Foxy Brown – Jack Hill
Foxy Brown. 1974Origine : États-Unis
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La vie de Foxy Brown serait tellement plus belle si elle ne devait pas sans cesse composer avec les magouilles de son frère. Dealer à la petite semaine, celui-ci compte toujours sur sa sœur pour le tirer d’un mauvais pas. Cette fois-ci, il s’est mis à dos Steve Elias, un trafiquant de drogue notoire en cheville avec Katherine Wall, jeune femme éprise de lui et qui se trouve à la tête d’une société de callgirls de luxe. Foxy Brown décide d’héberger son frère pour le préserver d’une mort certaine. Mal lui en prend puisque ce dernier n’hésite pas à donner son fiancé, un flic en mesure de témoigner contre Steve Elias, pour garder la vie sauve. La vengeance de Foxy Brown sera terrible.
Hollywood adore les formules, surtout celles qui rapportent beaucoup d’argent. En 1971 sort sur les écrans Sweet Sweetback’s Baadasssss Song de Melvin Van Peebles, dont l’honorable succès épate tout le monde. Il s’agit du premier film qui se réclame de la culture afro-américaine, doublé d’un pamphlet contre les blancs. Les gros studios flairent tout de suite la bonne affaire et ils s’empressent de tourner des films dont les héros sont des afro-américains. Produits et réalisés en majorité par des blancs, ces films perdent de leur caractère contestataire. Peu importe, la blaxploitation est née et durera près d’une décennie.
Shaft, Superfly, Dolemite, la blaxploitation est résolument un genre masculin dans lequel les femmes n’ont guère le droit de citer, se contentant le plus souvent du rôle ingrat de conquête du héros. Mais toute règle possède son exception et, dans le cas de la blaxploitation, celle-ci se nomme Pam Grier. Son imposant tour de poitrine lui vaut les grâces de Russ Meyer qui l’emploie pour Beyond the Valley of the Dolls. Toutefois, c’est sous l’impulsion de l’incontournable Roger Corman que sa carrière démarre véritablement jusqu’à la propulser égérie de la blaxploitation. Elle connaît alors une période faste et glorieuse dont les retombées lui ont permis de revenir sur le devant de la scène durant la deuxième moitié des années 90. En lui offrant le rôle titre de Jackie Brown, Quentin Tarantino déclare tout son amour au genre et à son actrice emblématique dans ce film qui peut être perçu comme un prolongement de Foxy Brown, quoique davantage ancré dans la réalité.
Dès le générique, les intentions de Jack Hill sont limpides. Fortement coloré et propre aux années 70, le générique de Foxy Brown iconise son héroïne à l’instar de James Bond. Toutes les bases du film sont posées. Foxy Brown s’affiche en femme d’action qui n’a rien à envier aux hommes sans se départir de belles toilettes qui mettent en valeur ses formes généreuses. Foxy Brown représente à la fois la femme forte dans toute sa splendeur non assujettie au machisme ambiant tout en demeurant extrêmement attirante pour la gente masculine. Son fiancé assassiné, elle joue de ses charmes pour s’immiscer dans les affaires de Steve Elias, le commanditaire du meurtre. Elle plonge de plain-pied dans un monde de pots de vin et de détournements de la justice. Elle goûte même à la drogue (contre son gré) et aux violences sexuelles. Comme il s’agit d’une super-héroïne, tout cela n’a pas d’incidence sur elle. Cela n’en décuple que davantage sa volonté de faire tomber le couple Wall-Elias.
Foxy Brown est un film tout entier voué à son actrice principale. Altruiste, courageuse, intelligente, possédant le sens de la famille et d’une grande beauté, elle n’éprouve aucune difficulté pour éclipser les autres protagonistes du film, tous des êtres veules et fourbes, dépourvus de la moindre petite once de bravoure. Lucky Brown, le frère de Foxy, n’est qu’un raté qui ne mérite pas l’amour de sa sœur. D’un grand égoïsme, il préfère détruire le bonheur d’icelle plutôt que d’assumer la portée de ses actes. Quant à Steve Elias, il se cache derrière son autorité. Sans ses hommes de main, il n’est plus qu’un être insignifiant dont la main tremble au moment de régler lui-même le compte des gêneurs. Le châtiment que lui réserve Foxy Brown achèvera de le renvoyer à son insignifiance. Jack Hill réalise un efficace film pop-corn, certes dépourvu de considérations sociales (ou si peu) mais à l’ambiance agréablement funky.