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Bonjour les vacances – Harold Ramis

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National Lampoon’s Vacation. 1983

Origine : États-Unis
Genre : Comédie estivale
Réalisation : Harold Ramis
Avec : Chevy Chase, Beverly d’Angelo, Anthony Michael Hall, Dana Barron…

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Les vacances d’été sont enfin là ! Clark Griswold (Chevy Chase) est aux anges. Cette année, il a concocté un parcours à étapes qui doit les mener, lui et sa famille, de Chicago au parc d’attractions Walley World en Californie. Alors que sa femme et ses deux enfants souhaiteraient partir en avion, lui n’en démord pas, ils voyageront en voiture. Il considère qu’il s’agit du meilleur moyen pour pouvoir profiter pleinement de sa famille et de passer des vacances inoubliables. Et effectivement, elles le seront…mais dans le registre catastrophique.

De son vrai titre National Lampoon’s Vacation, Bonjour les vacances renvoie à tout un pan de la culture nord-américaine. Le National Lampoon est le nom d’une revue satirique qui s’inscrit dans la lignée du célèbre Mad magazine né en 1952 et qui distille un humour proche du Saturday Night Live, ce monument de la télévision américaine créé en 1975. Ce qui n’est guère étonnant lorsqu’on sait qu’à l’époque, des gens comme Chevy Chase, John Belushi ou encore Gilda Radner ont été rattachés de manière plus ou moins directe à ces deux institutions. Le National Lampoon a par exemple étendu son activité au-delà de la presse écrite en parrainant des spectacles tel Lemmings que Chevy Chase a co-écrit et interprété. La revue a aussi accolé son nom à un spectacle loufoque, le National Lampoon show, animé par John Belushi et Gildna Radner, et dont certains des textes sont l’œuvre de Harold Ramis. Vous le voyez, le monde est décidément bien petit. La revue satirique et l’émission télévisée ont puisé dans le même vivier de jeunes acteurs. Suivant cette logique, retrouver Chevy Chase sous la direction de Harold Ramis dans un film tiré d’une nouvelle de John Hughes parue dans le National Lampoon coule de source. Et on peut alors légitimement s’attendre à une satire féroce de l’American way of life à travers cette famille bien sous tous rapports.

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Sauf que de satire, il n’y en aura point… et encore moins de rires irrévérencieux. La raison peut se résumer en un seul nom, John Hughes. D’abord scénariste, ce dernier s’est fait connaître du grand public (américain s’entend) avec The Breakfast Club, sa deuxième réalisation. Par cette chronique douce-amère, il se fait le chantre du film d’adolescents, posant sur eux un regard des plus bienveillants. Que cela soit dans ses réalisations ou ses scénarios, on ne décèle pas une once de méchanceté chez lui. Tout au plus cède t-il parfois à l’humour slapstick, qui se veut plus bête que méchant, à l’image d’un Maman j’ai raté l’avion et sa suite. Dés lors, le périple des Griswold se borne à un récit rocambolesque traversé d’un léger humour noir, que l’on doit certainement plus au réalisateur Harold Ramis qu’au scénariste.
En fait, contrairement à ce que le laissait penser le visuel de l’affiche, un habile démarquage de ce qui pouvait se faire à l’époque pour l’héroic fantasy à l’image d’un Conan le Barbare, le comique du film est assez discret dans ses effets. Voire un peu vieillot lorsqu’il consiste en une chute des bagages des Griswold à leur sortie du garage, les valises ne passant pas sous la porte. D’ailleurs, niveau humour, l’entame du film est bien laborieuse. Les chansons ringardes entonnées par le couple Griswold sous les yeux éberlués de leurs enfants, ainsi que la maladresse du mari qui arrache sa plaque d’immatriculation pensant découvrir le réservoir de son automobile caché derrière ne suscitent pas un grand usage des zygomatiques. Et dans l’ensemble, ceux-ci ne travaillent pas beaucoup. Le comique visuel se cantonne à l’état de la voiture, de plus en plus délabrée au fil des kilomètres. Quant au comique de situation, il manque de folie. Nous ne sommes pas en présence d’une comédie « énaurme » mais plutôt d’une comédie légère, trop légère. En guise de moments de bravoure, il faut se contenter de deux séquences autoroutières. La première montre les Griswold endormis, Clark au volant inclus, et la voiture de déambuler au gré des ronflements du conducteur pour s’arrêter in extremis dans le parking d’un hôtel. La seconde s’achève par un saut de l’ange de cette même voiture en plein désert. Tout cela participe à cet humour bon enfant dans lequel baigne tout le film. Que cela soit par respect scrupuleux du scénario de John Hughes et / ou un manque flagrant de prises d’initiatives, Harold Ramis désamorce toutes les situations qui pourraient être un tant soi peu explosives. De la famille Griswold égarée dans les bas quartiers de St Louis et qui demande son chemin à quelques individus louches, il n’en résulte qu’un vol d’enjoliveurs et quelques tags sur la carrosserie de la voiture. Le réalisateur ne cherche pas à confronter outre mesure sa gentille famille de la classe moyenne à cette frange défavorisée de la population. Chacun reste bien sagement de son côté, les Griswold conservant leur imperturbable sourire et leurs bonnes manières, et les habitants de ce quartier de St Louis cette image de gentils marlous toujours disposés à se faire de l’argent facile. Il en va de même de cet agent de police amoureux des animaux qui laisse finalement tranquille Clark alors que la minute précédente, il l’avait menacé de le mettre derrière les barreaux pour maltraitance envers un chien. Si le voyage ne s’écoule pas comme un long fleuve tranquille, il ne tourne jamais au cauchemar en raison d’une famille extrêmement soudée, quoi qu’il arrive.
Et c’est sans doute ce qu’il y a de plus décevant dans Bonjour les vacances, cette manière toute proprette de décrire la famille. Le frère et la sœur s’envoient des piques à longueur de journée, mais au fond, ils s’adorent. Ellen, l’épouse, supporte sans mot dire les divers aléas du voyage, se contentant de suivre son mari, fidèle au poste. Quant au mari, s’il semble succomber au démon de midi à cause d’une belle jeune femme qu’il croise à de nombreuses reprises durant le voyage, le réalisateur saura le rappeler à l’ordre via une astuce scénaristique. Clark ne plongera finalement pas dans l’enfer de l’adultère. Ouf ! La morale est sauve ! Reste le personnage de la tante Edna, vieille dame acariâtre dont le décès soudain et les quelques péripéties qui s’ensuivent apportent ce soupçon d’humour noir que j’évoquais plus haut. Ce n’est pas non plus la panacée mais les quelques sourires que provoque le film lui sont presque entièrement dus.

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A le découvrir aujourd’hui, Bonjour les vacances paraît encore plus ancien que l’époque de sa réalisation, qui voyait pourtant fleurir des comédies autrement plus dynamiques telles Y a-t-il un pilote dans l’avion ou La Folle histoire du monde. Il est bien difficile de percevoir une once de satire dans cette comédie inoffensive d’une famille cherchant à tout prix à trouver son Graal : un parc d’attractions. Il y avait pourtant toute la futilité de leur périple et cette sorte d’ennui qui transpire de leurs vacances à mettre en avant. Montrant aussi peu d’allant que d’imagination, Harold Ramis filme paresseusement le long voyage des Griswold pour ce qui s’apparente à un début de carrière bien terne. Et à l’époque, personne n’aurait pu imaginer que 10 ans plus tard, il serait l’auteur d’une des comédies les plus inventives et enthousiasmantes qui soit, l’inoubliable Un jour sans fin.

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