CinémaHorreur

Le Mystère de la pyramide – Fred Olen Ray

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The Tomb. 1986

Origine : Etats-Unis 
Genre : Horreur 
Réalisation : Fred Olen Ray 
Avec : Richard Hench, Susan Stokey, Michelle Bauer, David O’Hara…

Renseignés et accompagnés par un vieil égyptien, John Banning (David O’Hara) et un ami se rendent dans un tombeau égyptien encore non exploré pour y trouver des objets antiques et les revendre à des égyptologues californiens. Ces inconscients ne savent pas que ce tombeau est celui de Nefratis (Michelle Bauer), fille illégitime d’un pharaon et prêtresse maléfique condamnée par son père. Évidemment, sitôt son sarcophage ouvert, Nefratis ne manque pas d’assassiner deux des intrus, le troisième, Banning, réussissant à s’échapper avec sa cargaison de colifichets égyptiens. De retour à Los Angeles, il les vend à deux professeurs, le docteur Manners et le docteur Howard Phillips. Puis il reçoit la visite de Nefratis, bien décidée à récupérer ces objets sans lesquels elle ne pourra pas procéder au rituel capable de lui donner la vie éternelle. Pour se faire elle s’assure de la docilité de Banning et s’en va dévaliser Manners, le tuant au passage. Fils du défunt, David (Richard Hench) se met à enquêter sur ce crime et obtient l’aide de Helen, la fille du dr. Philipps.

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Michelle Bauer, Kitten Natividad, Sybil Danning… Même si ces deux dernières -vieillissantes- tiennent des petits rôles (respectivement une strip-teaseuse et une aventurière ne s’aventurant pas plus loin que l’introduction), voilà trois noms qui laissent à penser que Fred Olen Ray se montre égal à lui-même et qu’il va nous pondre une histoire saugrenue sans autre justification que d’abriter les polissonneries dont il se montrera de plus en plus coutumier, surtout lorsque Michelle Bauer est dans les parages (comme Hollywood Chainsaw Hookers, son film le plus connu). Imaginé pour la simple raison qu’un décor égyptien était inutilisé, Le Mystère de la pyramide aurait pu aller dans ce sens, mais il semblerait qu’il ait été victime de censure faisant tomber à la trappe certaines scènes très “olen raysques”. Ce n’est pas pour autant que ce qui reste en fait un film de momie, ni même un film dans lequel la culture égyptienne aurait une quelconque importance. Se situant très majoritairement à Hollywood (les décors désertiques n’ayant probablement été prêtés que lors d’un trou dans leurs disponibilités), nous montrant une Nefratis n’ayant eu aucun mal à se convertir aux mœurs et aux modes des années 80 et ses protagonistes principaux n’entendant pas grand chose au pseudo rituel programmé par la bâtarde d’un Ptolémée (et expliqué par un John Carradine affaibli), Le Mystère de la pyramide ressemble bien à du Olen Ray, mais à du Olen Ray “light”. C’est à dire que censure ou pas, on y distingue clairement toute la subtilité dont ce cher Fred sait faire preuve. Décrite comme une sorte de comtesse Bathory de l’Égypte antique, Nefratis est bien loin de mélanger ces deux mythes que sont la momie et le vampire. Débarquant à Los Angeles dans une robe transparente, s’y promenant par la suite avec des décolletés abyssaux, fréquentant assidument les boîtes de strip-tease, faisant grossièrement de l’œil à la première lesbienne qui passe, non sans avoir préalablement châtié un vil dragueur qui faisait mine de la palper, on ne peut pas dire qu’elle fasse honneur à la solennité et au standing que lui prêtent les vieux égyptologues plongés dans leurs études. D’ailleurs ils en seront pour leurs frais lorsqu’ils utiliseront l’Ankh pour faire fuir Nefratis, comme Van Helsing utilisait le crucifix pour repousser Dracula. Décidément plus proche d’une “hollywood hooker” que de la prêtresse, la donzelle n’en a que faire et balance des éclairs à la tête des malotrus, comme le font les magiciens ou les sous-Skywalker de série B depuis déjà pas mal de temps. Au rayon de ses armes, nous trouvons aussi le serpent, le scarabée (injecté dans le corps de Banning avec pour mission de lui dévorer le cœur au cas où il n’obéirait pas) et un couteau. Des animaux, des effets spéciaux au rabais, une arme blanche, bref tout l’attirail du film sans budget… Fred Olen Ray ne prend pas la peine de rendre un minimum crédible sa grande méchante. Non seulement les objets à retrouver en vue du rituel relèvent du MacGuffin, mais en plus le scénario lui-même est un MacGuffin, puisque son utilité est selon qu’il y ait eu censure ou non, soit d’étaler de croustillantes scènes gratuites, soit tout simplement de permettre au distributeur de mettre sur le marché un film avec quelques noms pouvant attirer un certain public (Bauer, Danning, Natividad, Carradine, mais aussi Cameron Mitchell dans le rôle du professeur Howard Philipps -d’ailleurs que vient faire le pseudonyme de Lovecraft là dedans ? Rappeler qu’il a écrit une nouvelle appelée The Tomb, qui à part son titre n’a aucun rapport avec le présent film ?).

