Gong – Laurent Astier
Gong. 2003Origine : France
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New York, novembre 1947. Dans moins de cinq minutes, au grand stadium, va se dérouler le combat de boxe le plus attendu de l’année, opposant Mark L. Dancre, dit le Danseur, à son challenger Anton Plavel. Certains journalistes l’ont même appelé “le combat du siècle”. Mais ce combat, Plavel va le perdre. Il va se coucher, et ce sera son dernier. Tout ça parce qu’Eric Zinoli, grand ponte de la pègre, a acheté le match et lui a ordonné la défaite. C’est la loi de l’argent et des paris dans le milieu de la boxe qui oblige Anton à abandonner sa carrière. Mais il n’a pas l’intention de quitter le milieu sans entraîner tout le monde dans sa chute…
Cette superbe bd claque à nos yeux tel un coup de poing… Le jeune dessinateur Laurent Astier signe un ici un petit bijou de la “bd noire” qui ravira les amateurs. Le scénario est concis et efficace. Ca pourrait être une courte nouvelle policière sur le milieu de la boxe et de la pègre. Toute l’histoire se déroule dans la tête de Anton Pavel, le narrateur, l’espace d’un match de boxe. Le style est percutant et racé, comme le boxeur, le lecteur n’a le temps de souffler qu’entre les rounds, quand Pavel évoque ses souvenirs. L’histoire réutilise habilement les clichés du genre : Boxeurs, truands et femmes fatales se croisent dans les ruelles sombres et se côtoient dans les salles de boxes enfumées. Alors certes l’ambiance film noir et les dessins en noirs et blancs ne sont pas ce qu’il y a de plus original, surtout avec cette histoire qu’on pourrait juger un brin trop courte. Mais ces éléments sont transcendés par l’exceptionnelle narration et la fabuleuse mise en image d’Astier. Si l’ombre de Frank Miller et de Sin City plane effectivement sur cet album, Astier parvient à trouver sans problèmes son propre style via ce sens du découpage totalement ahurissant. Les cases s’effacent et les dessins se croisent et s’entremêlent dans une mise en scène particulièrement nerveuse et saisissante. Le trait rapide et précis du jeune auteur se prête tout à fait à cette narration tout en mouvement. Et malgré sa relative sophistication, jamais la mise en image ne vient gêner la lecture, les dessins se croisent harmonieusement, comme dans un engrenage parfait, et sont aussi utiles à l’histoire que le texte. L’histoire se fait sur plusieurs niveaux qui sont suivit en parallèles dans l’esprit du boxeur. Les niveaux s’entremêlent dans l’histoire de façons très ingénieuse, créant un suspense de plus en plus épais, qui sied bien à cette sombre histoire.
Bref, Gong est une bd à la force peu commune, où le scénario est magnifié par une narration vraiment exceptionnelle. A n’en pas douter, Astier est un auteur à suivre de très prêt!