Le Professionnel – Georges Lautner
Le Professionnel. 1981.Origine : France
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Josselin Beaumont est un agent secret français envoyé au Malagawi, un petit pays du sud de l’Afrique, pour assassiner le président à vie N’Jala sur ordre du ministre. Mais entre temps, la situation politique entre la France et le Malagawi a changé, et après un contre ordre du gouvernement, Beaumont est abandonné par ses supérieurs et livré aux autorités africaines qui, après l’avoir jugé, le jettent en prison en attendant son exécution. Mais Beaumont n’a pas dit son dernier mot. Après avoir réussit à s’enfuir du camp de prisonnier africain, l’intrépide agent saute dans le premier avion et rejoint la France où il compte bien finir ce qu’il avait commencé. Paniqués, ses anciens supérieurs apprennent son retour et décident d’en informer le nouveau ministre, qui exige que tout soit rapidement mis en place pour appréhender Beaumont et le mettre définitivement hors d’état de nuire…
Le Professionnel avait tout pour être un grand succès du cinéma français des années 80 : Le premier rôle est confié à Jean-Paul Belmondo, acteur fétiche de toute une génération, qui s’est spécialisé dans les rôles mêlant cascades (qu’il effectue lui-même) et réparties cinglantes et humoristiques. La réalisation, c’est Georges Lautner qui s’en occupe. Le réalisateur des Tontons flingueurs avait de plus déjà dirigé Belmondo dans Flic ou voyou ou Le Guignolo. Enfin ajoutons des dialogues signés Michel Audiard et une musique composée par le grand Ennio Morricone.
A sa sortie en 1981, le film connaît un énorme succès en France avec plus de 5 millions d’entrée à son actif.
Les critiques ne seront cependant pas aussi enthousiastes que le public, mais finalement cela n’a rien de bien étonnant, Le Professionnel c’est du pur cinéma populaire français. Pourtant cette dénomination est loin d’être synonyme de mauvaise qualité. Evidemment, Le Professionnel est très loin des considérations propres au cinéma d’auteur, la mise en scène, la musique, le jeu des acteurs, tout dans le film n’a pour seul but que d’être efficace et rythmé.
Le film de Lautner est un des grands représentants du cinéma de genre en France. Le scénario est adapté du roman Mort d’une bête à la peau fragile de Patrick Alexander, paru dans la collection Série noire. Il allie une intrigue policière réaliste et sombre avec des péripéties extraordinaires riches en ressorts comiques. Et ces deux aspects sont alternés tout au long du film avec une relative maîtrise. Le film bénéficie ainsi d’un arrière plan politique post colonial dénonçant l’hypocrisie de L’Etat français et l’inhumanité de la raison d’état. De même Lautner n’hésite pas à nous montrer les exactions du dictateur N’Jala contre son peuple, et les dirigeants français intéressés uniquement par les richesses du sous-sol Malagawien. Evidemment tout ceci est très manichéen, mais ce type de contexte social tendu qui sert de toile de fond à une intrigue policière est un des traits du polar français.
Donc parallèlement à ça, le film enchaîne les péripéties à un rythme effréné : fusillades, courses poursuites, cascades… le spectateur en a pour son argent et on ne s’ennuie pas un instant. Le héros du film, campé par un Belmondo en pleine forme, n’hésitera jamais à tirer ou à frapper ses adversaires. De plus il se sait traqué impitoyablement, et devra se faire aussi impitoyable que ses ennemis si il espère survivre. Le Professionnel, c’est un peu le Rambo français, la scène du retour du sergent instructeur de Joss est à ce titre particulièrement référentielle : Le sergent décrit son « poulain » comme capable de se fondre dans la masse et de disparaître, d’agir rapidement et efficacement, d’opérer en territoire ennemi…
Mais là où le film de Lautner se distingue de Rambo, c’est dans son humour. Pour dédramatiser la violence des scènes d’action, l’humour est omniprésent. Il se manifeste surtout via les dialogues de Audiard, qui même s’il est plutôt en petite forme sur ce film, signe quelques répliques qui font mouche.
Enfin Le Professionnel emprunte aussi beaucoup au western. Evidemment l’emploi très fréquent (peut-être même trop) d’une très jolie partition signée Morricone n’est pas innocent. Mais on peut aussi penser à l’affrontement entre deux ennemis iconiques : Joss Beaumont et le flic Rozen. Qui finiront par se rencontrer lors d’un duel mémorable et directement issu des films de Sergio Leone.
Bref, Le Professionnel est un très bon divertissement, représentatif des succès populaires français, à la fois dotés d’une intensité dramatique non négligeable et cependant riches en scènes d’actions et en répliques humoristiques.