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Masters of Horror 1-09 : La Cave – William Malone

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Masters of Horror. Saison 1, épisode 09
The Fair-haired child. 2006

Origine : États-Unis / Canada
Genre : Horreur
Réalisation : William Malone
Avec : Lori Petty, Lindsay Pulsipher, William Samples, Jesse Haddock…

Tara n’est pas née sous une bonne étoile. Déjà marginalisée au sein de son école, la voici kidnappée puis séquestrée dans une cave en compagnie d’un jeune homme suicidaire. Pour quelle raison ? Elle l’ignore, même si elle se doute bien que le couple Judith et Anton Ruric ne l’ont pas enlevée pour ses beaux yeux…

Au sein de la pléthore de noms ronflants justifiant l’existence des Masters of Horror, la présence de l’obscur William Malone pose question. Forte de seulement quatre films au moment du tournage de La Cave, sa filmographie ne pouvait se targuer que d’un titre relativement connu, La Maison de l’horreur (1999), remake de La Nuit de tous les mystères (1959) de William Castle. Un film somme toute anecdotique mais qui permit à son réalisateur de renouer enfin avec le cinéma fantastique, lui qui était jusque là cantonné aux séries télés plus ou moins prestigieuses. Cette main tendue du duo Joel Silver-Robert Zemeckis fit alors figure d’aubaine pour ce passionné, qui vint à la réalisation en finançant lui-même son premier film –Scared to Death (1980)- mais qui n’obtint jamais par la suite les sollicitations espérées. En un sens, son intronisation au sein des Masters of Horror récompense son abnégation et la passion inextinguible que William Malone nourrit pour le fantastique. Une passion qu’il partage avec Mick Garris, ami de longue date, et qui comme lui n’a pas connu une grande carrière derrière la caméra. Entre laborieux, il est parfois bon de se serrer les coudes.

Sans surprise, La Cave ne fait pas preuve d’une grande personnalité. Le choix de William Malone s’est porté sur une histoire qui convoque quelques éléments clés du genre, à savoir le deuil impossible mâtiné de cérémonies occultes, le tout prenant soin de ménager un léger suspense quant à la finalité de l’intrigue. Il prend le parti d’exposer au compte-gouttes les motivations de Judith et Anton, via des flashbacks explicatifs et stylisés, vécus comme des cauchemars. Esthétiquement parlant, ces séquences font bonne figure même si elles nous rappellent de trop les procédés employés pour La Maison de l’horreur, versant dans un gothique rétrospectif. Parallèlement à ces flashbacks, William Malone joue la carte de la maison hantée avec l’exploration de la cave effectuée par Tara et Johnny, riche en découvertes macabres… et en interrogations. L’une d’entre elles concerne l’une des inscriptions inscrites sur les murs : “Attention à l’enfant blond”. Si “l’enfant blond” renvoie de toute évidence à Tara, cette inscription induit qu’elle représente un danger quelconque, or c’est plutôt du côté de Johnny que semble se tapir le danger. En outre, l’origine des divers messages qui parsèment la cave ne faisant peu de doute lorsqu’on apprend le mode de communication de ce même Johnny, ladite inscription fleure bon la prophétie qui, si elle finit par se réaliser en un sens, laisse dubitatif quant à sa pertinence. L’auteur du message n’avait clairement aucune raison de se méfier de Tara, ni de se méfier de quiconque d’ailleurs. Et il ne s’agit pas de la seule incohérence de l’épisode. On peut ainsi se demander pourquoi Judith éprouve le besoin de poser des questions intimes à Tara alors que les photos dont se sert Anton pour l’identifier prouvent qu’elle n’a pas été choisie au hasard. Tout cela dénote une farouche volonté de William Malone pour brouiller les pistes et rendre l’intrigue moins évidente qu’elle ne l’est en réalité. Pour autant, il ne parvient guère à nous immerger dans ce huis clos, et encore moins à jouer la carte de la peur en dépit d’une créature fort réussie, et qu’encore une fois les visuels des diverses versions DVD éventent sans scrupules. Une constante de l’éditeur que je perpétue à mon tour.

A l’aune des 13 épisodes qui composent cette première saison, La Cave s’inscrit dans la moyenne. Autrement dit, il n’est guère fameux. Cet épisode se suit avec un désintérêt croissant, la faute à des personnages peu attachants, et des péripéties sans reliefs. Si William Malone parvient à conserver une homogénéité tout au long de l’épisode (ici, pas de surenchère contre productive, à l’image du final de La Maison de l’horreur), celui-ci n’en demeure pas moins trop lisse, voire gentillet au regard de son épilogue lumineux. Côtoyer certains des plus grands noms du genre au générique d’une série ne signifie nullement les égaler. William Malone en est encore loin, et compte tenu d’une carrière qui s’écrit toujours en pointillés (depuis La Cave, une seule réalisation datant de 2008, l’inédit Parasomnia), il n’est pas prêt d’y parvenir.

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