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Parasite – Charles Band

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Parasite. 1982

Origine : États-Unis 
Genre : César avant Auguste 
Réalisation : Charles Band 
Avec : Robert Glaudini, Demi Moore, Luca Bercovici, James Davidson…

Nous sommes en 1992 et voilà déjà dix ans qu’une guerre nucléaire a dévasté les États-Unis. La vie y est devenue périlleuse, et lorsque les gens ne sont pas livrés à leur triste sort, ils sont à la merci d’un gouvernement fascisant. C’est encore parce qu’il préfère la première à la deuxième de ces plaies que le docteur Paul Dean (Robert Glaudini) a fui New York pour l’ouest, apportant avec lui son matériel et deux spécimens d’un parasite désiré par les autorités, dont l’un se trouve dans son propre estomac, ce qui n’est pas sans lui causer quelques désagréments. Désireux de découvrir une façon de se débarrasser de l’intrus à l’aide de celui qui est enfermé dans un récipient, il pose son matériel dans la petite bourgade oubliée de Joshua. Entre-temps, il contient la croissance de son parasite grâce à des piqûres qu’il s’injecte dès que le besoin s’en fait sentir. Mais il n’est pas dit que les choses seront aussi simples : une bande de punks sévit à Joshua, et le matériel trimballé par Paul ne lasse pas de titiller leur curiosité. Et puis il y a l’envoyé du gouvernement qui est bien décidé à retrouver sa trace…

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S’il n’a jamais vraiment arrêté de produire dès son entrée dans le monde du cinéma en 1973, Charles Band s’est longtemps avéré bien moins conséquent dans sa carrière de réalisateur. De la quarantaine de films qu’il a réalisés, une dizaine seulement ont été tournés au cours des 20 premières années de sa carrière. Et encore : quatre ans séparent son premier film (une parodie du Dernier tango à Paris nommée Last Foxtrot in Burbank) du second (Crash), et cinq ans de ce dernier au troisième, Parasite. Ce n’est que suite à celui-ci qu’il commencera vraiment à enchaîner les expériences, jusqu’à parvenir à un rythme industriel durant les années 90. En ajoutant à cela que nous n’étions plus qu’à un an de la création de la compagnie Empire, on peut légitimement penser qu’avec Parasite -ainsi que Metalstorm, la tempête d’acier tourné juste après- , la carrière de Charles Band atteignait un charnière peut-être encore plus décisive que celle qui le fit passer de l’Empire à Full Moon. Les caractéristiques de sa première compagnie de production se mettent en place, sans toutefois que son style bien reconnaissable (né de la capacité à cerner les attentes du public des films de série B) soit entièrement rodé. De même, niveau personnel, le beau linge de l’Empire côtoie des gens qui sortiront bientôt de l’univers de Charles Band. Parmi les futurs rescapés se trouvent le compositeur Richard Band, le chef opérateur Mac Ahlberg, le monteur Brad Arensman, le “superviseur de production” J. Larry Carroll, l’assistant réalisateur Peter Manoogian, ainsi que Luca Bercovici, le futur créateur des Ghoulies qui se place ici devant la caméra. Pour la plupart -Mac Ahlberg étant l’exception la plus notable-, ils gravitaient déjà autour de Charles Band auparavant, notamment pour L’Alchimiste qui était toujours en attente de distribution. De ce dernier proviennent également l’acteur Robert Glaudini et le scénariste Alan J. Adler, qui à l’inverse n’intégreront jamais les studios de Charles Band. Aux effets spéciaux, Stan Winston en est lui aussi à sa seconde et dernière collaboration avec Band, même si la première date des années 70. Il serait intéressant de savoir pourquoi untel est resté auprès de Band et tel autre est parti, mais en l’absence de documentation précisant la nature de ces choix (artistiques ou autres), on peut tout de même noter que la machine se met globalement en place.

