Comme la lune – Joël Séria
… comme la lune. 1977Origine : France
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Jean-Pierre Marielle incarne ici Roger Pouplard, un con. Un réparateur d’électroménager qui quitte femme, enfant et emploi pour aller vivre avec Nadia, une belle jeune fille bouchère qui lui propose la belle vie : elle est apparement riche, elle l’encourage à ne plus travailler et surtout c’est une folle du cul. Roger fanfaronne, jusqu’au jour où Nadia (Sophie Daumier, alors femme de Guy Bedos) va être attirée par un autre homme…
Comédie très violente et très crue, … comme la lune est sans doute l’occasion pour Marielle de livrer sa meilleure performance avec Joël Séria, ce qui n’est pas peu dire au vu notamment des Galettes de Pont-Aven. Déchaîné, son personnage de Roger Pouplard sera un très beau représentant de ces beaufs si souvent mis à l’écran par le réalisateur : une grande gueule qui ne pense qu’au cul, irresponsable et égoïste. Tout simplement énorme est la gouaille de Marielle, qui aligne avec une régularité impressionante les expressions imagées relatives au sexe, prononcées avec une conviction irresistible et avec une certaine fierté comique qui rend le personnage encore plus con, lui qui n’a d’ailleurs générallement pas grand chose pour lui. Tous ses projets échouerront misérablement, comme ce repas organisé entre son ex femme, ses parents et Nadia qui tournera à la bataille rangée entre le boudin coincé et la nymphomane en robe à paillettes. Sans parler de son ecapade pour vivre la grande vie à Deauville, où il se fera piquer sa belle salope. Le con est pris à son propre piège, lui qui jusqu’ici avait affiché son autosatisfaction avec complaisance, en profitant également pour médire avec force sur son ancienne femme (qu’il humilie constamment malgré lui en la taxant de la peu flatteuse appelation de “brave femme”) et en se donnant l’allure d’un dandy qu’il n’est pas (quand il se pavane en peignoir violet argenté pendant que Nadia s’evertue à l’allumer via une danse exotique !). Il se sera même donné l’impression de pleinement dominer Nadia, en l’appelant affectueusement mais à raison “salope” et en parlant de l’attrait de ses propres prouesses à l’un de ses ami (lecteur assidu de magazines pornos).
Mais bien entendu ce n’est pas le cas, et la réalité est qu’il est l’objet de Nadia. Celle-ci le tient par les couilles et il n’est que son petit toutou qu’elle lâchera lorsqu’elle aura trouvé mieux et plus riche. Ce qui rend le personnage de Marielle encore plus pathétique qu’il ne l’était déjà. Et malgré cela, il va comme un con s’attacher à sauver ses apparences de gros mal viril ancien “réparateur chez Frigolux” en prenant sous son aile Yvette (Dominique Lavanant), la secrétaire de l’homme avec qui Nadia est partie. Il la rabrouera également tout en gardant espoir de corriger sa salope. La fin du film nous présentera un personnage finalement rangé dans une vie plus conforme, mais pourtant tout aussi con et prétentieux, qui se fait également jouer de lui. Jusqu’au bout, le film ne sera tendre pour personne : pour Pouplard, bien entendu, mais aussi pour les boudins, pour les ménagères classiques qui secrètement aspirent à une perversion de bas étages…
… comme la lune est un film très cynique, très acerbe, férocement anti-beaufs et qui continue l’exploration de Séria des mœurs sexuels de la France d’en bas. Peut-être pas son meilleur film, mais en tout cas le plus drôle.
Critique la plus juste que j’ai pu voir sur ce film que, personnellement, j’adore.