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Masters of Horror 2-12 : George le cannibale – Peter Medak

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Masters of Horror. Saison 2, épisode 12
The Washingtonians. 2007

Origine : Etats-Unis / Canada
Genre : Horreur
Réalisation : Peter Medak
Avec : Jonathon Schaech, Venus Terzo, Myron Natwick, Duncan Fraser…

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Jusqu’à présent, je ne me suis pas montré très tendre avec les Masters of Horror auxquels je reproche dans la majorité des cas la faiblesse des scénarios, la médiocrité des traitements et un usage abusif du gore pour le gore. Je leur reconnais néanmoins un mérite, celui de rappeler à notre bon souvenir des réalisateurs devenus trop rares. Ce fut par exemple le cas de Larry Cohen lors de la première saison et c’est celui de Peter Medak pour cette seconde fournée. Moins connu des amateurs de cinéma fantastique que le réalisateur du Monstre est vivant, Peter Medak a toutefois contribué au genre à l’occasion de L’Enfant du diable -une intrigante histoire de fantômes- pour le meilleur et de La Mutante 2 pour le pire. Mais c’est dans le domaine du polar que le sieur s’est le plus brillamment illustré avec notamment l’incroyable Romeo is bleeding, l’un si ce n’est le meilleur rôle de Gary Oldman. Avec cet épisode des Masters of Horror, il s’essaie à l’humour noir dans un style très proche d’une autre série horrifique -et bien meilleure selon moi- Les Contes de la crypte.

Accompagné de sa femme et de sa fille, Mike Franks revient sur les lieux de son enfance à l’occasion de l’enterrement de sa grand-mère. En farfouillant dans la maison de celle-ci, il retrouve un tableau représentant George Washington, le père fondateur des Etats-Unis, et dont la chute malencontreuse révèle la présence d’un curieux mot assorti d’une fourchette en os au dos de la toile. A la lecture du petit mot, Mike et sa femme demeurent interloqués : George Washington aurait été cannibale !

Co-écrit par le comédien Jonathon Schaech, George le cannibale revisite l’histoire des Etats-Unis sur un mode humoristique. Pour les scénaristes, il ne s’agit pas tant de remettre en question un grand homme de l’Histoire américaine que d’évoquer par l’absurde cette vérité propre à tous les pays : chaque nation est née sur un monceau de cadavres. En l’occurrence ici, des cadavres d’enfants dont ce bon vieux George était particulièrement friand. D’un cannibalisme de circonstance -George Washington et ses hommes se sont mis à manger les cadavres des soldats morts alors qu’ils se retrouvaient sans vivres lors d’un affrontement contre l’armée britannique- il est passé à un cannibalisme permanent, le premier président des Etats-Unis ne pouvant dés lors plus se passer de chair humaine. Cette voracité est aussi une manière symbolique d’évoquer les us et coutumes des hommes politiques qui ne font rien qu’à s’entre-dévorer les uns les autres pour obtenir le pouvoir suprême. Et le clin d’œil final -le portrait de George W. Bush succède à celui de George Washington sur les dollars américains- démontre une volonté des auteurs de traiter en creux de leur époque, celle d’un président décrié de par le monde et qui, par ses actions inconsidérées et son puritanisme, cannibalise en un sens la vie de ses concitoyens. L’image de la gentille grand-mère de Mike qui s’avère être une insatiable mangeuse d’hommes renvoie également au 43e président des Etats-Unis, lequel cache derrière le faciès affable d’un simple gaffeur le visage d’un dangereux va-t’en-guerre. Mais au-delà de cet aspect satirique, Peter Medak réalise surtout un épisode décomplexé et enjoué sur les affres d’une famille confrontée à une confrérie de cannibales, tous adorateurs de ce brave George Washington. Un restaurant entier qui observe avec gourmandise la fille des Franks, des doigts coupés dans un bol de céréales ou encore un banquet pantagruélique en costumes d’époque à base de chair humaine, constituent entre autres choses les réjouissances d’un épisode plus porté sur une horreur colorée que traumatisante. Emboîtant le pas à Amy, la fille de Mike et Pam qui a peur de son ombre, Peter Medak réalise son segment comme s’il était question de l’un de ces récits destinés à effrayer l’assistance lors de veillées nocturnes. Immense et mystérieuse bâtisse, vieillard inquiétant, visites nocturnes, autant d’éléments prompts à mettre les nerfs de la jeune fille en pelote. Peter Medak s’en amuse, n’hésite jamais à en faire trop comme en atteste le final qui voit des hommes du FBI tirer dans le tas lors du banquet des cannibales avant d’effacer toutes traces de leur méfait, comme s’il était question d’extraterrestres.

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Sans être un grand cru, George le cannibale a le mérite d’amuser et de faire passer un agréable moment sans que l’on crie au gâchis. Quant à Peter Medak, la télévision lui a à nouveau offert l’hospitalité pour la réalisation d’un téléfilm qui lui a d’ailleurs permis de retrouver Jonathon Schaech. Le cinéma, il y reviendra plus tard, probablement en 2010, et peut-être qu’à cette occasion, il parviendra à y rester durablement sans ne plus devoir pour cela accepter des propositions ineptes.

Une réflexion sur “Masters of Horror 2-12 : George le cannibale – Peter Medak

  • sam gray

    C’est la seule adaptation d’une nouvelle de Bentley Little, un auteur méconnue en France qui rivalise dans le domaine de l’horreur avec Stephen King. C’est un personnage qui aime se montrer discret, et n’aime pas trop la publicité mais un des meilleurs écrivains d’horreur auquel cet épisode de Masters of Horror ne rend malheureusement pas justice.

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