L’Été de la peur – Wes Craven
Summer of Fear. 1978.Origine : États-Unis
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Rachel (Linda Blair) mène une existence heureuse dans la belle propriété familiale. Ses seuls soucis se limitent à trouver une belle robe pour le bal à venir, et à peaufiner les derniers détails avec son cheval Sundance pour faire bonne figure lors de la prochaine compétition équestre. Lorsque sa cousine Julia s’installe à la maison, elle l’accueille avec un grand sourire. Pourtant très vite, ce sourire va se muer en rictus tant Rachel se sent de plus en plus mise à l’écart de sa famille au profit de la nouvelle venue.
Insaisissable, Wes Craven n’a jamais rechigné à tourner pour la télévision durant la première partie de sa carrière. Curieusement, il n’en a jamais vraiment profité pour s’affranchir de l’image “réalisateur de films d’horreur” qu’il s’est forgée dans le landerneau hollywoodien, et qui lui a beaucoup pesé. L’Eté de la peur s’avère néanmoins un cas à part. Réalisé au début de sa carrière, ce film l’amène pour la première fois à aborder le genre fantastique. On peut donc deviner son excitation à l’idée de se confronter à un genre nouveau, quand bien même doit-il composer avec les restrictions inhérentes à une production télévisuelle. Après tout, les tournages-commandos, il connaît. Mais ce trop-plein d’excitation le conduit à griller ses cartouches bien trop tôt dans le récit. Dès son entame, en fait. Non content de saupoudrer son film d’une pincée de sorcellerie, Wes Craven vend la mèche à peine le générique achevé à des spectateurs dès lors bien dégoûtés de déjà connaître les tenants et aboutissants de toute l’histoire. C’est d’autant plus dommage que L’Été de la peur aurait justement gagné à s’affranchir de cette dimension fantastique, ou tout du moins à maintenir une certaine ambiguïté. Ainsi assiste t-on sans grande passion à la métamorphose de la cousine Julia qui, de la jeune fille un peu gauche du début, devient rapidement une vamp au charme dévastateur. La boulotte Rachel s’en trouve fort marrie et cocue, par la même occasion. Linda Blair continue à jouer les filles maltraitées, même si, à l’inverse de ce que son personnage vivait dans L’Exorciste, les conséquences sont davantage d’ordre psychologique que physique. Elle voit sa belle existence partir en lambeaux, et assiste médusée à l’apathie de sa famille face à ce qui lui arrive, perdant tout ce qu’elle a de plus cher au monde.
L’Été de la peur narre une fois de plus l’histoire de l’élément perturbateur faisant imploser la cellule familiale. Mais, téléfilm oblige (?), Wes Craven ne cherche pas à choquer et se contente d’illustrer platement un scénario déjà bien peu inventif. Irruption cutanée, cheval rendu fou, ou encore crise cardiaque infligée à un voisin expert en sorcellerie, constituent les maigres manifestations du pouvoir, pour le coup bien peu diabolique, de l’étrange cousine. Mais rassurez-vous, tout finira bien pour la charmante famille qui n’aura pas à souffrir des séquelles de l’influence néfaste de la jeune sorcière. Ceci ajouté à la fin ouverte de rigueur confirme le caractère éminemment vain de cet été bien peu effrayant.