The Good German – Steven Soderbergh
The Good German. 2006Origine : Etats-Unis
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1945, l’Allemagne a capitulé, Berlin bombardée est en ruines. Conférence de Potsdam pour se partager l’Europe entre les trois grands vainqueurs, le Royaume Uni, les Etats-Unis et l’URSS et décider du sort des ennemis et en l’occurrence du Japon qui combat toujours.
Berlin est déjà coupée en quatre, la France bien qu’absente à la conférence de Potsdam a eu sa part de la capitale allemande.
The Good German, réalisé par Steven Soderbergh est un film étrange. Intéressant, mais étrange. Ainsi, il a été tourné avec les techniques des productions des années 40, auxquelles il fait directement référence. C’est un choix risqué mais qui donne tout son charme au film. On reconnaît alors le grain et la couleur qui font le charme de ces vieux films qu’on aime découvrir ou redécouvrir. On pense à Casablanca bien évidemment, du coup, la touche de Michael Curtiz (réalisateur de Casablanca) se retrouve à l’écran, c’est un vrai film hommage, non seulement dans la technique cinématographique, mais aussi dans la direction des acteurs et actrices. Outre Curtiz, Hitchcock est aussi à l’honneur, et tout fan d’Hitchcock verra dans The Good German une référence, sinon une inspiration à Les Enchaînés dans lequel le maître du suspens dirigeait Cary Grant et Ingrid Bergman. D’ailleurs Soderbergh ne s’en cache pas, et le film qu’il nous présente est inspiré de nombreux films qui ont marqué les années 40, de ces thrillers politiques et historiques qui ont contribué à l’histoire du cinéma.
Ainsi, Soderbergh choisit avec The Good German d’adapter le roman éponyme de Joseph Kanon à la sauce années 40. Le résultat est des plus intéressants bien qu’il puisse dérouter le grand public par son noir et blanc et cette façon de construire le film. C’est donc assurément un film qui n’est pas grand public, par les choix techniques mais aussi par cette histoire complexe qui mérite toute l’attention du spectateur.
De la sorte, sans entrer dans les détails d’une intrigue compliquée, Soderbergh nous livre un film partagé en trois parties inégales. Trois parties et trois points de vues. On débute avec Tobey Maguire qui joue Tully chauffeur de l’armée qui profite du chaos de Berlin pour amasser le plus d’argent. On suit ensuite le point de vue de Clooney, Geismer, le personnage principal, journaliste qui se trouve confronté à enquêter sur le meurtre de son chauffeur qui a un lien direct avec Lena, une de ses anciennes maîtresses. Enfin donc, on suit la point de vue de Cate Blanchett, Lena, femme complexe et sombre. Ainsi, Soderbergh utilise la technique du passage de relais, c’est à dire passer d’un personnage à l’autre tout en suivant l’intrigue. Bien sûr, les autres personnages interviennent, mais le point de vue reste individuel, ce qui rajoute au film un côté mystérieux accentué.
Ainsi, Geismer, joué par un Clooney très sobre se retrouve au milieu d’un complot mettant en scène Russes et Américains dans un Berlin qui tente de se relever du nazisme et des nombreux bombardements. Les décors (très années 40) nous montrent des immeubles démolis, abîmés, et c’est dans cette ambiance que le réalisateur va nous parler d’un sujet qui prend toute son ampleur à mesure que le film avance : la lutte entre les USA et l’URSS pour récupérer les savants nazis. Ainsi, d’un côté les autorités cherchent à faire juger les criminels nazis, et traquent ceux qui ont participé aux crimes des Juifs, mais sont prêts à faire l’impasse sur ces crimes si ladite personne est un savant pouvant contribuer à rendre plus puissant la nation qui le débusquera. Ainsi, en arrière plan, Russes et Américains se livrent une vraie bataille pour récupérer les cerveaux. De ce fait, même si le film tourne davantage du point de vue ‘ricain, l’armée US est partagée en deux, entre ceux qui cherchent les criminels pour les juger et ceux qui cherchent ces mêmes criminels pour leur offrir une belle maison en banlieue chic aux Etats-Unis. Soderbergh dénonce alors cette horreur, cette hypocrisie, et ce choix de ne pas rendre justice. C’est un film engagé, qui met l’accent sur un sujet qui n’est que trop rarement énoncé et dénoncé. La question posée est donc de savoir si on avait le droit de protéger des criminels sous prétexte qu’ils savaient construire des bombes.
Bien sûr le film n’est pas que ça, c’est avant tout un thriller avec une enquête, c’est un film noir, intéressant sur plusieurs points, la technique, les acteurs avec un casting formidable, une Cate Blanchett réservée et mystérieuse qui nous fait penser parfois à Ingrid Bergman, et un Clooney qui nous rappelle aisément Cary Grant.
Bref, c’est un film qui est passé un peu inaperçu, et qui pourtant s’avère engagé, intelligent, bien qu’il soit difficile à suivre. On pourra reprocher peut-être à Soderbergh d’être tombé dans l’exercice de style, mais je crois qu’il faut apprécier à sa juste valeur l’hommage intime que fait le réalisateur à ces vieux films qui ne vieillissent pas. Peut-être qu’il manque là une certaine touche personnelle à l’instar d’un Tarantino qui malgré les références et les hommages arrive toujours à poser sa touche bien à lui. C’est ce qui manque à Soderbergh qui s’applique un peu trop dans ce film. Néanmoins, je le conseille, ça éveille des souvenirs et donne envie de ressortir quelques DVD !
Je n’ai toujours pas vu le film, mais vu le sujet j’ai l’impression qu’il défonce des portes déjà ouvertes. Dénoncer le double jeu des américains qui jugeaient des criminels de guerre nazis en même temps qu’ils cherchaient à mettre la main sur ceux qui étaient capables de créer des armes de guerres, leur promettant une vie meilleure aux États-Unis, était déjà assez connu. Mais il est bien tard de le dénoncer dans un film qui a l’air un peu prétentieux en voulant utiliser les techniques de l’époque pour tourner le film comme si on était à la chute du Reich.
Ça reste un curiosité mais je suis pas pressé de le regarder. Par contre, si Clooney croit qu’il dénonce quelque chose d’important, comme il le fait dans les films dans lequel il joue ( Syriana de Michael Clayton), il peut retourner passer ses vacances en Italie. Ses petites leçons me le rendent antipathique et pitoyable. J’ai pas besoin de lui pour savoir dans quel monde je vis.