CinémaErotique / XScience-Fiction

Le Déclic – Jean-Louis Richard

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Le Déclic. 1985

Origine : France 
Genre : Science-fiction érotique 
Réalisation : Jean-Louis Richard 
Avec : Florence Guérin, Jean-Pierre Kalfon, Bernie Kuby, Géraldine Pernet…

En Louisiane, le docteur Fez (Jean-Pierre Kalfon) a dû renoncer à sa profession pour accomplir les basses besognes du richissime Cristiani. Fez ne supporte pas son employeur, et il ne supporte pas non plus Claudia (Florence Guérin), l’épouse de celui-ci, une sculpturale bourgeoise puritaine et frigide qui ne daigne même pas lui jeter un regard. Apprenant par son ami Jackson qu’un scientifique vient de mettre au point une espèce de télécommande permettant à son possesseur de contrôler la volonté des rats, Fez décide de prendre sa revanche sur les Cristiani. Il dérobe la machine encore jamais testée sur les humains et trouve un moyen d’appliquer ses effets sur Claudia. Désormais, à chaque fois que Fez actionnera sa télécommande pour faire retentir une musique bien particulière dans l’esprit de la très snob Madame Cristiani, celle-ci deviendra une nymphomane tout ce qu’il y a de plus vulgaire…

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Mais avant cela, il est bon d’évoquer l’avertissement non signé qui précède le film : les “inconscients” à l’origine du Déclic ont eut la fâcheuse idée d’insérer dans leur montage une image subliminale qui conduira immanquablement à libérer la libido du public tant masculin que féminin, mettant en danger l’intégrité morale de la voisine ou du voisin. C’est dire si les projections au cinéma ont dû être mouvementées… Jean-Louis Richard, réalisateur inactif depuis 1969, fait en fait une petite blague en insérant son image subliminale (le dessin d’une femme se pourléchant les babines) lorsque Fez met en route sa machine, identifiant au passage les spectateurs à Claudia. Voilà qui résume bien la portée de son film, adapté du premier tome de la BD érotique qui un an auparavant consacra Milo Manara comme l’un des spécialistes du genre. On retrouve d’ailleurs dans Le Déclic nombre d’éléments très connotés BD en ce sens qu’ils font tous preuve d’un penchant farfelu à l’exagération et à la stylisation. C’est le cas d’abord pour la localisation de l’histoire : une Louisiane de carte postale, avec ses maisons aristocratiques d’architecture française, avec ses steamboats, avec ses marais… C’est le cas aussi pour les personnages : le laconique Fez est tout droit sorti des romans noirs (le film démarre d’ailleurs par sa voix off, très rauque), le vieux Cristiani est la caricature du richard sudiste, sa femme Claudia est la frigide de la haute société, Jackson -l’ami de Fez- est un noir porté sur les boîtes jazz, le détective privé de Cristiani est un borgne accompagné d’un molosse… C’est enfin le cas pour cette histoire saugrenue de bout en bout, avec l’argument science-fictionnel de la machine permettant de désinhiber Florence Guérin (devenue depuis Florence Nicolas, en hommage à son fils mort dans un accident de la route). Tout s’accorde : le scénario, les personnages, le décor, l’humour, la musique et même la mise en scène… Tout cela compose un film très homogène, et assez étonnement plutôt professionnel, ce qui était assez rare à une époque où l’érotisme et la comédie en France tournaient à la farce paillarde (c’est l’époque des “Saint-Tropez” de Max Pécas). Ainsi certains vides du scénario ne portent à aucune fâcheuse conséquence : on ne sait rien sur la raison qui a obligé Fez à abandonner sa profession de médecin, on ne sait rien sur sa fonction auprès de Cristiani, et on ne sait rien sur les activités que mène celui-ci… Loin d’être gênantes, ces ellipses renforcent au contraire le dynamisme du film. Bref, il n’y a d’autre choix que de savourer la vengeance du personnage de Jean-Pierre Kalfon dans une ambiance de bande dessinée.

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Bien entendu l’accent est mis sur le contexte dans lequel Fez “allume” Claudia, et parfois dans lequel il “l’éteint”, condition sine qua non pour émoustiller le public d’un film érotique. La première de ces interventions se passe dans un magasin de lingerie, pile au moment où Claudia se retrouve en sous-vêtements et se met à harceler un vendeur, trop tenté pour résister. Une autre se déroule au cinéma, et s’achève lorsque l’épouse Cristiani est déjà nue dans les toilettes avec un badaud qu’elle aura échaudé préalablement. Jean-Louis Richard s’amuse autant à humilier Claudia qu’à mettre en avant ses victimes (ou ses bénéficiaires) à travers différentes vignettes sans cesse renouvelées évitant ainsi le côté répétitif propre à ce genre de films, notamment les adaptations du Marquis de Sade dont le réalisateur retourne le postulat. Déjà différents du point de vue social, tous les “objets sexuels” réagissent différemment : joie, gêne, scandale, honte, bref toute une variété de sentiments. Quant à Claudia, elle aussi sort finalement heureuse de cette mésaventure qui lui aura appris à se départir d’une morale qui lui pourrissait la vie. La plus belle scène est également celle qui produit le plus de sens : il s’agit de celle se déroulant dans les marais, dans laquelle la jeune délurée involontaire déchire ses vêtements avant de s’offrir au détective borgne, qui reste impassible, ce qui provoquera donc le premier sentiment de frustration chez la jeune femme et donc par extension l’officialisation de sa libido en passe de devenir naturelle. A elle seule cette scène aurait suffit à faire le lien avec la bande dessinée, et c’est d’ailleurs elle qui offre son visuel à l’affiche du film dans sa version VHS, reprise de la BD de Manara. Sortie des films de Philippe Clair, de Claude Zidi et de la proximité d’Aldo Maccione (la majorité de sa biographie jusque là), Florence Guérin réussit à s’y montrer quasi sado masochiste sans pour autant revêtir les traditionnels apparats de cuir associés à cette pratique. Là encore, l’affiche résume assez bien le style de jeu dont elle use pour faire du Déclic le très honorable film qu’il est, au sujet duquel Manara n’a pas à se fâcher (au moins en ce qui concerne l’actrice principale). Outre les trois tomes suivants de la BD (toujours avec Claudia comme personnage principal), son sujet s’avérera porteur, puisque même les américains se pencheront dessus, produisant une série télévisée en 3D au début des années 2000.

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