Blacksad, tome 1 : Quelque part entre les ombres – Canales et Guarnido
Blacksad
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John Blacksad est détective privé. Et il est de mauvaise humeur lorsque la police lui demande de venir identifier le corps d’un de ses anciens amours.
Il fait alors sa petite enquête afin de découvrir qui est à l’origine du meurtre de celle qu’il avait tant aimée, elle qui pourtant n’était pas parfaite, jamais la femme d’un seul homme.
Son enquête le mène à avoir de sérieux problèmes, de ceux qui vous font vous réveiller dans un cimetière après un tabassage en bonne et due forme.
La BD Blacksad frappe par son visuel d’une beauté exceptionnelle. Oui, cette BD fait exception. Il suffit de plonger son nez à l’intérieur pour voir combien la richesse graphique du trait de Guarnido est incroyable. D’autant plus qu’il réussit à mettre parfaitement son trait en valeur grâce au travail sur la couleur qu’il réalise lui-même.
On sent qu’il prend un plaisir monstre à dessiner tous ces personnages qui se croisent dans cette ville corrompue. De plus, le choix de mettre en scène des animaux (le zoomorphisme) amplifie les émotions, il peut d’autant plus jouer sur les sentiments et réaliser les grimaces qu’il souhaite sur ses protagonistes afin de flirter avec la caricature tout en gardant un aspect réaliste. En vérité, de par ce choix d’animaux humanisés, les auteurs gagnent en profondeur dans leur approche psychologique.
A vrai dire, avec ce premier tome, c’est la qualité esthétique qui prédomine. Ce polar est très classique dans sa construction, ce qui ne veut pas dire qu’il est mauvais. Au contraire. Diaz Canales, le scénariste, arrive parfaitement à poser les enjeux de sa trame, et grâce à l’aide de son dessinateur à créer une ambiance de film noir très intéressante. Il n’en reste pas moins que ça manque d’originalité. Mais cette façon de ne pas épargner son personnage, autant dans ce qui lui arrive (donc ce qu’il ne maîtrise pas) que dans ses choix, sauve le récit.
Mais n’oubliant pas que c’est un premier tome, on se satisfait néanmoins de cette mise en bouche qui rappelle ces vieux polars américains des années 40 et 50 avec un personnage charismatique, sombre, et avec une narration à la première personne.
Blacksad s’impose dès sa sortie (2000) et se classe parmi les BD cultes avec un seul album. Faut dire, c’est de l’art qu’on tient entre les mains.