CinémaHorreur

Saw III – Darren Lynn Bousman

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Saw III. 2006

Origine : Etats-Unis / Canada 
Genre : Horreur 
Réalisation : Darren Lynn Bousman 
Avec : Tobin Bell, Shawnee Smith, Angus Macfadyen, Bahar Soomekh…

La vie du critique de cinéma est parfois semée d’embuches, et alors que je m’étais juré de ne plus m’y laisser prendre après deux films de merde vus au cinéma, me voilà à nouveau devant un épisode de cette sinistre série qu’est Saw. Mais cette fois, c’est avec un sens du devoir aigu que je me suis sacrifié et c’est pour vous, lecteurs de cette critique, que j’ai enduré ce troisième épisode de la série. Enfin, ça aurait pu être pire puisque cette fois c’est grâce au DVD que j’ai pu voir le film, ce qui a un double avantage, d’abord les effets clipesques propres à la série sont bien moins générateurs de migraines sur petit écran mais surtout, pendant le film, on peut faire d’autres trucs si on s’emmerde. J’ai pu ainsi accrocher mon linge pour le faire sécher tout en regardant le film, voilà qui est bien pratique.
Mais bon vous vous en foutez de mon linge, donc parlons du film !

De quoi ça cause me direz vous ? Et ben de la même chose que les deux premiers films pardi ! A savoir un vieillard cancéreux qui tue le temps en s’amusant à construire d’ingénieux pièges dans lesquels les malheureuses victimes doivent trouver une clé pour se dégager au plus vite avant que le piège ne se referme sur eux. En gros, c’est un peu comme Fort Boyard mais avec du sang en plus et des lumières vertes. Pis faut savoir que le mec cancéreux, il est devenu vachement cancéreux au point qu’il faille l’opérer et qu’il se fasse aider dans sa sale besogne par la jeune Amanda. La jeune Amanda, elle ne fait que chialer mais faut pas s’y laisser prendre, elle aime bien buter les gens quand même.

Suite directe du deuxième Saw, ce nouveau film en reprend donc les mêmes ingrédients scénaristiques et visuels. Il est d’ailleurs signé du même Darren Lynn Bousman qui semble vouloir profiter de ce nouvel opus pour dévoiler au moyen d’incessants flash-backs les coulisses de son précédent film. Et au final, ce Saw 3 ne fonctionnera que comme ça, au moyen de flash-backs explicatifs. L’intrigue du film prend peut-être un tiers du métrage à tout casser, où il s’agit alors de montrer cash des tortures ignobles et mystérieuses, sans qu’on ne sache ce qu’il se passe (le film commence comme ça, hop paf, trois tortures d’affilé dans nos gueules, sans qu’on ne sache rien, qui sont les victimes, pourquoi, comment les pièges marchent, rien n’est dit, rien n’est montré en dehors du sang)… Pis comme faudrait pas laisser les spectateurs dans cette obscurité scénaristique, et justifier tout cet étalage de barbaque, hop, ça balance des explications en veux-tu en voilà, au moyen de flash-backs qui nous montrent cette fois en détail toute la mise en place et qui démythifient ensuite totalement le film et les précédents. Voilà, on sait tout, tout nous est montré, le spectateur-voyeur est comblé, il a eu le gore en détail et les explications en détail. Il n’y a plus rien à imaginer, plus rien sur quoi réfléchir, électro-encéphalogramme plat. Vendu comme une série retorse au suspense habile et constant, c’est assez hallucinant de constater à quel point c’est l’inverse. A chaque instant du film, le spectateur est pris par la main, doucement, caressé dans le sens du poil, jamais maltraité. Je parlerais volontiers de cinéma pop-corn à propos de ce film tant il me semble inoffensif et lénifiant si le film ne s’apparentait pas tant à une fiction télé. C’est bien simple, on croirait voir un épisode des Experts tant absolument TOUS les ingrédients de cette série sont présents, il ne manque guère que David Caruso qui enlève ses lunettes de soleil. Rien ne manque à l’appel: pseudo-enquête, filtres branchouilles, musique branchouille, acteurs qui cabotinent à mort, flash-backs qui expliquent bien tout, etc… Le pire étant la mise en scène et notamment l’échelle des plans qui se résume à un enchaînement de gros plans/plans rapprochés, comme si le film avait manqué de budget pour construire des décors capables de tenir dans un beau plan large. Pourtant, avec un budget de 10.000.000 $ le film ne devrait pas avoir besoin d’une telle mise en scène cache-misère. Le pire c’est que cette obsession pour le gros plan se combine avec des effets clipesques absolument ignobles et d’une laideur sans borne. Sans doute que si Bousman avait vu son film sur un écran un peu plus large que le moniteur vidéo de sa caméra, il aurait compris que ce genre d’effets en gros plan, ça colle la migraine aux spectateurs en plus de desservir l’action filmée et d’embrouiller la spatialisation…

Bref, Saw III est un film sans ambition ni beauté, à peine digne de passer sur TF1 en deuxième partie de soirée. Son intrigue est une bouillie indigeste et les tortures inventées pour le film sont devenues tellement grandiloquentes qu’elle en sont inoffensives, le manque total de personnalité des personnages n’aidant pas.
Enfin, le film s’enfonce rapidement dans des préceptes moraux à la con en voulant lorgner du coté du thriller psychologique en jouant sur les relations entre les personnages. Il tente maladroitement d’intégrer le principe du dilemme cornélien à son univers télévisuel aseptisé et brouillon, et se plante lamentablement. Les personnages à peine esquissés du film ne pouvant absolument pas susciter la moindre émotion chez le spectateur. Et ce ne sont pas les quelques scènes un peu gores qui viendront nous divertir dans cet ennui.

Au final, Darren Lynn Bouseman réussit à faire pire que son Saw II pourtant déjà particulièrement navrant… Et dire que Saw VI est prévu pour cette année… misère !

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