Les Châtiments – Stephen Hopkins
The Reaping. 2007.Origine : États-Unis
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Depuis qu’elle a tourné le dos à la Foi après qu’elle ait perdu son mari et sa fille dans une mission pour réfugiés au Soudan, Katherine Winter s’évertue à démystifier les « miracles » de par le monde en les expliquant de manière scientifique. A Haven, petite bourgade de la Louisiane, de drôles d’événements se produisent. Après le décès du jeune Brody McConnell, les eaux de la rivière dans laquelle il a été retrouvé se sont teintées de rouge. Et à l’arrivée de Katherine et de Ben, son assistant et ami, des centaines de cadavres de poissons flottent à la surface. Tout porte à croire que les 10 plaies d’Égypte vont s’abattre sur la ville. Katherine réfute cette conclusion, d’autant que la vie de la jeune Loren McConnell, que la population désigne comme la seule responsable de tous leurs maux, est en jeu.
Sans doute orphelins des Contes de la crypte, pastilles télévisuelles propices à l’horreur décomplexée, l’humour noir et le mauvais esprit, lesquels se sont arrêtés en 1996 avant une déclinaison en une poignée de long-métrages, Joel Silver et Robert Zemeckis créent Dark Castle Entertainment, maison de production spécialisée dans l’horreur. Si leur premier né – La Maison de l’horreur de William Malone (1999) – ne convainc pas totalement, il s’avère rétrospectivement comme le meilleur film issu de leur catalogue. C’est dire l’ampleur du désastre ! Jouant au départ beaucoup avec les fantômes, Dark Castle amorce un virage avec La Maison de cire, lequel se situe à mi-chemin du slasher et du survival. Deux ans plus tard, Les Châtiments confirme cette diversification en arpentant cette fois-ci les terres du film d’horreur à forte coloration biblique. Au poste de réalisateur, on retrouve le chevronné Stephen Hopkins, un habitué des Contes de la crypte (3 épisodes au compteur) et du fantastique en général (Freddy 5 – L’Enfant du cauchemar, Predator 2, Perdus dans l’espace). A charge pour lui d’illustrer les 10 plaies d’Égypte sans verser dans la bondieuserie.
En cela, il peut se reposer sur son personnage principal, Katherine Winter. Elle n’a pas son pareil pour ramener les gens sur terre dès qu’il est question de miracle, à l’image de son expédition au Chili où, à défaut de la main de Dieu, il s’agit en réalité de la main de l’homme, en l’occurrence celle d’un chef d’entreprise ordonnant d’entreposer des déchets toxiques dans un puits de pétrole asséché par souci d’économie. Un tremblement de terre aura alors suffi à provoquer des hallucinations parmi la population et à parfaitement conserver la dépouille d’un prêtre dans son cercueil en libérant des coulées qui émanent de ces déchets dans les égouts d’un monastère. Les affres de la pollution qui non contente de détruire notre planète contribue à polluer les esprits. Comme elle le dit elle-même pour clore l’une de ses conférences à l’université : « Le seul miracle, c’est que les gens continuent à croire ». Pourtant, elle a été l’une de ces croyantes. Mue d’une telle ferveur qu’à peine consacrée par l’ordination, elle est partie aider l’un de ses amis prêtre, entraînant avec elle mari et enfant, faisant ainsi passer l’Église avant le bien-être de sa famille. Il aura suffi d’un drame pour qu’elle remette tout en question au point de devenir le fer de lance des non-croyants. Derrière ce qu’on pourrait ironiquement considérer comme une croisade, se cache une profonde blessure. La blessure d’une femme brisée que la forte impression d’avoir été abusée par tout ce prêchi-prêcha a conduit à ce rejet systématique. Elle doit cependant composer avec la présence à ses côtés de Ben, lequel ne jure que par Dieu depuis qu’il a réchappé à une fusillade dans les bas-fonds où il a grandi. Ces deux exemples tendent à démontrer la fragilité de la Foi, laquelle tiendrait avant tout à son propre bien-être. Une question que le scénario de Brian Rousso se garde bien de creuser au profit de la remise sur le droit chemin de Katherine.
