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XIII, tome 4 : SPADS – Vance et Van Hamme

XIII
Tome 4 : SPADS. 1987.

Origine : Belgique
Genre: Thriller
Dessins : William Vance
Scénario : Jean Van Hamme
Editeur : Dargaud

Ayant réussi à s’évader de l’asile pénitentiaire de Plain Rock grâce au concours du Général Carrington et du Lieutenant Jones, XIII n’a pas le temps de profiter de sa liberté fraîchement recouvrée. Sous l’identité de Ross Tanner, il est intégré au SPADS, cette unité d’élite à laquelle Steve Rowland faisait partie. De son côté, le Colonel Amos continue d’enquêter sur son compte. Les deux tentatives de meurtre à son endroit auxquelles il réchappe indiquent qu’il semble près de la vérité. Mais il n’est pas au bout de ses surprises…

Ce quatrième tome des aventures de XIII marque un changement radical dans la démarche de Jean Van Hamme. Tout d’abord, ce que vit XIII dans cet épisode ne constitue pas le plus important d’une intrigue qui se joue essentiellement en coulisses, dans le cocon douillet d’une chambre d’une grande demeure bourgeoise. XIII reste ce qu’il est depuis le début, à savoir un homme plein de ressources mais qui est obligé de composer avec toute une somme d’éléments qu’il est bien en peine d’appréhender au mieux. Toutefois, la perspective que nous avons du personnage tend à changer. Déjà, il n’est plus en cavale. Cette fois-ci, il s’acquitte d’une mission échafaudée par le Général Carrington. Il a donc un but précis, qui nous sera dévoilé progressivement, le transformant en homme d’action plus que de réaction. Et puis, en levant le voile sur les nombreux mystères établis depuis Le Jour du soleil noir, Van Hamme donne à son héros une image plus nettement positive. Jusqu’à présent, et malgré des atours de victime en puissance, XIII semblait en réalité être davantage un beau salaud qu’un homme de bien. C’est ce qui lui conférait tout à la fois son statut de personnage tragique et son ambiguïté. Or, Van Hamme balaie soudain cette ambiguïté en lui attribuant une nouvelle identité et, surtout, en le dédouanant totalement de ce dont il est accusé depuis le début : le meurtre du président William B. Sheridan. Cependant, loin d’amoindrir la force du récit, cette révélation lui permet de s’inscrire dans une démarche plus ambitieuse en orientant plus franchement sa série vers le complot politique.

SPADS s’ouvre sur l’affrontement électoral qui bat son plein à l’approche des prochaines élections présidentielles entre le va-t-en-guerre Joseph K. Galbrain, l’actuel titulaire du poste, et le frère cadet du président assassiné, Walter Sheridan. Une lutte qui dans les sondages tourne à l’avantage du jeune Sheridan. Là encore, Van Hamme puise son inspiration dans l’Histoire des Etats-Unis et ces sombres années 60 qui l’ont vu vaciller. Non datée, la trame de la série se pose volontairement en réalité alternative offrant toutes latitudes au scénariste de réécrire l’Histoire à sa guise et de l’adapter aux contraintes d’une série d’action. Ce qu’est assurément XIII, même si ici, elle se fait plus diffuse. Passées les deux tentatives d’assassinat à l’encontre du Colonel Amos en début de récit, et la fuite de XIII et du lieutenant Jones à la fin, l’essentiel de ce quatrième tome repose donc sur les révélations. Celles-ci offrent l’avantage de mettre un peu plus en lumière le personnage du Colonel, qui ne nous apparaît plus comme un ennemi potentiel de XIII, mais plutôt comme un homme d’une grande droiture et en qui on peut avoir entièrement confiance. De même, Ben Carrington, auquel le dessinateur Vance attribue de faux airs de Lee Marvin, joue plus franc jeu et dissipe les quelques doutes que nous pouvions avoir à son sujet. En fait, pendant que XIII se dépêtre comme il le peut de sa mission, des alliés lui apparaissent, le laissant moins seul qu’auparavant. A la fin de ce quatrième tome, il n’est donc plus seul contre tous mais l’un des maillons qui pourrait contribuer au basculement de l’Histoire en contrecarrant le coup d’État qui s’annonce. Et si son passé demeure flou, au moins son avenir pourrait s’avérer étincelant.

Jusqu’à présent, la série me laissait sur ma faim, donnant l’impression de tourner sciemment en rond sans trop faire avancer le schmilblick. SPADS a eu le mérite de faire disparaître ces réserves en un tour de main, grâce à un récit parfaitement construit et qui ose aller de l’avant. La série semble enfin lancée sur de bons rails et donne plus que jamais envie de connaître la suite. Quant aux dessins, Vance confirme son immense talent, réussissant la gageure de conférer aux scènes de pluie, fort nombreuses dans cet épisode, un réalisme qui laisse béat d’admiration.

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