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Le Mystère de la pyramide est avant tout le mystère d’un film qui ne propose rien de bien palpitant pour l’amateur de séries B. Tout aussi dépourvu de gore qu’il l’est d’érotisme, il repose pour une très large partie sur le dos de ses deux principaux protagonistes, des jeunes gens insipides. On ressent bien que Olen Ray est tout de même plus inspiré par sa prêtresse, mais compte tenu de la légèreté de son mobile et de la pudeur dont elle fait preuve en dépit de sa vulgarité, Nefratis ne suffit à elle seule à meubler tout le film. Et le réalisateur et ses scénaristes de se retrouver obligés de se replier sur David et Helen, dont l’association passe sans grande surprise de la convergence d’intérêt (venger papa pour l’un, protéger tonton pour l’autre) à l’histoire d’amour. Rien que de très convenu là-dedans. Nous avons même droit au cliché sur la besogneuse binoclarde et coincée qui sous ses dehors gauches (elle tombe parce qu’elle n’a pas mis ses lunettes… quel boute-en-train ce père Olen Ray !) cache en fait une femme forte et bien foutue. Ces deux héros nous imposent une assez longue enquête trahissant si il en était encore besoin la vacuité totale de la “mythologie” entourant Nefratis… Car au sein de cette enquête le personnage de Banning (caricature du gros bras raciste devenue loque humaine après la greffe de son scarabée) fait figure d’élément incontournable, là où son rôle n’aurait tout simplement pas dû exister. Ce n’est même pas que ce personnage est inutile : c’est tout simplement qu’il n’aurait jamais dû survivre au-delà du retour de Nefratis aux États-Unis. Sa présence est complètement illogique. Nefratis n’a aucune utilité dans ce bonhomme une fois que celui-ci a révélé avoir vendu ses items. En revanche, il est susceptible de donner des indications sur l’emploi du temps de la prêtresse aux deux couillons qui la recherchent… Faut il en conclure que l’évadée du sarcophage est stupide ? Oui, mais cela rappelle surtout que Le Mystère de la pyramide n’a aucun sens, et ce jusque dans son point de départ. Si Nefratis a pu survivre plusieurs millénaires dans son tombeau sans boire le sang d’une vierge (car tel est son rituel), pourquoi sitôt libérée il devient vital pour elle de mener à bien son projet ? Sauf à prétendre qu’elle avait tout simplement soif, auquel cas elle aurait tout aussi bien pu aller descendre une girafe de Chouffe au troquet du coin, on ne voit guère de logique là-dedans. C’est de ce genre d’invraisemblances que naît l’impression d’assister à un scénario MacGuffin. Mais compte tenu de la fadeur général à l’égard des divers ingrédients propres aux séries B, seuls à même de donner un peu de relief à un scénario aussi futile, il n’y a rien d’autre à voir qu’un spectacle stupide et conformiste que l’on peinera en outre à apprécier au second degré. Olen Ray n’a pas non plus cherché à faire dans la comédie horrifique, comme le faisait alors beaucoup de producteurs cherchant à ameuter le public du cinéma d’horreur sans pour autant effaroucher les censeurs. Le Mystère de la pyramide est un peu à l’image de sa conception : tourné en profitant de la disponibilité d’un décor, il est digne d’être utilisé pour remplir les cases vides des grilles de programmes télévisés. Peut-être pas un hasard si l’on considère que depuis 1986, Fred Olen Ray est devenu un téléaste prolifique et anonyme alternant sy-fyeries numériques (avec Casper Van Dien et Nicole Eggert c’est dire si c’est insipide) et panouilles sexy aux titres chantants.

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