Mieux vaut courir – Charles Williams
Man in motion. 1958Origine : Etats-Unis
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Foley est un marin doublé d’un fugitif. Il est recherché pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Les flics sont persuadés qu’il est le coupable. Il leur suffit de lui mettre la main dessus pour considérer l’affaire comme classée. Et ils ont d’autant plus hâte de l’attraper que cela fait maintenant quatre jours que Foley, aidé par une jeune romancière en manque de sensations fortes, leur échappe…
Avec son histoire aux faux airs de Fugitif (même si le livre est antérieur à la célèbre série télévisée de 1963), Mieux vaut courir semble pêcher par une trame trop simple qui ne met l’accent que sur le coté ” course poursuite “. Mais il n’en est rien. Évidemment, la course poursuite est un élément important du livre, le héros (par ailleurs fort sympathique) passe la majeure partie du livre à s’échapper de situations inextricables et rocambolesques. Le roman fait la part belle aux péripéties et à l’aventure. Le tout mené à un train d’enfer, les situations et les rebondissements s’enchaînant à une vitesse inhumaine. Rebondissements dans lesquels le héros semble devoir se noyer. Notre pauvre marin aura le plus grand mal à maintenir la tête hors de l’eau et à survivre. Il est pourchassé à la fois par tous les agents de police, rendus nerveux par leur échec, et qui placardent son portrait robot sur tous les murs de la ville ; et par les vrais tueurs, à savoir une sorte de mastodonte avide de castagne et une fille au ” châssis d’enfer “… Bref, cela risque d’être particulièrement difficile pour Foley d’échapper à la police et de prouver son innocence. Seule Suzy, une jeune romancière décide de croire à son histoire et de l’aider, histoire de tromper sa solitude et son ennui. Et l’auteur se fera une joie de plonger ces deux personnages dans des situations toujours plus tendues, toujours plus complexes, et de ce fait, parvient à maintenir l’intérêt grandissant du lecteur et à le surprendre jusqu’au dénouement.
Mieux vaut courir est très habilement construit, et si les situations rocambolesques et parfois cocasses se succèdent, ce n’est jamais sans un certain réalisme omniprésent. Grâce entre autre à cette atmosphère grise et humide que distille le roman. Il pleut constamment, et le héros est sans cesse obligé de se mouiller ou de plonger dans la boue pour échapper à ses poursuivants. Le milieu des marins est aussi très bien décrit. Étant marin également, Charles Williams peut ainsi dresser un portrait réaliste et intéressant de son héros. D’ailleurs tous les personnages sont bons. L’auteur sait leur insuffler une personnalité et un caractère qui rendent son roman particulièrement vivant et intense. Enfin, on retrouve également dans Mieux vaut courir un peu de ce ton décalé que l’auteur apprécie tant (et qu’il explore à fond dans un autre de ses romans, le célèbre Fantasia chez les ploucs, qui sera adapté au cinéma par Gérard Pires avec Lino Ventura et Mireille Darc).
Bref, Mieux vaut courir est un bon roman de Charles Williams et il serait dommage de passer à coté.