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La Perle noire – Saul Swimmer

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The Black Pearl. 1977

Origine : Etats-Unis / Espagne 
Genre : Aventure 
Réalisation : Saul Swimmer 
Avec : Mario Custodio, Carlos Estrada, Gilbert Roland, Aldo Sambrell…

Attention ! “The Black Pearl” n’est pas que le nom d’un navire pirate légendaire ayant inspiré Gore Verbinski pour ses Pirates des Caraïbes. C’est aussi un roman publié en 1967 par Scott O’Dell, écrivain américain spécialisé dans la littérature pour moutards. Parmi ses vingt-six romans, quelques-uns ont connu la joie d’une transposition sur grand écran. Étant parmi ses œuvres les plus connues, La Perle Noire est du nombre. Scénarisée par Victor Miller, qui dans un énorme élan de génie accouchera quelques années plus tard de Jason Voorhees lui-même (en temps que scénariste du Vendredi 13 de Sean S. Cunningham), cette adaptation co-produite entre les États-Unis et l’Espagne marque le nouvel effort à la réalisation de Saul Swimmer, producteur du très bon western spaghetti Blindman (avec Ringo Starr) mais surtout grand mélomane à qui l’on doit la production de Let It Be (le film avorté des Beatles), la mise en images du concert pour le Bangladesh organisé par George Harrison et la réalisation d’un concert filmé de Queen en 1982. De toute évidence, l’homme connait du beau monde ! Pourtant, La Perle noire n’a pas bénéficié de ses connaissances aptes à séduire le grand public. En revanche, nous y retrouvons quelques trognes secondaires du cinéma bis européen, telles que Ricardo Palacios, Barta Barri ou encore l’indéboulonnable Aldo Sambrell, tout triste depuis la lente agonie du western spaghetti.

Tous ces gens sont ici mis au service d’une intrigue semblant tout droit sortie des inédits de l’émission Thalassa. Saul Swimmer nous emmène sur les côtes mexicaines, dans un petit village de pêcheurs d’huîtres perlières. Nous y découvrons comment Ramon, le fils du populaire armateur du village, apporta la malédiction autour de lui en désobéissant à son professeur de pêche, dont la première des leçons fut de déconseiller les visites à la grotte de la Manta Diablo, une légendaire raie manta géante bien décidée à ne pas se laisser voler les perles noires de son antre.

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Ne cherchons pas d’ennemis dans cette œuvre dédiée au respect de la nature. Salazar, l’armateur, est aimé de tous et n’hésite pas à mettre son commerce en péril pour acheter aux pêcheurs leurs perles obtenues souvent dans des conditions difficiles. La Manta Diablo elle-même n’est pas méchante et sert essentiellement à démontrer que l’on ne peut s’en prendre impunément à mère nature sans avoir à en subir les conséquences. Ramon, le jeune héros, commettra cette erreur de jeunesse motivée par de bonnes intentions : donner la perle noire à son père pour qu’il la revende et ainsi renflouer les caisses de l’entreprise et par extension du village. Mais il se rendra vite compte de son erreur, la malédiction provoquant la mort en mer de ses proches. Si méchant il devait y avoir, ce serait certainement le Maure, plongeur casse-cou désireux de reprendre la perle après que celle-ci eut été offerte en offrande par Salazar à la sainte protectrice du village. Saul Swimmer aime ses personnages, les adultes tant que les enfants, et s’enrichir pour s’enrichir ne vient à l’idée de presque personne. Toutes les intentions des personnages découlent d’une motivation positive : le refus de Salazar de confier la formation de son fils au Maure, les difficiles exercices concoctés par le vieux pêcheur (finalement choisi à la place du Maure) pour faire de Ramon un bon plongeur, l’intrusion de Ramon dans la grotte interdite pour y récupérer une perle, le refus de Salazar de vendre la perle à bas pris à des diamantaires radins. C’est justement par réaction à ces escroqueries que finalement Salazar fera don de l’objet convoité à l’Église. Des bonnes intentions humaines qui ne sont pas récompensées, la nature divine étant cruelle. Cruelle mais juste, suggère Swimmer, qui semble affirmer que le respect de Dieu et de ses créations vaut plus que toutes les perles du monde. D’où un village vivant entièrement (excepté pour le Maure, qui justement est un étranger… aheum) sous la domination d’une bonne morale ne pouvant qu’être bénéfique. De toute façon, quelques que soient les sacrifices consentis : “Dieu vous le rendra”, comme l’illustre le dénouement du film. On ne peut que regretter cette philosophie appelant à se satisfaire de son pain quotidien. Mais heureusement, Swimmer ne se fait pas prosélyte et n’impose pas son point de vue par la force au spectateur. Le film prend des allures de documentaire sur le mode de vie et les croyances de ces pêcheurs mexicains (d’où le côté “Thalassa”), et de plus, la nature est davantage mise en avant que la soumission religieuse, ce qui reste préférable. Le film, assez solennel dans l’ensemble, ne rate pas une occasion pour nous montrer la magnificence des côtes sauvages mexicaines ainsi que de la faune aquatique, Manta Diablo y compris puisque ses rares apparitions belliqueuses sont pudiquement cachées par un montage évitant de distinguer la violence de ses assauts, par ailleurs justifiés (par le vol de sa perle, par le combat au harpon que lui livre le Maure dans le final). C’est ainsi que les séquences de plongées nous présentent tout un tas de poissons exotiques à l’aspect pour le moins baroque, agissant par réaction aux événements (par exemple un combat de crabes suite au vol de la perle par Ramon). Sur terre, les animaux s’y mettent également, avec un scorpion, des araignées, un vautour… Si l’emploi de stock shots animalier est évident, il faut tout de même signaler que Swimmer semble les avoir réduit au strict nécessaire, réalisant des séquences “live” autant que faire se peut, quitte à aller mettre des mygales sur ses acteurs.

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D’une humilité toute catholique, La Perle Noire n’est pas le film d’aventure le plus mouvementé qui soit. C’est un petit film avant tout dédié à la nature, et qui évite soigneusement de faire apparaître sa raie manta comme l’une des grosses et méchantes bestioles peuplant le bestiaire du cinéma fantastique. Il y a ainsi un certain charme qui émane de cette production très “pacifique”. Quitte à choisir un film pour enfants sages, autant miser sur cette Perle Noire que sur la première Petite Sirène venue.

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