Danger haute tension – Paul Golding
Pulse. 1988Origine : Etats-Unis
|
Fils d’un couple divorcé, le petit David (Joseph Lawrence) traîne des pieds quand il s’agit d’aller passer ses vacances chez son père (Cliff De Young) et sa belle-mère (Roxanne Hart, petite amie de Christophe Lambert dans Highlander). Pour ne rien arranger, il va très vite se rendre compte que les circuits électriques de la maison sont hantés et que le séjour risque bien de se terminer en catastrophe, un peu à l’image de ce qu’a connu le voisin d’en face qui s’est tué en se battant avec l’électroménager. Décidément, les vacances sentent le roussi.
Personne ne connaît Paul Golding, et pourtant l’homme fit ses premiers pas dans le métier en compagnie de George Lucas, avec lequel il co-réalisa un court-métrage dans le cadre étudiant et pour lequel il écrivit le scénario d’un autre court, pas moins étudiant. S’ensuivit une grande traversée du désert de vingt ans suite à laquelle Golding donna enfin signe de vie en écrivant deux scénarios, dont un qu’il adapta lui-même à l’écran. Telle est la petite histoire derrière Danger haute tension. Bien entendu, George Lucas n’a rien à voir avec la renaissance de son ancien collaborateur, qui du coup s’en va sans vergogne marcher sur les plates-bandes de Steven Spielberg en lui repiquant sa thématique adorée de la famille, quelque part entre E.T. et Poltergeist. Au premier, Danger haute tension reprend la focalisation sur un gamin incompris, et au second il empreinte le coup de la famille perturbée par des événements irrationnels. Au passage, Golding se roule dans les stéréotypes comme un cochon dans la boue : c’est donc parti pour le moutard traumatisé par la séparation de ses parents, pour le contact difficile entre la belle-mère et le mioche, pour la tristesse d’un père qui n’arrive pas à renouer les liens avec son fils (c’est pas faute de lui acheter un ticket pour un match de baseball), pour les problèmes d’intégration du petit David au milieu des gosses du voisinage (à part un gamin encore plus jeune que lui, par ailleurs frère de l’acteur) et pour le manque de confiance des adultes, qui refusent de croire en cette histoire de circuits électriques qui deviennent fous.
Digne d’un téléfilm familial des après-midi de France 3, l’étude de cette vie de famille aligne les clichés du début distant jusqu’à la fin réconciliatrice, et évolue selon les manifestations électriques, aussi timides que ridicules. Bien que ces scènes de type “thriller” soit clairement secondaires, Golding cherche à les rendre les plus inquiétantes possibles et à orienter vaguement son film dans la direction des maisons hantées (comme dans Poltergeist, donc). Mouvements de caméra très lents et musique sinistre, vieux fou aux propos prophétiques, tout cela n’est pas très original. Le coup de l’électricité méchante l’aurait certainement plus été, si toutefois Golding s’était permis de se montrer plus spectaculaire. Mais l’histoire familiale lui tient tellement à cœur qu’il ne se permet pas de la faire exploser de manière aussi radicale. Disons le tout net : dans Danger haute tension, il ne se passe rien. L’arroseur déconne, la télé se brouille, la porte du garage refuse de s’ouvrir, le pylône électrique grésille… Le pompon étant certainement ces séquences à la David Fincher dans lequel la caméra entre dans le poste de télévision pour zoomer sur des soudures en train de fondre. Le premier électricien venu pourrait faire office d’exorciste. Mais non, “l’entité” inconnue hantant le jus ne se laisse pas prendre aussi facilement. Il faudra attendre le climax pour que le sujet soit enfin exploité. Mal, mais il le sera. L’eau, devenue incontrôlable, ébouillante madame sous la douche (faut-il en déduire que la cabine est fermée électriquement ?) et manque d’électrocuter monsieur (au ralenti, s’il vous plait)… Et bien entendu, cette adversité n’aura servi qu’à ressouder les liens familiaux. Danger haute tension est quoi qu’il arrive trop axé sur son histoire familiale pour qu’on puisse lui reprocher d’être un mauvais thriller… Golding aurait finalement mieux fait de travailler uniquement sur son mélodrame.