Wolf Creek – Greg McLean
Wolf Creek. 2005Origine : Australie
|
Les serial killers… un sujet qui ne cessera jamais de fasciner le monde du cinéma. Ainsi les films “tirés d’une histoire vraie” mettant en scène ces sinistres individus sont légions, on pense à Henry, portrait d’un serial killer, Massacre à la tronçonneuse, Ted Bundy… Certains optent pour un réalisme glauque et oppressant, d’autre pour le gore grand-guignolesque, mais tous ou presque centrent leur histoire sur le tueur. Il n’en existe quasiment aucun qui s’intéresse plus à ses victimes qu’au tueur, en tout cas aucun n’est allé aussi loin que Greg McLean avec Wolf Creek. Il a fait le pari risqué de centrer son histoire sur ce trio d’étudiants, en vacances dans l’outback australien pour voir le cratère de Wolf Creek. Alors que leur voiture tombe en panne et qu’ils s’apprêtent à passer la nuit au pied du cratère, un sympathique routier arrive et propose de les remorquer jusqu’à chez lui pour réparer leur moteur…
Le film est clairement divisé en deux parties, la première moitié nous présente longuement les trois héros, Liz, Kristy et Ben. On suit les préparatifs du voyage, l’achat de la voiture, les rencontres avec des loubards tatoués et patibulaires… McLean développe beaucoup ses personnages, et il nous les rend extrêmement attachants. Pendant toute cette première moitié du film il en dresse un portrait réaliste et très crédible. On s’identifie tout de suite à ces personnages. Ils pourraient très bien être vous, ou vos meilleurs amis. Ainsi le spectateur découvre avec eux les magnifiques paysages australiens, et vit les même émotions que les personnages. On se prend très facilement au jeu et on est rapidement emporté dans le film, jusqu’à presque oublier qu’il s’agit d’un film d’horreur. La rencontre avec un serial killer dans la seconde partie du film n’en sera que plus éprouvante pour le spectateur.
Le serial killer en question s’inspire d’un tueur en série ayant réellement existé. Un tueur qui a sévi en Australie, Ivan Millat, surnommé le “Backpack murderer”, responsable de la mort d’au moins sept auto-stoppeurs entre 1989 et 1993. Le Tueur de Wolf Creek est physiquement proche de Millat, porte des habits similaires, un chapeau, et traque les touristes au fusil à lunette. Ce n’est pas un de ces tueurs de cinéma au faciès de monstre, c’est un être humain d’apparence normale, qui a l’air affable et drôle. Mais qui se révèlera incroyablement pervers et monstrueux lors de scènes de tortures mémorables.
Mais attention, ici pas de surenchère de gore, McLean a bien compris qu’on ne fait pas de film oppressant en filmant des tortures bout à bout ou en tentant à tout prix de faire gerber le spectateur. Dans son film il opte pour la carte du réalisme. En plus de personnages crédibles et de situations inspirées de faits réels, tout le film est tourné caméra à l’épaule, ce qui ajoute encore au cachet réaliste du film. Signalons également que McLean n’est pas un manchot tentant de masquer son incompétence derrière des images glauques, bien au contraire, sa réalisation est très soignée, et le film bénéficie d’une photo superbe qui rend hommage aux paysages australiens. De très beaux paysages qui contrastent beaucoup avec les atrocités décrites par le film, ce qui en renforce encore l’impact.
Les effets sanglants sont réussis, et ne versent pas dans l’excès. La caméra nous en dévoile juste assez pour exciter l’imagination. C’est en en montrant finalement très peu, que McLean arrive à créer des scènes véritablement atroces. Le long travail de préparation de la première moitié du film prend ici tout son sens, et c’est véritablement insupportable de voir des héros innocents, à qui on est maintenant très attaché, se faire abattre froidement par le chasseur. Impossible de prendre plaisir à voir le psychopathe sortir des blagues cyniques pendant que les héros se tordent de douleur, impossible de ne pas retenir son souffle lors de cette éprouvante chasse à l’homme dans le bush australien. Les quelques sévices montrés par le réalisateur sont terribles et laissent supposer le pire pour tout ceux qu’on ne voit pas. L’imagination du spectateur galope, et on imagine les atrocités les plus horribles. La fin du film est une véritable descente aux enfers pour tout ceux qui se sont laissés prendre au jeu dans la première moitié. Et cette scène finale où on voit la terrifiante silhouette du tueur s’estomper à l’horizon renforce le caractère insaisissable du tueur, et nous rappelle que ce type de monstre existe réellement et qu’ils commettent souvent de nombreux meurtres avant d’être capturés.
Wolf Creek est un très bon film, très réaliste, qui prend le risque de faire une première partie un peu longue, mais absolument nécessaire pour vivre intensément la dernière demi-heure.