300 – Zack Snyder
300. 2006Origine : Etats-Unis
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Bien sûr, on a très très peur quand on adapte une bande dessinée. Surtout les adeptes de cette BD. Et quand en plus c’est une BD de Frank Miller, les gens s’interrogent.
Frank Miller est connu pour avoir relancé Batman dans les années 80, et est devenu l’un des auteurs les plus respectés grâce à sa série Sin City qui connut une adaptation plus que douteuse au cinéma par l’exécrable réalisateur qu’est Robert Rodriguez.
Ainsi, avec 300, les yeux des fans de Miller se tournaient vers Zack Snyder, réalisateur de L’Armée des morts, remake de Zombie. Ainsi, Snyder prenait le pari avec 300 d’adapter un comic culte dont les attentes étaient considérables pour tous ceux qui ont pu dévorer les pages du roman graphique de Miller. L’idée, bien évidemment, était de garder l’esprit graphique de la BD, celui de Miller, et d’en faire un péplum moderne fidèle au produit de base.
300 est donc l’histoire de la bataille des Thermopyles qui opposa une poignée de Grecs à toute une armée de l’Empire Achéménide plus connu sous le nom d’Empire Perse. Ca s’arrête là. A aucun moment ni le comic ni le film ne se revendiquent comme historiques. Il y a là une part à la fiction non négligeable et en cela il n’est pas critiquable de reprocher à ce film ses libertés et son côté fantastique car c’est tout à fait l’effet recherché : un mélange savant entre fantastique, mythologie et histoire. Bien sûr, cette bataille a existé, mais il n’y avait pas que des Spartiates, il y avait un millier de Grecs, des Spartiates, des Thébains et des Thespiens. Peu importe donc, et si cela vous intéresse d’en savoir plus, allez lire des livres d’histoire. Car ce que cherchait à raconter Miller dans son comic et ce que Snyder adapte à merveille, c’est l’histoire d’hommes accrochés aux valeurs de leur nation qui se voient contraints un jour de préserver cette nation, au prix d’un sacrifice qui les mènera à une gloire certaine. Ainsi, toute l’histoire se déroule au cœur des Spartiates, autour du roi Léonidas, joué par un excellent Gerard Butler, charismatique au possible dans le rôle de ce roi menant 300 de ses plus fidèles soldats à une mort certaine.
Visuellement, le film est une vraie réussite. Tourné entièrement sur fonds bleus et verts, chaque planche du comic est ainsi insérée dans le film pour un rendu exceptionnel, c’est tout simplement du jamais vu. Et c’est surtout du jamais vu réussi. Qu’on se le dise, la mise en scène est une des grandes réussites de ce film, les effets spéciaux, les batailles, gores, ce qui n’est pas commun dans ce genre de production qui se voudrait grand public. Et ce n’est pas un blockbuster de plus, c’est un film à part au ton personnel, fidèle à l’univers de Miller : violent.
Ainsi, on peut regarder le film juste pour ce qu’il est. Une sorte de délire visuel mettant en scène des guerriers surentraînés qui se battent aux côtés de leur roi pour préserver leurs libertés, et en face, une armée immense qui se bat pour un faux roi divin qui fouette ses soldats pour les faire avancer. Ne croyez donc pas Libération lorsqu’ils disent de que « 300 est un atroce film de propagande dont l’idéologie de droite extrême donne envie de vomir ». Autant de connerie de la part de ce journal est absolument à vomir, c’est le cas de le dire. Et c’est surtout oublier ce qu’était Sparte, une cité basée sur une certaine idée de supériorité, avec une classe inférieure appelée hypomeiones ; seuls les plus forts survivent (le film montre bien d’ailleurs que les nouveaux nés sont examinés et s’ils ne sont pas conformes, ils sont tués). Alors non, on ne peut pas dire de ce film qu’il véhicule des idées d’extrême droite, c’est complètement stupide et montre bien combien certains critiques ne comprennent rien à ce qu’ils voient, n’ont aucune culture historique, et n’ont pas lu l’œuvre originale de Miller.
Bref, que dire de ce film sinon qu’on prend son pied pendant les batailles, que les exploits guerriers virent au surréalisme, et c’est tant mieux, on s’amuse d’autant plus ! Après, si certains veulent y voir une portée politique, c’est dommage. Je pense que le film peut-être très bien vu sans se soucier de la portée politique, et si on décide de le regarder avec, on verra juste une idéologie cherchant à combattre un envahisseur. Rien de grave donc.
Au final, le film est une belle réussite, l’adaptation l’est tout autant et on remercie Miller de ne pas s’être autant impliqué dans 300 que dans Sin City, Miller n’étant pas un cinéaste mais bel et bien un auteur de comic exceptionnel. Une belle surprise que ce film. A voir donc.