra non seulement de sauver le monde (air connu) mais également, et c’est cela le plus important, de conquérir le cœur de la torride Mikaela, Transformers s’avérait décevant sur l’essentiel : les robots. Avec sa manie des plans ultra courts, il était quasiment impossible de profiter pleinement de leurs prouesses et de leurs multiples transformations. En outre, Michael Bay n’hésitait pas à en faire les vecteurs d’un humour douteux, pour ne pas dire scatologique (clou du spectacle, un Autobot –les robots gentils– faisant “pipi” sur le pauvre John Turturro). Sur ce plan là, Michael Bay nous devait une revanche. Incorrigible, il n’a pu s’empêcher de contrebalancer les nombreux combats entre Transformers avec les facéties de deux nouveaux Autobots aux têtes de goblins.
Nanti d’un budget confortable et conscient des règles implicites qui régissent toute séquelle, Michael Bay a décidé de mettre le paquet. Ainsi, passé un prologue préhistorique introduisant ce qui sera le cœur du récit –les premiers Transformers présents sur Terre–, le film démarre par une grosse scène d’action mettant en valeur Optimus Prime et les Autobots. Depuis les évènements du premier film, le leader des Autobots compose avec les troupes dirigées par le Major Lennox un commando top secret chargé d’identifier et d’éradiquer tous les Decepticons de la surface de la planète. Et ce commando, baptisé Nest, ne chôme pas puisqu’on apprendra par la suite que beaucoup de Decepticons sont déjà venus sur notre planète, étant à l’origine de toutes les rumeurs tournant autour des extraterrestres. De la castagne, de la tôle froissée et des explosions, il y en aura donc beaucoup durant les 2h20 que dure le film. Trop même, ce qui trahit une volonté de remplissage au détriment d’un scénario prétexte et de personnages fantoches. On pourrait facilement mettre ça sur le dos de la grève des scénaristes qui avait à l’époque perturbé bon nombre de films et séries télé, ce dont ne se prive d’ailleurs pas Michael Bay. Cela serait trop facile. En vérité, et c’était déjà le cas lors du premier film, l’interaction homme-machine ne prend guère. La puissance des Transformers est telle qu’on se demande par quel miracle les membres de la Nest ne se font pas copieusement décimer. Il y a là un décalage entre la puissance de feu des robots et leurs conséquences qui ne plaide pas en la faveur du film. Certes, cela va dans le sens d’un film tout public mais n’aide pas à faire de la majorité des personnages autre chose que des pantins voués à apporter une petite touche d’humanité dans un univers totalement virtuel. Mis à part ça, on se désintéresse totalement de leur sort, à l’image d’un Michael Bay qui ne rate jamais une occasion de les ridiculiser, sauf les soldats. Ben oui, le bonhomme semble avoir une fascination pour l’armée et se garde bien de rire de ses troufions. S’ils n’ont rien d’autre à faire à part vociférer en permanence et apporter leur contribution à la dimension pyrotechnique du film, au moins restent-ils dignes. Il en va de l’honneur de la patrie. Alors le bougre se lâche sur les civils, dispensant généreusement son sens aigu de la finesse.
A l’instar du précédent volet, Transformers 2 prend des allures de sitcom dès que l’intrigue se resserre sur Sam et ses déboires adolescents. De ses adieux déchirants avec Bumbledee (larmes comprises mais pas de la part de celui qu’on croit) à ses premiers pas au campus en passant par la consommation malencontreuse de boulettes de shit par sa maman, on nage dans un océan de gags plus affligeants les uns que les autres. Et que dire de la vision de ces accortes étudiantes au teint hâlé, filmées au niveau des fesses pour bien titiller la libido du public visé. Belles pépées + grosses cylindrées, voilà l’équation gagnante d’un Michael Bay au sommet de son art bourrin. Et en adepte de l’humour gras, il ne rechigne jamais à en parsemer ses films, poussant le bouchon jusqu’à filmer les couilles d’un robot. A Michael Bay, rien d’impossible. Quoique. Depuis le début de sa carrière, il éprouve les pires difficultés à faire court, la faute ici à une entame particulièrement laborieuse. Il lui faut pas moins d’une heure pour réellement entrer dans le vif du sujet. Et même ceci fait, il faut encore composer avec des personnages superflus et insupportables tels Léo, le colocataire de Sam, ou encore ses parents qui réapparaissent au moment du climax pour une scène déchirante. Je rigole. De l’émotion, Transformers 2 n’en distille guère. Allez, en cherchant bien, j’ai bien esquissé un ou deux sourires grâce à un Decepticon miniature au langage peu châtié, mais c’est tout. Pour le reste, calme plat. En même temps, fin du monde ou non, il est difficile de se sentir concerné par le sort de personnages dont se contrefout le réalisateur en personne. Lui, tout ce qui l’importe, c’est que ça fasse “badaboum” de la manière la plus spectaculaire possible en multipliant les robots, quitte à en sous utiliser certains (je pense à ce Decepticon aspirateur qui se cantonne à un tout petit périmètre), afin de faire tinter le tiroir caisse. De ce point de vue là, le contrat est rempli puisque sur le seul sol américain, les chiffres de Transformers 2 ont dépassé ceux de Transformers.
Quand je vois de tels films aujourd’hui, j’en viens à me demander si je ne suis pas trop vieux pour ces conneries. Dans toute cette débauche d’effets spéciaux, je ne perçois plus aucun motif d’émerveillement. Je n’arrive même plus à éprouver un plaisir coupable pour ce genre de spectacle puisque justement, de plaisir, il n’y en a pas. Pour autant, doit-on en conclure que Michael Bay prend les spectateurs pour des cons ? J’aurais envie de répondre par l’affirmative mais en réalité, je me rends compte que ce n’est pas le cas. Quelque part, si ces films marchent, il en va de la responsabilité des spectateurs qui se satisfont de ce genre de spectacle ultra calibré et oubliable. Autant je peux comprendre que la perspective de voir s’affronter des robots géants transformables fasse envie au début, moi-même je me suis fait avoir la première fois, autant je m’interroge sur l’engouement toujours grandissant pour des films qui finalement se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Qu’y a-t-il de différent entre Transformers et Transformers 2, si ce n’est de la surenchère ? Absolument rien. Les personnages demeurent les mêmes, le Bien triomphe du Mal et la fin laisse la porte ouverte à un troisième film. Ah, si ! Sam déclare enfin sa flamme à Mikaela. Une petite touche romantique qui prend rétrospectivement une dimension amusante puisque pour de menues divergences avec Michael Bay, Megan Fox –Michaela– a claqué la porte du tournage de Transformers 3, laissant sa place à une nouvelle bimbo actrice. Tout un film pour que les deux tourtereaux assument ouvertement leur amour mutuel sans qu’on puisse profiter de l’évolution de leur idylle, avouez que c’est rageant !
Pour le départ du personnage de Megan Fox, il s’agit de Spielberg, producteur des films Transformers, qui a ordonné à Michael Bay de virer l’actrice après que celle-ci ait comparé Michael Bay à Hitler. Même Michael Bay trouvait cela trop excessif au point qu’il la rappellera pour qu’elle joue dans Les Tortues ninjas de 2014 et 2016, que tout le monde a l’air d’apprécier sauf moi, autant les films des années 90 que ceux des années 00 et surtout la série animée. Je comprends pas l’engouement pour ces films et série, alors qu’ils viennent d’un comics violent et sanglant comme les Men in black et The Mask.
Concernant Transformers, un internaute a parfaitement décrit les films, en les comparant à deux décharges d’ordures qui copulent. Je trouve que c’est une bonne définition de la franchise.