Tomb Raider 2 : le berceau de la vie – Jan De Bont
Lara Croft est de retour alors qu’on ne lui avait rien demandé ! Cette fois-ci, sa quête se résume à retrouver rien de moins que la boîte de Pandore. Boîte qui, comme chacun sait, contient les misères humaines que Zeus en personne a enfermé à l’intérieur. Cette boîte mythologique est ardemment convoitée par le Dr. Jonathan Reiss, une sorte de savant fou qui adore faire mumuse avec de dangereux virus. Pour mettre la main dessus, il fait appel aux services du trafiquant d’antiquités Chen Lo. Tous deux constitueront les principaux obstacles se dressant sur la route de l’intrépide Lara, et qui la mènera jusqu’au Berceau de la vie.
Depuis Super Mario Bros en 1993, Hollywood s’intéresse au monde vidéo ludique, voyant dans les millions de joueurs de par le monde une manne de spectateurs potentiels pour leurs adaptations. Les jeux de baston ont été rapidement mis à l’honneur avec coup sur coup les sorties de Streetfighter, Double Dragon et Mortal Kombat. Des incontournables du jeu vidéo dont les adaptations ont connu des fortunes diverses dans les salles. Devenue une icône de la pop culture, Lara Croft ne pouvait que susciter les convoitises. Et dans cette course à l’échalote, c’est la Paramount qui a remporté la mise. Lara Croft : Tomb Raider premier du nom répondait à un besoin urgent de rentabiliser les droits d’un personnage de jeu vidéo racheté à prix d’or. Dans de telles conditions, la nullité du produit fini allait de soi et devait, pensait-on, enterrer la pilleuse de tombes au terme d’une seule aventure. Seulement voilà, le film a rencontré un joli petit succès, raison nécessaire à la mise en chantier d’une suite.
Néanmoins, conscients des erreurs passées, les instigateurs de cette suite ont décidé de corriger le tir en donnant, notamment, un peu plus de substance à l’héroine et à ses aventures. Du moins, cela faisait partie de leurs intentions, et lorsqu’on voit le résultat à l’écran, il faut bien reconnaître que de ces bonnes intentions, il n’en reste rien. Ou du moins pas grand chose. Le problème majeur de tout blockbuster américain réside dans cette manie du “toujours plus” qui va bien souvent à l’encontre de toute ébauche de scénario. Dans le cas de Tomb Raider 2, cela se matérialise par des scènes faussement spectaculaires tombant comme des cheveux sur la soupe. On a ainsi droit à Lara faisant de la moto sur la grande muraille de Chine, ou la même accompagnée de son ancien amour sautant en parachute d’un avion supersonique ultra sophisitiqué, ce dernier achevant son vol en s’écrasant sur une montagne. Ces deux scènes n’apportent strictement rien au récit tant leur caractère artificiel saute aux yeux. De ce fait, elles ne procurent aucun plaisir aux spectateurs. Un comble pour un film qui souhaite plaire au plus grand nombre ! Tout le film n’est que facilités scénaristiques et scènes d’action servant à magnifier son héroine. Les personnages se retrouvent toujours au bon endroit au bon moment, n’éprouvent aucune difficulté pour voyager à travers le monde en un temps record, et Lara Croft excelle dans tous les domaines sans souffrir de la moindre faiblesse. Car ne l’oublions pas, Lara Croft est avant tout une héroine de jeu vidéo, et à ce titre, si elle ne peut posséder plusieurs vies dans un film, il faut qu’elle compense par des aptitudes hors du commun lui permettant de se sortir des pires situations sans se décoiffer (comme se servir d’un requin pour éviter l’asphyxie, par exemple). Par contre, il est particulièrement recommandé qu’elle s’en sorte en débardeur, tenue mettant le mieux en valeur ses formes avantageuses.
Voilà donc tout ce que Jan De Bont a à proposer. Réalisateur peu réputé pour sa subtilité, et qui s’était auparavant rendu coupable de l’infâme remake de La Maison du diable de Robert Wise, il met mollement en images les pérégrinations de Lara Croft. Le Berceau de la vie se résume en une suite de péripéties plus quelconques les unes que les autres dans lesquelles se débattent des personnages sans relief et qui en oublie le principal : dispenser une once de merveilleux. Du temple grec sous-marin à la cache de ladite boîte en passant par ces colossales créatures en guise de chiens de garde, rien n’imprime la rétine. Soit les personnages ne font que passer, soit Jan De Bont noie tout ça sous une horrible lumière bleutée qui n’aide pas à apprécier le travail du département artistique. Lara Croft elle-même n’a jamais l’air fasciné par ce qu’elle découvre, se contentant d’aller d’un point à un autre. Elle ne diffère donc guère de son modèle pixellisé, à la différence notable que dans le cas présent, les spectateurs-utilisateurs n’ont aucune incidence sur ses mouvements. Et qu’en est-il des louables intentions concernant l’héroine mentionnées plus avant ? Il subsiste une vague tentative d’humanisation à travers le personnage de l’ancien amant. Se souvenant qu’un jour, elle a éprouvé des sentiments envers quelqu’un, Lara va être confrontée à un dilemme dont la résolution lui fera couler une larmichette. Sans doute un effet spécial de plus.
Finalement, lorsqu’on voit les films actuels estampillés “d’aventure”, on se dit qu’un Indiana Jones 4 (bien que l’idée reste toujours mauvaise en soi) ne pourra que lui être supérieur, ne serait-ce que pour le personnage titre qui n’est pas un héros unidimensionnel. Un film comme Tomb Raider 2 gagne en technologie ce qu’il perd en humanité. La pyrotechnie n’est rien sans un chouia de psychologie. A croire qu’à Hollywood ne résident plus que des salles gosses adorant casser leurs coûteux jouets. Rendez-nous les imaginatifs!