The Roost – Ty West
The Roost. 2005Origine : Etats-Unis
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Quatre jeunes gens se rendent au mariage de l’un de leurs amis, le soir de Halloween. On devine un trajet long et pénible. A l’approche des douze coups de minuit, une chauve-souris percute leur voiture et leur fait quitter la route. La tuile ! La voiture ne peut plus repartir. Les quatre amis partent chercher des secours et s’arrêtent à une ferme, dans l’espoir de téléphoner. Manque de pot, les occupants sont absents. Pire encore, plein de chauve-souris avides de chair fraîche rôdent alentours, et cette ferme pourrait bien marquer la fin du voyage.
Ti West peut s’estimer heureux. The Roost, son premier film, a bénéficié d’un accueil plus que chaleureux dans tous les festivals qui ont eu la gentillesse de le présenter. Cela n’augure pas forcément d’une carrière phénoménale, mais au moins cela a le mérite de l’encourager à continuer. Actuellement, il assure la post-production de son troisième film, Cabin Fever 2. A l’opposé d’un projet personnel, ce film s’affirme comme le passage obligé pour un jeune réalisateur, désireux de connaître une diffusion un peu moins confidentielle de son travail. Mais revenons-en à The Roost.
Nanti d’un maigre budget, Ti West se borne à tourner dans un lieu unique, pour minimiser les contraintes d’ordre logistique. Le huis clos a déjà fait ses preuves dans le genre horrifique, et il constitue une base solide pour l’édification d’un climat de peur. Dès l’entame du film, Ti West nous enferme dans l’habitacle de la voiture en compagnie des quatre jeunes gens. Le dialogue qui se déroule entre le conducteur et sa voisine nous présente le but de leur voyage. Ce dernier tire en longueur et tous sont éreintés et/ou passablement sur les nerfs. Et l’accident dont ils sont victimes n’arrange rien. Comme nous, ils se retrouvent perdus en pleine nuit, dans une région qu’ils ne connaissent pas, à des lieues d’une quelconque agglomération. Seule oasis au milieu de cet océan de vide, une ferme isolée que les occupants semblent avoir désertée. Nous autres, spectateurs, savons qu’il n’en est rien. Alors qu’il était légitime de penser que le réalisateur allait constamment nous placer dans le rôle du cinquième élément (beurk!), dans la continuité du début du film, il nous donne soudainement un coup d’avance en nous faisant assister à la disparition du vieux couple, propriétaire de la ferme. Certes, il prend le soin de rester évasif quant à leur devenir, néanmoins, nous savons à cet instant que le drame se jouera ici. Dès lors, nous devenons pleinement spectateur, et cette sensation de faire partie du groupe s’estompe. Un groupe qui se compose de personnalités mal définies. Ti West ne s’embarrasse pas de vaines présentations. Tout juste apprendrons-nous, au détour d’un dialogue, qu’il y a là un frère et une soeur et qu’ils sont tous les quatre amis de longue date. Dans ce genre de film où la moitié de la distribution est appelée à disparaître, les actes comptes plus que les mots. A ce niveau là, ils font d’ailleurs preuve de beaucoup moins de naiveté que la plupart des personnages d’un slasher lambda, par exemple. Une fois qu’ils ont compris de quoi il retournait (une nuée de chauve-souris belliqueuses possèdent la faculté de transformer les gens qu’elles mordent en morts-vivants), ils jouent la prudence et ne s’amusent pas à partir seuls en goguette. A ce titre, la scène la plus représentative montre deux d’entre eux tenter de récupérer les clefs de voiture d’un policier du coin, fraîchement zombifié, et qui paraît à nouveau bien mort. Pour parer à toute éventualité, les deux compères s’arment d’une fourche et d’une pelle et le rouent copieusement de coups. Ainsi, pas de mauvaise surprise. Et si jusqu’à présent, The Roost ne brillait pas par sa mise en scène (les scènes d’action filmées caméra à l’épaule ne sont pas du plus bel effet), au moins accordait-il du crédit à ses personnages, chose plutôt rare dans le film d’horreur actuel. Dommage que Ti West ait souhaité jouer au plus fin en plaçant son film sous l’égide d’un narrateur qui se plaît à prendre de haut les protagonistes de l’histoire. En réalité, le film s’ouvre et se clôt par une séquence en noir et blanc, au cours de laquelle le bras droit de la mort évoque le contenu de The Roost. Il se permet même d’interrompre le film en cours de route, déplorant la détresse qui s’empare des personnages principaux. Il agit sur le cours de l’histoire pour que les personnages fassent preuve de davantage de bravoure et meurent avec panache. Par ce procédé, on a la désagréable impression que Ti West ne croit pas en ce qu’il raconte. Comme s’il souhaitait montrer aux spectateurs qu’il n’est pas dupe de ce qu’il filme. Que le genre horrifique n’est pas à prendre au sérieux, et qu’il sait parfaitement s’en moquer. Cela confère au film un aspect bancal. D’un côté, nous avons un film d’horreur de facture classique et qui fait écho à tout un pan de la cinéphilie, et de l’autre, une tentative de prendre de haut un genre pourtant grandement estimable. Difficile alors de trembler devant un film qui apparaît à mi-parcours comme une fumeuse plaisanterie.