Le Tueur, tome 1 : Long feu – Jacamon et Matz
Le Tueur
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Le Tueur est une BD mettant en scène un tueur à gage. Long Feu est le premier tome d’une série qui compte à ce jour 5 autres numéros.
Pour ce premier album, les auteurs nous plongent dans une sorte d’autobiographie d’un tueur qui nous livre ses pensées sans détour aucun. C’est là l’un des principaux intérêts de cet ouvrage. Entrer dans les pensées les plus sombres d’un homme de l’ombre qui tue pour vivre. Sans aucun remord, il exécute les personnes sans savoir si elles le méritent. Ce n’est pas son problème, il n’a pas à s’investir moralement, son but est de tuer, ni plus ni moins. Il ne fait pas cela vraiment par plaisir, il le fait parce qu’il le fait bien et que ça lui permet d’en vivre très aisément.
Les auteurs nous entraînent alors dans la tête d’un homme avec sa propre logique, un homme qui avait tout pour être ordinaire et qui un jour se retrouve à tuer sa première victime. Puis les choses s’accumulent et il en fait son métier.
On retrouve alors notre tueur dans une planque. Elle se situe en face de l’appartement de sa prochaine victime. Cela fait des jours qu’il l’attend. Des journées et des nuits de solitude, à attendre que son contrat se pointe pour qu’il lui loge une balle dans le cœur, dans la tête, peu importe, pour qu’il le tue. En attendant, les auteurs nous présentent leur héros. Choix difficile de mettre en scène un tel homme. Il faut bien évidemment éviter de tomber dans les clichés, il faut aussi éviter qu’on s’attache à lui, qu’il nous soit sympathique, il ne faut pas oublier que ça reste une ordure quand même. C’est pourquoi les auteurs restent très distants avec leur personnage. On n’éprouve pas de sympathie particulière pour lui, mais on le suit avec plaisir. Oui, on veut savoir, on veut comprendre, et c’est là la force de cette œuvre : réussir à nous donner envie de comprendre. Du coup, le scénario se construit de façon assez classique avec l’utilisation de flash-back, mais aussi d’un récit raconté à la première personne, les pensées du tueur qui guette sa proie. Alors tout le monde en prend pour son compte. Il en veut au monde entier, il hait la société, et on comprend mieux comment il en est arrivé là. On ne l’excuse pas pour autant, mais ça explique certaines choses. Le récit, très bien écrit et très vivant, malgré le manque d’action évident (le tueur attend), est soutenu par un style graphique assez froid dans ses couleurs, et un dessin aux traits accrochés. Mais c’est surtout la mise en scène très cinématographique qui nous emballe. Le choix des plans et le découpage nous entraînent dans une aventure rythmée et stressante. Les dernières pages s’emballent et on reste scotché à la BD. Du grand art !
L’alliance entre le récit et le dessin est réussi et fait de ce premier album une énorme réussite.
Reste plus qu’à découvrir les autres pour savoir si cette série vaut la peine qu’on s’y attarde un peu plus ou non !