CinémaHorreurSérie TV

Les Contes de la crypte 4-14 : Curiosité châtiée – Elliot Silverstein

contesdelacryptesaison4

Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 14.
Curiosity killed. 1992

Origine : États-Unis
Réalisation : Elliot Silverstein
Avec : Margot Kidder, Kevin McCarthy, J.A. Preston, Madge Sinclair…

Deux couples de personnes âgées campent dans une zone marécageuse bien peu favorable à des vacances de tout repos. Cynthia (Margot Kidder), davantage habituée aux dîners mondains, fait vivre un véritable calvaire à Jack, son mari (Kevin McCarthy), lequel semble être venu avec des intentions bien précises. Surprenant une conversation au vol entre Jack et son ami Harry, Cynthia pense avoir deviné de quoi il s’agit : les deux copains ont emmené leurs épouses dans ce coin perdu  en vue de les assassiner.

Sans doute satisfait de son travail sur Un vampire récalcitrant, septième épisode de la saison 3, la production reconduit Elliot Silverstein pour cette quatrième saison, lui offrant l’insigne honneur de la clore. Point de feu d’artifices à l’horizon (nous sommes loin du faste de Trouillard), mais un épisode bien dans l’esprit de la série, à la fois confortable et déconcertant.

L’un des atouts d’une série comme Les Contes de la crypte réside dans sa liberté de ton. La série peut tout se permettre, même axer une intrigue autour de grabataires. Elle l’avait d’ailleurs déjà fait lors de la première saison avec l’épisode La Collection. Elle réitère donc la chose ici mais sous le prisme du retour à la jeunesse éternelle. Les personnages qui nous sont présentés, à l’exception de Cynthia, ne supportent plus leur peau fripée et rugueuse qui leur confère un visage de mort. Cette quête de la jeunesse éternelle ne s’embarrasse guère de considérations éthiques. Tuer pour parvenir à leurs fins n’est donc pas un problème. D’ailleurs, Harry l’a déjà fait sur la personne de son ex-femme dont le cadavre sert d’engrais à l’ingrédient principal dans la composition de la potion régénératrice. Et tout ça dans la bonne humeur ! Nos vieillards ne sont pas du genre à s’appesantir sur leurs actes délictueux. Du reste, leur retour à la jeunesse peut bien s’accommoder de quelques bassesses. Détestables, ces vieux ? Pas vraiment. Du moins pas en comparaison de Cynthia, dépeinte comme une harpie. Une femme de la haute société qui a toujours un reproche à l’attention de Jack. A croire qu’elle lui fait payer une morne existence, très éloignée de ses aspirations. Jamais avare en mesquinerie, elle l’attaque même sur sa virilité défaillante, lui qui ne peut plus faire l’amour depuis 20 ans. La haine est tellement tenace entre eux deux qu’on en vient à s’interroger sur la longévité de leur couple. Comment ont-ils pu cohabiter aussi longtemps et dans un climat aussi détestable ? Tout porte à croire que ni l’un ni l’autre ne considère le divorce comme une solution envisageable. Mariés pour le meilleur et pour le pire, qu’ils disaient…

Quête de la jeunesse éternelle ne signifie pas trip régressif. Nous sommes à des lieues de la parenthèse suintante de bons sentiments du segment de Steven Spielberg pour La Quatrième dimension, le film par exemple. Ici, les vieillards ne supportent pas l’idée de n’être plus que l’ombre d’eux-mêmes. Peu leur importe de se sentir jeunes dans leur tête, c’est bien avant tout dans leur corps qu’ils veulent se sentir ragaillardis. La culture du paraître avant celle de l’être. Pour camper ce quatuor de personnes âgées, le choix s’est porté sur quatre comédiens aux âges disparates dominés par le vraiment vieux Kevin McCarthy, déjà 78 ans au compteur à l’époque. Ce qui ne l’a pas empêché de se plier au petit jeu du maquillage, histoire d’arriver à une certaine unité entre tous les comédiens. L’effet est saisissant, d’autant plus que l’épisode se déroule entièrement de nuit, ce qui permet de gommer plus volontiers les éventuelles imperfections. Néanmoins, en dépit du bel abattage dont fait preuve le doyen, toujours enclin à faire le pitre (on le croirait chez Joe Dante !), c’est la performance de Margot Kidder qui retient surtout l’attention. Elle qui faisait partie du cercle rapproché du Nouvel Hollywood et qui a joué dans une poignée d’œuvres phares des années 70 à défaut d’être reconnues (Sœurs de sang, Black Christmas, Amityville) n’a pas connu la carrière qu’elle était en droit d’espérer. Incarner Lois Lane dans la série des Superman l’aura finalement plus desservi qu’autre chose, elle qui n’a jamais vraiment su s’adapter aux années 80. Et pourtant, elle démontre un vrai tempérament de comédienne dans Curiosité châtiée, lequel marque en quelque sorte le début d’une seconde carrière qui se conjugue essentiellement à la télévision. Au-delà de son maquillage, elle retranscrit parfaitement par sa gestuelle et ses mimiques le grand âge de son personnage. Elle est bluffante de vérité et l’atout majeur de cet épisode.

Fin de saison oblige, l’heure du bilan s’impose. Force est de reconnaître que Les Contes de la crypte n’a rien perdu de son mordant en 4 ans d’existence, et que si la série n’est pas à l’abri d’épisodes décevants (A mourir de rire, Le Tatouage) les moins bons restent finalement ceux qui étaient promis à une autre série plus orientée action. Encore aujourd’hui, la série apporte un mauvais esprit salutaire qui en fait un incontournable de la télévision américaine, dont on dit qu’elle pourrait revenir sous une nouvelle forme, chapeautée par M.Night Shyamalan. Pas forcément une bonne nouvelle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.