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Tremblement de terre – Mark Robson

tremblementdeterre

Earthquake. 1974

Origine : Etats-Unis 
Genre : Film catastrophe 
Réalisation : Mark Robson 
Avec : Charlton Heston, Genevieve Bujold, Ava Gardner, George Kennedy…

L’avantage avec un film nommé Tremblement de terre, c’est qu’il n’y a pas à résumer son histoire. C’est direct, précis, et il n’y a rien d’autre à ajouter, si ce n’est que l’histoire se passe à Los Angeles. A partir de là, il n’y a plus qu’à regarder cette grosse production hollywoodienne s’inscrivant dans la mode des films catastrophe de l’époque. Le réalisateur en est l’expérimenté Mark Robson (qui presque trente ans plus tôt signait les excellents films d’horreur Bedlam et L’Ile des morts avec Boris Karloff), le scénario est écrit par Mario Puzo (débutant prometteur, puisque son premier scénario fut l’adaptation pour Coppola de son propre roman Le Parrain), et le casting est maousse : Charlton Heston, Ava Gardner, George Kennedy, Richard Roundtree, Genevieve Bujold, Walter Matthau et Victoria Principal. Tous ces gens pour nous servir un film diffusé dans les cinémas en “Sensurround”, procédé d’amplification du son lors des séquences de séisme (le film obtint d’ailleurs l’Oscar du meilleur son). Du grand spectacle, en somme. Sauf qu’il faut se taper une introduction très longuette dans laquelle Robson nous présente ceux qui seront les héros du Los Angeles en ruines. On ne peut pas dire que ces présentations soient ce qui se fait de mieux en terme de caractérisation, alignant les stéréotypes des années 70 jusqu’à nous présenter une Victoria Principal dotée d’une coiffe afro, un Richard Roundtree en biker vêtu d’une combinaison tout aussi spectaculaire que les cascades qu’il prétend effectuer pour impressioner un agent venu de Las Vegas pour l’admirer, un George Kennedy en flic tête brûlé façon Harry Callahan, une Ava Gardner en diva désespérée par le libertinage auquel se livre son mari ingénieur et ancien footballeur Charlton Heston, qui pratique une drague intensive sur la frêle mère célibataire et actrice débutante qu’est Genevieve Bujold (ce qui plus tard dans le film sera à l’origine d’un cruel dilemme et de tensions palpables, pour le moins risibles)… Toute une communauté à laquelle nous sommes censés nous attacher, chose plutôt malaisée vu le manque de profondeur des personnages, voire la stupidité caractérisée de certaines situations et certains dialogues (le film débute par un superbe “Bordel de merde” d’Ava Gardner, et ça résume plutôt bien la chose… encore qu’il ne faille pas louper la très subtile conversation entre les personnages de Bujold et de Heston où l’une dit qu’elle n’est pas une nympho, tandis que l’autre lui confirme que lui n’est pas un satyre). Toutes ces fragiles relations entre personnages s’écrouleront comme un château de carte au moment où le tremblement de terre commencera.

Car là, Robson se lâche et on peut dire qu’au moins, le “Sensurround” est rentabilisé. Le séisme dure longtemps et les destructions sont massives autant que cruelles. Robson visite plusieurs endroits de Los Angeles, en général ceux où ses personnages se trouvaient au moment du drame, qui par ailleurs fut prévu par un jeune scientifique qui d’une part eut bien des difficultés à se faire entendre de sa hiérarchie et dont les efforts n’auront d’autre part servi à rien, puisque les autorités en étaient encore à hésiter du comportement à adopter lorsque vint l’heure H. Mais trop tard : et les passants de se prendre des bouts d’immeubles sur la gueule, et l’objectif de la caméra de recevoir une giclée de sang suite à l’infortunée destinée de certains figurants (on se croierait presque dans un film de William Castle, parfois), et les occupants d’un immeuble de se réfugier dans un ascenceur dont les câbles vont lâcher, et les camions de sortir de route… C’est à une véritable frénésie d’action que nous sommes conviés, et il n’y a pas de quoi s’en plaindre, d’autant plus que les effets spéciaux sont généralement réussis et qu’en plus, cela permet enfin aux personnages de se taire. Puis après, nous assistons donc à l’élan de solidarité qui suit la grande secousse, et ce sera sans surprise que les différents personnages et les sous-intrigues qui s’y rapportent se croiseront, les hommes devenant de véritables héros au service de la société entière, et plus particulièrement des femmes, des vieux et des enfants. Les scènes d’action se prolongeront dans cette partie, puisqu’entre le détournement des eaux d’un barrage qui risque à tout moment de céder et de noyer la ville, entre Genevieve Bujold et son fils qui risquent d’être engloutis par ces eaux détournées (et d’être en outre éléctrocutés, puisque les fils electriques tombés au sol les entourent), entre Charlton Heston qui fait évacuer un immeuble à la cage d’escalier impraticable, et entre de nombreuses autres situations périlleuses, il y a largement de quoi faire. Certaines de ces situations sont un peu débiles (mention spéciale à celle avec Victoria Principal, séquestrée par un militaire de réserve obsédé et à celle avec Richard Roundtree, qui continue à chevaucher sa moto dans son ridicule accoutrement) et les dialogues continuent de l’être tout autant. Mais c’est le prix à payer pour un spectacle distrayant dans lequel Robson continue en permanence à se montrer très cruel (alors que tout est redevenu calme, pouf, deuxième séisme qui fait s’effondrer l’immeuble servant d’hôpital !) jusqu’à un final, voulu par Charlton Heston, qui malgré sa noirceur pourra faire rire les plus cyniques des spectateurs.

Tremblement de terre est de ces films cons comme la lune, ces films catastrophe décérébrés dont le scénario pourrait se résumer grossièrement à l’aide d’onomatopées genre “bam, boum, crac !”. Certes, il faut se taper une exposition calamiteuse, mais la spectaculaire dernière heure vaut cet effort.

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