Truly Madly Deeply – Anthony Minghella
Truly, Madly, Deeply. 1990.Origine : Royaume-Uni
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Nina (Juliet Stevenson) ne se remet pas de la disparition de son tendre amour Jamie (Alan Rickman), violoncelliste de talent. Malgré le soutien de son entourage et les fréquentes visites à son psychiatre, elle continue à se morfondre dans son appartement délabré. Jusqu’au jour où Jamie réapparaît.
Metteur en scène de théâtre et scénariste pour la série Monstres et merveilles de Jim Henson, Anthony Minghella réalise ici son premier film. Au premier abord, Truly, Madly, Deeply semble se situer dans la droite lignée de Always et Ghost – l’incroyable succès du film de Jerry Zucker n’étant certainement pas étranger à sa sortie tardive en France – mais s’en détache très vite en n’insistant pas sur le côté fantastique du récit, lui conférant un aspect quotidien.
Jamie ne revient pas sous la forme d’un spectre et n’a rien de commun avec les fantômes traditionnels. Il est physiquement présent, il peut interagir avec son environnement et avoir de vrais contacts avec Nina. Son retour n’est en rien dicté par la volonté de veiller sur Nina, ni même lié à une quelconque épreuve que Saint Pierre lui aurait confié avant de pouvoir passer les portes du paradis. Le retour de Jamie répond simplement au profond chagrin de Nina qui ne parvient plus à vivre sans l’être aimé. Il revient par amour. La première semaine qui scelle leurs retrouvailles est empreinte de magie tellement ils sont heureux de partager à nouveau des moments ensemble. Ils ont conscience de ce qui les a séparés et ne l’occultent pas. Jamie est mort et rien ne pourra changer cela. Ils profitent simplement de la chance qui leur a été donnée de profiter à nouveau l’un de l’autre. La mort frappe souvent sans prévenir, laissant toujours des regrets à la personne qui reste, celle-ci se reprochant amèrement de ne pas avoir pu dire au revoir au défunt tant aimé. Nina bénéficie d’une seconde chance pour faire ses adieux. Une seconde chance qui pourrait rapidement virer au piège pour Nina qui, déjà prisonnière de ses souvenirs, pourrait l’être également de ce semblant de vie de couple. C’est ce que l’on craint au début. Durant cette semaine, Nina a totalement oublié le monde extérieur, s’enfermant davantage encore dans ses souvenirs. Toutefois, retrouver son époux lui a remis suffisamment du baume au coeur pour qu’elle consente à se replonger dans la réalité. Une fois qu’elle reprend une vie normale, qu’elle retourne travailler, son comportement change peu à peu. Toute à sa joie, elle s’ouvre à nouveau aux autres et fait une rencontre heureuse en la personne de Mark. Elle se surprend même à réclamer un peu d’intimité à Jamie, alors qu’il est revenu pour elle.
Anthony Minghella a réussi là un film d’une grande sensibilité, doublé d’une grande sobriété. Son fantastique se fait diffus, jamais tapageur, ni clinquant. Il utilise l’élément fantastique pour explorer l’âme humaine et mettre en lumière la difficulté de faire son deuil lorsqu’on a perdu une personne chère, et dont la présence constituait un élément important de notre vie. En perdant Jamie, Nina a aussi perdu une part d’elle même. Si à aucun moment elle ne remet en cause tout l’amour qu’elle a pour Jamie, c’est paradoxalement son retour qui va lui permettre enfin d’en faire le deuil. Le film met en quelque sorte en image son retour à la vie.
Le couple Juliet Stevenson-Alan Rickman est parfait, parachevant sur grand écran une longue complicité née sur les planches. On s’amuse beaucoup à leurs retrouvailles car Truly, Madly, Deeply fourmille de trouvailles et détails amusants comme l’extrême frilosité de Jamie qui le conduit à surchauffer l’appartement pour se sentir un peu mieux. Ou encore les soirées vidéocassettes qu’il organise avec ses amis de l’au-delà. Preuve s’il en est qu’on s’amuse bien mieux ici bas qu’aux cieux éternels.