Tout conduit à renvoyer Katherine au drame qu’elle a vécu au Soudan. A peine arrivée à Haven, de douloureux souvenirs l’assaillent. Le présent et le passé s’entrecroisent jusqu’au sort de cette fillette de 13 ans en proie à l’ire populaire. La sauver lui offrirait une sorte de revanche sur la vie. Mais pour cela, il lui faut d’abord se débarrasser de ses démons, lesquels prennent la forme de son scepticisme. En dépit de ses multiples visions et de ses cauchemars, Katherine n’en démord pas, tout ce qui se passe à Haven relève de causes scientifiques. L’élément fantastique ne faisant aucun doute, les dénégations de la demoiselle et ses – légères – prises de bec avec Ben ou les villageois alourdissent plus qu’ils n’enrichissent le récit. En prime, chacune de ses visions offre la possibilité à Stephen Hopkins de s’en donner à cœur joie dans la déformation d’images, de ralentis et autres joyeusetés tape-à-l’oeil rappelant son passé dans le clip vidéo ou son travail sur Freddy 5. De manière générale, sa réalisation s’avère décevante. Il ne magnifie guère les décors naturels du bayou et lors du soi-disant clou du spectacle, rate complètement le déchaînement du feu du ciel au dessus des ruines de l’église de l’ancienne Haven, guère aidé par des effets spéciaux pour le moins approximatifs. Seule la robe blanche d’Hilary Swank semble l’inspirer un minimum. Un souffle gothique accompagne alors ses déambulations de pièce en pièce dans l’immense demeure géorgienne de son hôte balayée par le vent. Mais celui-ci retombe aussi vite face à la trivialité des échanges qui s’ensuivent entre Katherine et Doug dans l’écrin d’un cimetière privé. Tout est trop platement illustratif à l’image de la reconstitution des 10 plaies d’Égypte et en dépit de l’évocation d’une secte satanique antédiluvienne, rien ne viendra épicer un récit désespérément sage. Finalement, le plus étrange dans ce film tient au lien qui unit Katherine au Père Costigan, ou du moins à l’intérêt que celui-ci porte à la jeune femme. Avec cette photo d’elle accompagnée de sa fille trônant sur son bureau plus ses nombreuses autres cachées dans un tiroir, tout porte à croire que le bougre n’aurait pas été contre rompre ses sacrements en sa compagnie. Ce qui pourrait également expliquer cette retraite à laquelle il semble s’être astreint, comme pour se punir d’avoir eu des pensées impures.
Si Stephen Hopkins pensait relancer durablement sa carrière cinématographique avec Les Châtiments, c’est raté. Il lui faudra attendre près de 10 ans et de nombreux épisodes de séries télés avant de revenir sur le grand écran avec La Couleur de la victoire, film consacré à l’athlète Jesse Owens. Et encore, celui-ci ne sera t-il pas financé par des studios américains.
J’ai bien aimé le film. ( attention spoilers) L’idée d’une communauté , d’une petite ville des États-Unis, qui se détourne de Dieu parce que les récoltes ne sont pas bonnes et qui le paye par les 10 plaies d’Égypte.
J’aurais dû me douter que les habitants qui encaissent les plaies avaient quelque chose à se reprocher, mais le fait de pointer du coté d’une famille et particulièrement d’une petite fille, qui a pas l’air super amical, était plus facile à croire.
C’est vrai que le traitement était pas terrible, plus comme une enquête qu’un thriller ou un film d’horreur. Le film s’assoupit, et il ne faut attendre que la fin pour que ça bouge un peu. Dommage.
Pour le studio Dark Castle, c’est le début de la fin, tout comme ce sera le cas pour Ghost House, qui sortira de moins en moins de films d’horreur corrects.