Là-haut – Pete Docter & Bob Peterson
Up. 2009.Origine : États-Unis
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Carl est un vieil homme de 78 ans. Son rêve depuis qu’il est tout petit, aller visiter les chutes du paradis en Amérique du Sud. Ce rêve, il l’a partagé toute sa vie avec sa femme. Mais cette dernière est morte et Carl se retrouve dans sa solitude la plus complète. Alors qu’il s’enferme dans son quotidien, autour de lui, tout change. Sa maison est la seule d’un quartier qui se modernise avec des immeubles qui ne cessent de pousser en pagaille. Alors qu’il a passé sa vie à vendre des ballons, il se permet un dernier souffle de vie en transformant sa maison en immense montgolfière faite d’innombrables ballons. Il s’envole alors pour l’Amérique du Sud dans l’espoir de poser sa maison au sommet des chutes du paradis comme en rêvait sa défunte femme.
Malheureusement pour Carl, un jeune aventurier faisant partie d’une troupe de scouts se retrouve sur le porche de sa maison alors que la frêle embarcation est déjà bien loin. Carl doit alors supporter Russel et veiller à ce qu’il n’arrive rien à ce dernier.
Pixar s’est imposé depuis le milieu des années 90 comme une valeur sûre du box-office mais aussi du divertissement. Ce dernier point qui m’intéresse le plus ne peut être occulté pourtant par le succès grandissant de ce génial studio d’animation. A force de réussite, les animateurs de Pixar ont eu loisir de réaliser leurs films avec une liberté qui ne leur a jamais fait défaut.
Son succès, Pixar ne le doit pas seulement au procédé qu’est celui de l’image de synthèse, l’animation 3D dont ils ont ouvert la voie avec Toy Story (enfin pas vraiment puisque Tron en 1982 montrait déjà que l’animation 3D avait de l’avenir). Pixar a révolutionné le genre, a renouvelé la donne. Avec eux, le paysage cinématographique ne sera plus le même.
Je ne vais pas faire ici l’historique de ce genre cinématographique si c’en est un. Mais ce qui selon moi fait la différence entre n’importe quel Pixar et un Shrek ou un Age de glace, c’est que Pixar ne cherche pas systématiquement à faire de la comédie grand public, mais cherche avant tout à raconter une histoire. La poésie qui caractérise des œuvres comme Le Monde de Némo, Ratatouille, Wall-E, Cars ou Monster Inc., fait de ces films des œuvres à part, parfois drôles, souvent tendres, mais avec une véritable approche cinématographique. Par là, j’entends la volonté de se servir de ce support pour raconter quelque chose de différent mais de profondément humain. On n’est pas dans la parodie, parfois dans la référence, jamais dans l’outrancier, parfois dans la mesure. C’est le cinéma le plus imaginatif et le plus grand public que ces 20 dernières années ont vu.
Et Là-haut ne déroge pas à la règle. Humour, aventure, poésie, tristesse et joie, voilà quelques petites choses que le studio Pixar nous a réservées. Mais il y a aussi du dépaysement, du suspens ou encore du mystère.
On entre rapidement dans le film en suivant la jeunesse et toute la vie de Carl. On le voit grandir, aimer, douter, pleurer. Cette petite introduction nous place dans la peau de ce vieil homme devenu aigri de ne pas avoir su saisir sa chance assez vite. Ce rêve qu’il voulait partager avec sa femme, il ne le vivra finalement que tout seul. Enfin pas vraiment, car un invité surprise est de la partie. Alors s’ensuit des situations rocambolesques, des découvertes étranges et drôles, des retrouvailles dont l’enjeu mène à des scènes d’action dont Spielberg ferait bien de s’inspirer pour son prochain Indiana Jones.
Ce film, c’est un concentré de ce que le cinéma sait faire de mieux. Une réalisation au service de l’histoire, jamais tape à l’œil, et là où Pixar réussit encore son coup, c’est qu’on oublie qu’on est en face d’un film d’animation. Ce que l’on voit ne paraît certes pas réel, mais le semble en tout cas.
Bien sûr, cela reste un film qui s’adresse à un public jeune, mais ce n’est là qu’un cliché tellement il s’ouvre aux plus grands à travers des émotions que seuls ceux qui ont un peu plus vécu peuvent ressentir. Les émotions, parlons-en. Jamais les réalisateurs Pete Docter et Bob Peterson ne tombent dans la mièvrerie là où cela serait si facile. C’est un film d’une grande justesse qui se rappelle sans arrêt qu’il est avant tout un divertissement, un film d’aventure, mais que ça n’empêche pas de raconter une vraie histoire humaine, une aventure humaine.
Pixar signe là de nouveau un grand film. Son succès est amplement mérité. Encore une fois, les animateurs, les scénaristes et les réalisateurs nous donnent une belle leçon de ce que le cinéma doit et peut être : un concentré d’humanité.