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Masters of Horror 1-10 : Liaison bestiale – Lucky McKee

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Masters of Horror. Saison 1, épisode 10
Sick Girl. 2006

Origine : États-Unis
Genre : Horrifique
Réalisation : Lucky McKee
Avec : Angela Bettis, Erin Brown (alias Misty Mundae), Jesse Hlubik, Marcia Bennett…

Ida, entomologiste, voue une véritable passion à son métier. Les chats ? Les chiens ? Très peu pour elle. Seuls les insectes trouvent grâce à ses yeux et lui servent d’animaux domestiques. Le problème réside chez ses petites amies qui éprouvent beaucoup de mal à comprendre cette passion. Du coup, Ida se morfond, condamnée, croit-elle, à rester seule avec ses insectes. Poussée par son collègue et ami, elle décide d’inviter à dîner Misty, une jeune femme passionnée de fées et de dessin. Une grande passion naît de cette rencontre, tout juste entravée par l’arrivée d’un insecte d’un genre nouveau.

Au départ, Roger Corman devait revenir à la réalisation à l’occasion de cette anthologie. D’une santé fragile à un âge fort respectable et très à l’écoute de son épouse, il décline la proposition de Mick Garris. Ce désistement permet à Lucky McKee d’intégrer le giron des “grands” maîtres de l’horreur. Pour beaucoup, il n’usurpe pas sa place du fait des qualités de May, son premier film (en solo). Pour ma part, je n’ai pas été ébloui par ce film, avec lequel Liaison bestiale partage bien des similitudes.

Lucky McKee aime placer les femmes au cœur de son récit. Il se fait le chantre d’un fantastique au féminin, dépeignant de préférence des personnages esseulés et en manque d’assurance. Ida, toute compétente qu’elle puisse être dans son travail, frôle l’autisme. Ses seuls liens avec l’extérieur se limitent à Max, son collègue de boulot, la propriétaire de l’immeuble où elle vit et la petite-fille de celle-ci. Ida bêtifie outrageusement avec ses amis les insectes et éprouve les pires difficultés lorsqu’il s’agit de s’adresser aux femmes. Heureusement pour elle, Misty se montre peu farouche et lui mâche la moitié du travail. Dit comme ça, la vie de Ida s’apparente à un conte de fées (dont l’illustratrice serait Misty). Or, ce serait vite oublier que nous avons à faire à un Masters of horror.
Liaison bestiale s’ouvre par une vue subjective bariolée et du plus mauvais effet. Lucky McKee nous installe un court instant dans la peau d’un drôle d’insecte dont l’importance va croissant tout au long du récit. Ledit insecte est envoyé en colis express à l’intention de Ida. Cet étrange insecte fascine aisément Ida, autant par son aspect que par son attitude agressive. Néanmoins, elle a d’autres chats à fouetter et elle met la bestiole de côté. Grave erreur, celle-ci n’aimant rien moins que de tenir la vedette. Revancharde, elle s’immisce sans aucun scrupule au sein du duo en se permettant de “mordiller” l’oreille de Misty. Dès lors, on assiste à un brusque changement d’attitude chez la jeune femme qui déconcerte fortement Ida.
Nous autres spectateurs éprouvons également ce sentiment tant le film oscille entre horreur, romance et comédie. Le mélange des genres n’est pas un mal en soi, il réclame juste une certaine rigueur et un scénario de qualité. Je m’avance un peu en disant ça, puisque je n’ai pas vu tous les épisodes de cette première saison, mais j’ai l’impression que les Masters of Horror souffrent de scripts plus que bancals. Ici, cela se matérialise par la désagrégation de l’oreille mordue de Misty, qui passe totalement inaperçue aux yeux de Ida. Pourtant, cette désagrégation n’a rien de discret, se faisant à base de jets de pus conséquents. Misty subit donc une transformation comportementale et bien sûr physique, le point d’orgue étant atteint à la fin du film. On pourrait rapprocher Liaison bestiale de La Mouche (personnage central obsédé par son métier, amour fou, transformation progressive de l’un des membres du couple) mais ce serait faire injure à l’œuvre de David Cronenberg.

Liaison bestiale est une sorte de tragi-comédie horrifique, un objet hybride qui au final s’avère navrant. Avec son personnage principal tout droit sorti de May (du reste, on retrouve la même actrice), Lucky McKee ne semble pas avoir changé sa façon d’appréhender le fantastique. Tout juste se permet-il de conclure son épisode sur une note guillerette.
A noter également la surprenante médiocrité des effets spéciaux, que l’on doit pourtant aux spécialistes Howard Berger et Greg Nicotero. Tout cela dénote d’un certain bâclage que le parachutage tardif de Lucky McKee sur la série peut partiellement expliquer.

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