Les Chroniques de Player One – Olivier Richard & Alex Kahn
Les Chroniques de Player One. 2010Origine : France
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Écrire une chronique sur ce qui se présente comme des chroniques, c’est le serpent qui se mord la queue… Lorsque j’ai vu qu’un tel ouvrage existait, je me suis jeté dessus. J’avoue avoir eu du mal à le trouver, et c’est la vente par correspondance qui a pu satisfaire ma curiosité.
Imaginez l’adolescent que j’ai été durant les années 90. Je découvrais les jeux vidéos, et de simple plaisir, l’univers des consoles (mais aussi des ordinateurs) devenait une réelle passion. Une passion, ça se partage, et il m’était bien difficile d’en faire part à mes parents qui avaient un regard circonspect sur mes moments passés paddle ou joystick à la main (enfin, dans les mains…). C’est tout naturellement que je me suis dirigé vers la presse spécialisée. J’ai découvert Player One par hasard et n’en suis presque jamais sorti. C’était non seulement agréable à lire, mais il en sortait quelque chose d’autre. On sentait une agréable ambiance, une intelligence dans l’écriture et dans l’appréhension du média. J’ai tout de suite adhéré. Alors, à chaque début de mois, lorsque je recevais mes 50 francs d’argent de poche, je me ruais chez le marchand de journaux pour acheter le nouveau Player One. J’avoue que parfois, je me laissais tenter par Nintendo Player ou Ultra Player (le nom a changé plusieurs fois). Mais l’esprit était le même, quel que fut le magazine Player que vous achetiez. C’était là le plus important.
Et donc, ma passion pour la presse a grandi avec ce magazine (mais aussi avec 5 majeur, qui dans les années 90 était une référence en presse basket) et ne s’est jamais tarie (c’est sans doute pour cela que je participe à l’élaboration du magazine Barjabulle). J’aime la presse magazine (pas toute évidemment), et c’est toujours un plaisir de lire des articles pertinents, fouillés et passionnés en tenant fébrilement l’œuvre d’une rédaction soudée et enthousiaste. C’est cette impression que me faisait Player One et que me fait aujourd’hui Canard PC par exemple.
Concernant le livre, il cible clairement un public. Si vous n’aimez ni les jeux vidéos ni les mangas, passez votre chemin. Si vous êtes seulement curieux et que vous souhaitez découvrir un peu l’Histoire du jeu vidéo et du manga en France, ce livre est fait pour vous. Et si vous avez connu Player One, si vous aimez toujours autant les jeux vidéos ainsi que les mangas, n’hésitez pas, ce livre est fait pour vous ! Vous découvrirez une quantité d’informations à faire rougir un historien. Car au-delà de chroniques comme le titre du bouquin l’indique, on tient là le compte rendu d’une époque. Une époque qui a évolué, et dont les participants ont non seulement apporté un renouveau, mais surtout une véritable touche personnelle.
Au-delà de cela, je me souviens aussi que ces hommes et ces femmes ont été porteurs non seulement d’une culture (l’ouverture au Japon), mais aussi d’un discours. Quand les hommes et femmes politiques ou autres associations voyaient dans les mangas, la japanimation ou les jeux vidéo des œuvres dangereuses pour les enfants, tout un courant se levait pour expliquer qu’un jeu vidéo ou qu’un dessin animé ne rendent pas les enfants violents. Ces gens-là, on leur doit l’énorme quantité de mangas dans nos librairies (les comics aussi mais de façon un peu moindre), des choses comme les films de Miyazaki ou d’Otomo, mais aussi la prise de conscience que le jeu peut être à part entière un loisir, une passion, et un outil ludique formidable. De par leur verve, leur passion, et leur acharnement au travail, ils ont contribué, avec la collaboration des fabricants de jeux vidéo, mais toujours avec indépendance, à faire entrer ces “dangereux” objets dans nos salons.
Avec Les Chroniques de Player One, on découvre l’envers du décor de MSE (Média Système Edition), dont Alain Kahn en est le créateur, éditeur à qui l’on doit des magazines comme Amstrad CPC, Player One, Ultra Player, Nintendo Player, Manga Player.
Vous trouverez de nombreuses interviews parfaitement agencées avec le reste qui apportent quantités d’informations, mais aussi d’opinions sur l’ensemble des sujets traités. Professionnels de l’édition, rédacteurs, pigistes, testeurs, créateurs de magazines, distributeurs de films, réalisateurs, dessinateurs… Bref, rien ne manque. Témoignages, anecdotes, nostalgie d’une époque un peu folle et terriblement libre.
Je ne le cache pas, j’ai eu beaucoup de plaisir à dévorer les lignes de ce bouquin. Encore une fois, je vous encourage à vous y plonger si le sujet vous intéresse, sinon, passez votre chemin.