Christine – Stephen King
Christine. 1983Origine : Etats-Unis
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Avec Christine, Stephen King se plonge une nouvelle fois dans le milieu adolescent, après Carrie, Rage et Marche ou crève (ces deux derniers ayant été publiés sous le pseudonyme de Richard Bachman). Une nouvelle fois, il aborde les thèmes récurrent de l’âge ingrat, et son personnage central, Arnie Cunnigham, partage bien des points communs avec Carrie, en moins extrême tout de même. Physique ingrat, famille possessive, peu d’amis, sujet des moqueries de ses camarades de classe. Et comme Carrie, il se vengera via un moyen cette fois ouvertement surnaturel, totalement dépourvu d’hypothèses scientifiques. La vengeance ne vient pas d’Arnie lui-même, mais de Christine, une voiture hantée par les mauvais esprits de son premier propriétaire, le colérique Roland LeBay, dont le passé trouble de la fin des années 50 et du début des années 60 continue à survivre à travers la Plymouth Fury 58 et à travers un Arnie corps et âme possédé par LeBay et sa voiture, prêt à tout pour garder l’adolescent sous son contrôle exclusif. Malheur à ceux qui tenteront de s’interposer… D’autant plus que la voiture ayant sa vie propre est capable de se régénérer d’elle-même. Malgré tout, le seul ami de Arnie s’y essayera, rejoint par Leigh, une jeune fille attirée par un Arnie devenu brièvement séducteur galant avant de plonger dans l’enfer de Christine. Il faut bien avouer que cette histoire est très mince, et que King n’a pas grand chose d’original à rajouter au niveau de l’adolescence que ce qu’il avait déjà dit dans Carrie. Tout on plus peut-on remarquer l’ironie de la situation, avec un Arnie passant du statut de rejeté possédé par ses parents à un statut identique, le rejet étant désormais volontaire (ou du moins en apparence) et la manipulation orchestrée par Christine, une voiture utilisant les faiblesses d’un adolescent pour survivre (et bien entendu, l’automobile constitue souvent une source de fierté pour la jeunesse) . King évoque donc un passage à l’âge adulte se faisant dans la difficulté, voire peut-être voué à l’échec. Bref encore une fois, c’est ce que l’on trouvait déjà dans Carrie, et que l’on retrouvera une paire de fois par la suite, notamment dans Ça, chef d’œuvre qui s’attardera toutefois plus sur l’enfance et l’âge adulte, passant un peu au dessus de l’adolescence.
Mais si Christine n’est pas foncièrement très relevé, on y trouve quand même largement de quoi profiter de sa lecture, grâce au parti pris plutôt original d’en faire un roman très typé fifties. Car avec Christine, c’est toutes les années 50 qui viennent hanter le présent, et King illustre ainsi chacun de ses chapitres par une citation issue de chansons rock’n’roll bien comme il faut. Sans compter les références musicales intégrées au récit, et parfois même des références visuelles évidents (le look de Christine, évidemment, mais aussi un passage d’hallucination qui plonge Dennis, l’ami d’Arnie, tout droit dans les années 50). Et puis il faut bien admettre que King sait toujours y faire pour construire son suspense, bâtissant une intrigue assez dense, et peu avare en matière de suspense et d’horreur pure et dure. Les scènes gores sont plutôt nombreuses, sans verser dans la complaisance de descriptions trop détaillées qui auraient pu nuire au rythme effréné (un rythme rock’n’roll) du récit. Chaque chapitre tient donc le lecteur en haleine, et King parvient à intégrer délicatement quelques flash-backs expliquant l’histoire de Christine et de LeBay. Les styles de narration peuvent également varier, avec des passages neutres, d’autres vu par les yeux de Dennis, ou d’autres par ceux d’Arnie lui-même. On regrettera tout de même une fin un peu grossière et prévisible…
Christine n’est pas un roman transcendant, loin de là. Juste un Stephen King agréable qui aura eut le mérite d’inspirer un film de John Carpenter (pas son meilleur non plus, d’ailleurs).