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Dans le même ordre d’idée, et comparativement à L’Alchimiste, Parasite apporte à la fois une approche plus extravagante sans pour autant frayer avec le grand-guignol Empire. D’un côté, il y a l’adoption de la 3D -purement dans l’ère du temps- et un scénario passe-partout faisant la part belle aux effets gores, aux monstres dentus et aux punks post-apocalyptiques, mais de l’autre il y a toujours ce traitement sérieux hérité des années 70. Il est vrai que le temps des films d’horreur au second degré n’était pas encore tout à fait lancé, et que même au summum de sa carrière, Band n’a jamais été aussi novateur que Roger Corman. N’empêche qu’il ne se facilite guère la tâche, devant ainsi concilier des éléments quelque peu clownesques et la nécessaire tenue qu’exige le premier degré. A vrai dire, il ne s’en sort pas trop mal en faisant le choix de poser de sérieuses limites aux pitreries potentielles. Ainsi, le côté post-apocalyptique s’éloigne largement des clichés attendus, rejetant les accoutrements et les décors associés au genre pour se contenter de la désolation d’un patelin désertique qui n’a certainement de toute façon jamais été bien dynamique. Les exactions de la petite bande de punks ne dépassent pas le cadre de la simple intimidation et eux-mêmes ne présentent nulle ambition mégalo, ce qui bien sûr réduit leur portée mais convient en fait bien à cette intrigue qui repose justement sur le calme (perturbé) nécessaire aux expériences du brave Dr. Dean. De même, l’émissaire du gouvernement vient seul, et s’il amène avec lui sa voiture futuriste et son pistolet laser, on ne peut guère dire qu’il apporte une quelconque folie. Enfin, bien que l’on n’évite pas quelques plans balançant des trucs à la face des spectateurs, l’usage de la 3D se fait oublier lorsque le spectateur regarde le film en version plate. Par conséquent, Parasite se refuse absolument à être un film d’action post-Mad Max 2. C’est un film de science-fiction horrifique, et Band se le tient pour dit. Il colle à l’histoire des parasites, de laquelle tout découle, y compris les méfaits des punks qui ont eu la malencontreuse idée de libérer le second parasite. Ils se retrouvent donc gros-jean comme devant, avec l’un d’entre eux servant désormais d’hôte à la bête agissant cette fois comme une sangsue. Et dès qu’elle en aura terminé avec cette première victime, une autre suivra. De quoi calmer leurs ardeurs. Mais piètre consolation pour Paul Dean, qui a absolument besoin du second spécimen pour prétendre tuer celui qui est en lui. Le plus tôt sera le mieux, car ses crises empirent et le type du gouvernement est tout près. Toutes ces composantes sont donc amenées à se croiser dans la dernière partie, laissant ce qui précède dans une certaine fièvre reposant sur la variété des points de vue, sur l’urgence de chaque clan impliqué et l’usage d’effets horrifiques (plaies diverses, tête qui éclate, et bien sûr le parasite lui-même, plutôt réussi) employés avec parcimonie mais bel et bien là. Incarnant le personnage principal, Robert Glaudini refait le coup de L’Alchimiste, attribuant à son scientifique un air résigné qui lui donne l’air de tout sauf d’un héros en bonne et due forme. Ce titre n’échoit certainement pas non plus à Demi Moore, qui pour son premier rôle important se contente de faire acte de présence (son personnage, censé apporter son aide, ne sert strictement à rien). En gros, tout en adoptant une histoire de série B digne de Empire, Band a voulu se montrer le plus réaliste possible. Un pari difficile à tenir, et qui n’est pas exactement mené à bien dans le sens où on se moque pas mal des personnages, y compris au moment de l’inévitable alliance entre punks et couple tête d’affiche. Difficile aussi de frissonner face à la menace incarnée par les parasites. Ils sont assez écœurants (y compris celui qui s’agite sous la peau autour du nombril de Dean), et c’est déjà pas mal. Dans le fond, Band a quand même su utiliser tous ces ingrédients à bon escient pour composer une tambouille divertissante, quoiqu’un peu trop sage. Quelques scènes ici ou là (surtout à partir du moment ou le parasite n°2 a atteint une belle envergure, digne des petits monstres dont il sera friand en tant que producteur) indiquent l’orientation bientôt prise par Empire, mais dans l’ensemble il reste bien timide jusque dans sa mise en scène. Le progrès par rapport à L’Alchimiste est cela dit indéniable. Celui-ci voyait trop grand et tombait dans le brouillon rébarbatif. Ici, Band voit toujours assez grand (l’intrigue au fort potentiel ubuesque) mais parvient à mieux gérer. Prochaine étape : voir grand et apprendre à se lâcher avec cohérence.

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