Le Passage – René Manzor
Le Passage. 1986Origine : France
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Oh, le pourri film fantastique français que voici… Tout droit issu de l’imagination visiblement quelque peu limitée du trio Manzor, Delon et Lalanne (le vieux Francis étant crédité à la production, en plus de pousser la chansonette au générique, tandis que son frère se charge de la partition musicale), Le Passage nous racontre la lacrymale histoire de Jean Diaz (Delon) et de son fils David. Jean, réalisateur travaillant sur un film d’animation censé révolutionner le monde et supprimer toute forme de violence, aime beaucoup son fils, qui le lui rend bien. C’est parfait, surtout que le duo s’est débarassé de la mère, parti vivre sa vie ailleurs. Mais la mort, cette vilaine pas belle tout droit sortie de l’enfer, va jouer un mauvais tour aux Diaz. Face à son écran d’ordinateur, elle va provoquer la mort de Jean, afin de contraindre celui-ci, venu la rejoindre dans le passage (entre la vie et le ciel), à réaliser son fameux film sur la destruction. Bien sûr, la mort souhaite s’en inspirer pour répendre la désolation sur Terre. Et pour forcer Jeannot à obeir, elle menace de s’en prendre à son fils David. Lequel, sur terre, semble très bien savoir que son père n’est pas véritablement mort…
Voila donc une intrigue déjà bien niaise et naïve. Le film en lui-même l’est tout autant. D’abord, le côté mélo de l’ensemble. La complicité et l’amour entre le père et le fils, par delà la mort… A grand renfort de larmes de la part du fils et de crises d’hystéries de la part du père qui voit son fils menacé. S’appuyer sur un jeune gamin est extrêmement facile, mais Manzor ne se prive pourtant même pas pour en rajouter encore par-dessus, témoin cette scène où David regarde une cassette que son père lui a légué pour le cas où il viendrait à mourir prématurément. Cela dit, tant de mélo a ceci de positif qu’il ne peut que susciter le rire, surtout compte tenu du contenu de la cassette. Ce qui nous amène donc à la seconde grossière erreur du film : son propos anti-violence assené à coups de matraque. La violence et le chômage, c’est pas bien. Monde de merde. Propos extrêmement simplistes, voire carrément gagas. La scène la plus hilarante étant encore une fois celle de la fameuse vidéo posthume. Le personnage de Delon y explique de façon mielleuse à son fils qu’en gros, la violence c’est comme les papiers de bonbons : faut pas en mettre partout. Quand on jette un papier de bonbon, on a l’impression que c’est pas grave, mais en fait quand on considère qu’un dépotoir n’est rien d’autre qu’un assemblage de papiers de bonbons, ben ça fait beaucoup. Et pis même que après on oublie quand on brûle les déchets, mais ça change rien : on oublie mais on continue. Ben la violence c’est pareil. Des petits actes malveillants qui à force se transforme en guerre, qui se finissent pour mieux recommencer plus tard. Pfiou, ça c’est pas bien. Du tout du tout.
La mort, représentation personnifiée de la violence, suit elle aussi le même chemin : pleine de symbolismes indélicats, mais ne générant que rires et quolibets forts légitimes. Passons encore sur son aspect “grand personnage décharné en manteau noir avec une faux”. Mais lorsqu’elle nous explique que depuis les progrès de la science elle utilise les ordinateurs au lieu de sa faux, là, c’en est trop. Comment prendre la chose au sérieux ? Proprement impossible. Dommage cela dit que le film n’ait pas été réalisé du temps de Windows XP, on aurait pu rire davantage, avec le pack office mortem qui provoque des “control alt sup” toutes les deux minutes.
Alors bon, à ce point, on ne craint plus grand chose. Même les séquences animées censées illustrer l’évolution du film paraissent ternes.
Il faudra attendre la dernière image, avec le père retrouvant le fils, pour dépasser le stade comique précédemment atteint. Jean et David, s’appelant l’un l’autre en gueulant, courent l’un vers l’autre au ralenti, sur une plage… Et le film de se figer sur l’image des deux personnages enlacés, tandis que Francis Lalanne se rappelle à notre bon souvenir en braillant : “Pense à moi comme je t’aime et tu me délivreras” … Inutile d’en écrire plus, tant les défauts se ramassent à la pelle.