CinémaHorreurSérie TV

Les Contes de la crypte 4-10 : A la place du mort – John Frankenheimer

contesdelacryptesaison4

Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 10.
Maniac at Large. 1992

Origine : États-Unis 
Réalisation : John Frankenheimer 
Avec : Blythe Danner, Salome Jens, Clarence Williams III, Obba Babatundé…

Mais pourquoi diable Margaret a-t-elle accepté de travailler après la fermeture de la bibliothèque ? Alors qu’elle pourrait passer la soirée tranquillement chez elle, la voici à supporter les humeurs de sa supérieure Mme Pritchard. Et comme si cela ne suffisait pas, la presse fait écho d’un tueur en série qui sévirait dans le coin. Dès lors, la soirée de Margaret va rapidement tourner à la crise d’angoisse.

John Frankenheimer fait partie de ces solides artisans qui, s’ils ne sont pas fréquemment cités lorsqu’il s’agit d’énumérer les meilleurs réalisateurs de leur génération, compte tout de même quelques très bons films au sein de leur filmographie. Auteur de thriller réputés au début de sa carrière comme Un crime dans la tête ou Seconds – L’Opération diabolique, John Franhenheimer connaît une période de vaches maigres durant les années 80, enchaînant les échecs (Dead Bang, La Quatrième guerre, Year of the Gun). Une aubaine pour Les Contes de la crypte qui peut ainsi étoffer son panel de réalisateurs pour une quatrième saison qui sur ce point s’impose comme tout aussi prestigieuse que les précédentes. Quant à John Frankenheimer, il entamait là une parenthèse télévisuelle qui ne devait se refermer qu’à la faveur des déboires survenus sur le tournage de L’Ile du docteur Moreau, dont la réalisation lui échoira au pied levé.

Ce dixième épisode nous permet de renouer avec les bonnes habitudes de la série, délaissées le temps d’un recyclage inopportun. John Frankenheimer s’appuie sur des ingrédients simples, un espace clos (la bibliothèque municipale), un nombre de personnages limités (six) et un élément perturbateur (la présence d’un tueur en série), qu’il s’amuse à pervertir. Ainsi, le tueur en série ne sera jamais clairement personnalisé. Il semble n’exister que dans l’esprit vicié par la peur de Margaret, qui attribue chaque bruit, chaque événement, chaque attitude un tant soit peu louche à ses yeux comme émanant du tueur potentiel. Et à chaque fois, elle se heurte à un mur d’incompréhension (de la police, de sa supérieure) qui la renvoie à sa profonde solitude. A mesure que la nuit progresse, son isolement se renforce (le dernier lecteur rentre chez lui, l’agent de la sécurité est congédié, Mme Prichard part chercher des sandwiches) et sa psychose prend des proportions effarantes. Pour la nourrir, John Frankenheimer se plaît à placer Margaret au milieu d’un aréopage de personnages aux comportements ambigus. De ce lecteur fana de faits divers à cet autre au faciès rongé par la maladie en passant par cet agent de la sécurité bouffi de rancœur et d’alcool, Margaret fraie avec de drôles d’énergumènes que le réalisateur filme de manière équivoque, telle des figures tout droit sorties d’un cauchemar. Le danger est à la fois partout… et nulle part puisque chacune des menaces potentielles se retrouve rapidement désamorcée. L’épisode cultive ainsi l’ambiguïté sur toute sa durée, du sympathique thème inaugural –signé Bill Conti– aux élans gothiques mâtinés de sonorités grotesques jusqu’au final sanguinolent d’usage, un rebondissement bien dans la logique de la série mais dont l’épisode aurait pu faire l’économie sans que cela ne lui nuise.

A la place du mort remet cette quatrième saison sur des rails que la série n’aurait jamais dû quitter. Certes, la formule peut parfois paraître galvaudée –la chute du récit– mais séduit toujours, notamment par la diversité des personnages rencontrés. Loin de se limiter à un seul archétype, Les Contes de la crypte explore tout le panel disponible, du retraité aigri au gamin en mal d’attention en passant par le doux-rêveur, la femme vénale ou comme dans le cas présent, la vieille fille. Ici, pas de jeunisme et encore moins d’opportunisme. La série navigue volontairement à contre-courant, distillant un charme rétro qui en fait encore aujourd’hui tout le sel.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.