Cellulaire – Stephen King
Cell. 2006Origine : Etats-Unis
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Né de l’aversion que Stephen King porte aux téléphones portables, Cellulaire est un livre beaucoup trop long ! Six cent pages pour une histoire dont le sujet pourtant attractif part très vite dans une direction opposée à celle que l’on attendait. A savoir qu’après l’impulsion téléphonique ayant transformé chaque utilisateur de portable en fou furieux, King part dans une histoire très similaire à celle du Fléau, avec la reconstruction d’une société aux principes moraux douteux, dans laquelle une bande de personnages gentils vont devoir se plonger. Bien sûr, tout n’est pas exactement identique et ainsi il n’y aura pas d’alternative à cette société reconstruite par ceux qui furent victimes de leurs portables, mais n’empêche que King ne se foule pas et reprend à peu près le même postulat.
Et comme dans Le Fléau, la partie conduisant à la fin de notre société telle qu’on la connait est la plus réussie : violente, imprévisible et avec des personnages principaux complètement paumés. Malheureusement, cette partie d’apocalypse (inspirée probablement par les films de zombies de Romero) est réduite ici à peau de chagrin et le noyau du groupe de héros sera très vite formé (un auteur de bandes dessinées, un homme avec qui il sympathisera ainsi que deux enfants -très matûres, comme dans tous les livres de King-). Commencera alors une looooongue observation du mode de vie des phonistes (c’est à dire ceux qui furent victimes de l’impulsion téléphonique) en pleine évolution. On apprendra donc petit à petit qu’ils reconstruisent une société bien à eux, et que les crimes perpétrés contre leurs ressortissants ne resteront pas impunis. Vraiment pas grand chose de palpitant là dedans : très peu d’action (mais quand il y en a, King n’y va pas de main morte), des personnages principaux qui traversent un petit bout de la Nouvelle Angleterre à pied tout en se demandant que faire et des descriptions plus qu’il n’en faut… Le récit n’est aucunement rythmé, King distille des scènes horrifiques pour le cota et ses révélations sur les phonistes ne redynamiseront rien du tout (les phonistes en question écoutent de la musique en dormant… super !). Non vraiment, Cellulaire est très ennuyeux, gâche complètement un potentiel de départ accrocheur par un développement sans panache et même pas vraiment original. Il y a bien une autre bonne idée qui subsistera de ce foirage, à savoir le fait que le cerveau humain constitue une base de donnée que l’impulsion a effacé et remplacé par un autre programme, mais cela sera une piste assez vaine ne retrouvant pas vraiment de répercussion dans le récit, si ce n’est pour expliquer la fin assez connement par un “bug dans le nouveau programme”, par ailleurs assez bâclé. Le parrallèle entre la technologie de notre époque et la machinisation progressive de l’esprit humain n’est pour le moins pas évident, et King n’arrivera même pas à justifier la remarque qui figure en fin de livre dans sa mini biographie, à savoir qu’il ne possède pas de portable.
Cellulaire est donc hautement dispensable : King s’y livre sans imagination à une histoire assez tordue, fade, qu’il croit pouvoir relever avec quelques instants gores ou méchants. De la série B littéraire un peu prétentieuse qu’on aimerait pas tellement voir transposée au cinema.