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JCVD – Mabrouk El Mechri

jcvd

JCVD. 2008

Origine : Belgique / France 
Genre : Tragi-comédie 
Réalisation : Mabrouk el Mechri 
Avec : Jean Claude Van Damme, Karim Belkhadra, Jean-François Wolff, Zinedine Soualem…

Star du cinéma d’action des années 80 et 90, Jean Claude Van Damme a vu par la suite sa côte de popularité dégringoler, notamment en raison d’interventions au potentiel comique douteux sur les plateaux télés. Parallèlement, la star se débattait avec des problèmes familiaux et tentait de combattre son addiction à la cocaïne. Pourtant, les meilleurs films de sa filmographie en dents de scie se situent clairement dans sa dernière partie. En effet, si Van Damme, star de Bloodsport en 1988, s’est retrouvé dans des navets à la direction d’acteur catastrophique (Légionnaire par exemple), il a bel et bien joué dans d’authentiques perles, dont la plus brillante est sans doute Replicant. Réalisé par Ringo Lam, le film permet à l’acteur belge de briller plus par ses talents d’acteurs que par son aptitude à donner des coups de pieds au visage. Van Damme retrouve le réalisateur hongkongais pour In Hell et fait encore preuve de ses capacités dramatiques dans L’Empreinte de la mort, un film de vengeance classique si ce n’est pour sa noirceur toute particulière.
Ainsi, la mise en chantier du projet JCVD va à la fois permettre à la star de briser son image dans les médias et de persévérer dans l’orientation que Replicant avait donné à sa carrière.

Alors qu’il est en pleine bataille juridique contre sa femme pour obtenir le droit de garde de sa fille et que Steven Seagal lui pique des rôles, Jean Claude Van Damme retourne dans sa banlieue bruxelloise natale et s’arrête à la banque postale pour y retirer de l’argent. Hélas, c’est le moment qu’ont choisi trois braqueurs pour faire un casse, et la star belge se retrouve otage de sa célébrité…

Cette histoire, qui permet à Van Damme de jouer son propre rôle, est signée et mise en scène par le jeune Mabrouk el Mechri, auteur d’un seul autre long métrage, Virgil, largement passé inaperçu malgré les quelques bons échos dont il bénéficie. Le jeune réalisateur français se révèle en tout cas parfaitement capable, et en ce sens JCVD est autant la marque du retour d’un acteur dans les salles obscures que la révélation d’un nouveau réalisateur talentueux. Mabrouk el Mechri adopte ici une photographie aux teintes brunes et aux lumières saturées à l’esthétique discutable mais maîtrisée, et il se distingue surtout par un sens de la narration très à propos. En effet, le film adopte une narration éclatée et non chronologique, qui permet de filmer astucieusement les mêmes scènes selon des points de vue différents, permettant non seulement de leur donner un éclairage nouveau, mais surtout de tourner autour du personnage titre en nous présentant tour à tour le point de vue du public et celui de la star. C’est ainsi que “l’envers du décor” nous est présenté. Film sur la célébrité et ses conséquences sur l’individu, JCVD alterne judicieusement les points de vue, pour finalement nous présenter Van Damme comme une personne très humaine. Tour à tour dramatique et hilarante, cette histoire est finalement à l’image de son héros. Le ton du film est toujours très bien géré, et la situation à la fois absurde et tragique présentée dans le pitch est parfaitement bien exploitée. Jamais le film ne sombre ni dans la gaudriole ni dans le mélo, et en ce sens il fait preuve d’un refus de la surenchère que l’on ne peut que saluer. Presque intimiste, le film ne se départ jamais d’un cachet très réaliste à la fois dans les scènes les plus tendues comme dans les passages comiques, qui prennent la forme de petites tranches de vie quotidiennes ou de dialogues aussi révélateurs qu’amusants. Ce réalisme est encore plus renforcée par la présence de Van Damme, qui injecte énormément de lui dans son rôle.
Ainsi, le film mélange allègrement réalité et fiction, en injectant un personnage authentique et honnête dans une histoire de fiction. Le mélange est particulièrement bien réussi, puisque tout d’abord le scénario est accrocheur et cette histoire pleine de suspense et de moments de tension se laisse suivre sans déplaisir; mais aussi parce que cette histoire permet à l’acteur de jouer son propre rôle d’une manière à la fois très second degré qui prend des aspects amusants et d’une manière honnête et touchante puisqu’on devine derrière son jeu des émotions authentiques. Et enfin parce que par dessus tout ceci on devine une réflexion intelligente et intéressante sur le cinéma. Et tout ceci est parfaitement articulé dans le film.
Ainsi, JCVD est une sorte d’hommage au cinéma. Mais au delà des références aux genres, via notamment une prise d’otages qui n’est pas sans rappeler ce chef d’œuvre qu’est Un après-midi de chien de Sidney Lumet ou encore la discussion sur les actionners des années 80 dans le vidéo club au début, le film invite le spectateur à réfléchir sur le cinéma en tant que médium en jouant habilement des contradictions entre la réalité du personnage et la fiction racontée par le film. En ce sens toujours, la mise en scène se révèle particulièrement réussie par le jeu avec les codes du genre comme par le recours à des scènes de mise en abîme assez habiles. On retiendra à ce titre cette scène du monologue de Jean Claude Van Damme qui se démarque par le discours très touchant que l’acteur fait de lui même comme par son aspect purement formel, Van Damme cessant d’être un personnage pour redevenir un acteur, on le voit sortir du champ de l’action et on distingue derrière lui caméras et projecteurs.

Bref, JCVD est un film très réussi, qui nous prouve si besoin était que Jean Claude Van Damme sait être bon acteur mais surtout que son personnage est extrêmement sympathique au delà des rôles qu’il joue. Qui plus est, cette histoire développe une intrigue de braquage intéressante en elle-même et se révèle être un hommage au 7ème art, ce qui est autant de valeur ajoutée au film.
JCVD le film porte particulièrement bien son nom, puisque, à l’instar de l’acteur éponyme, il se révèle drôle, touchant, musclé, intelligent et intéressant.

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