Barbarella – Roger Vadim
Barbarella. 1968Origine : France / Italie
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Quand Jean-Claude Forest créé le personnage de Barbarella pour sa bande dessinée éponyme, il décide de le placer dans un univers de science-fiction pour lui faire vivre des aventures résolument « pulps ». Mais Barbarella est plus qu’une simple aventurière intergalactique, c’est une véritable icône féminine de liberté, un personnage que l’on peut considérer comme une contribution de son créateur à la révolution sexuelle des années 60.
Nous sommes en l’an 40’000 et la Guerre n’est plus qu’une chose de l’Histoire. Pourtant cet âge pacifique risque de basculer lorsque le scientifique fou Duran-Duran (!) conçoit une arme capable de bouleverser cet équilibre fragile. C’est à la belle Barbarella que revient la mission de trouver Duran-Duran et de mettre un terme à cette folie…
Après avoir échoué sur la planète Lythéon, elle sera capturée par des créatures aux allures d’enfants et aux machoires d’acier mais sauvée in extremis par un autochtone. Barbarella, alors adepte d’une sexualité se vivant sans contact mais par le biais d’outils technologiques utilisés à deux (un comportement qui semble être la norme dans cet univers) découvre l’amour physique auprès de son sauveur, un homme viril voyageant sur la banquise à bord d’un char glisseur. Il lui indiquera le chemin de la ville de Sogo, là où le savant fou préparerait ses noirs projets…
De l’érotisme (soft) et de la science-fiction : de bien bons ingrédients pour une adaptation cinéma ! C’est ce que pense le producteur italien Dino de Laurentiis qui fait appel à Roger Vadim, grand amateur de femmes, pour faire vivre Barbarella sur grand écran (ce film sera d’ailleurs un ovni dans la carrière de Roger Vadim que l’on aurait pas forcément imaginé comme la meilleure personne pour mener un projet aussi barré que celui-ci). Jane Fonda y incarne la belle, et c’est dans une scène d’ouverture délicieuse qu’elle ouvrira le bal : quel bonheur de voir cet adorable brin de petite pépée se défaire lentement de sa combinaison spatiale, juste soutenue par… l’apesanteur ! Et tout ça sur le rythme langoureux du thème principal du film (signé Bob Crew et Charles Fox) ! Le clou est enfoncé lorsque se dévoilent en même temps le décor de vaisseau spatial aux murs tapissés d’une moumoute angora colorée kitschissime inconcevable pour tout amateur SF de bon goût ! Et tout sera à l’avenant, car même si sa mise en scène ultra statique peut agacer, ses décors, ses créatures et ses costumes (certains signés Paco Rabanne) respirent l’audace et le kitsch assumé. Côté aventures, les péripéties de l’amazone intergalactique s’enchaînent très vite (comme dans la bande dessinée) et semblent surtout prétextes à proposer toujours plus d’idées sexy et allumées : l’Orgue d’Amour, la fameuse machine à orgasmes destinée à faire mourir de plaisir est une création devenue au moins aussi culte que son film !
Parce que oui, Barbarella est un véritable film culte, un film qui ne ressemble à aucun autre (même Flash Gordon se brisera la tête à tenter de marcher dans ses pas), prompt à rebuter le grand public actuel et beaucoup de cinéphiles de « bon goût » mais qui est aussi défendu bec et ongles par de véritables fans capables de le revoir en boucle. Alors ne faites pas la fine bouche, embarquez avec Barbarella et rencontrez Pygar l’ange aveugle (John Phillip Law), les hommes de pierre du labyrinthe, la Reine Noire de Sogo (Anita Pallenberg) et bien d’autres aux travers de lieux délirants aux subtiles odeurs de mary-jane…
Barbarella est un film qui semble conçu comme un rêve psychédélique…